Découvrez ou redécouvrez le travail de photographes qui ont capté le pouls de l’Amérique, à travers 53 livres photo cultes.
Temps de lecture : 57 min
Moi relou dans un train en train d’interrompre ma meuf pour la 3ème fois en 10 minutes :
– Tu savais que Walker Evans s’était pinté la gueule avec Ernest Hemingway tous les soirs pendant 2 semaines à Cuba ?
– C’est qui Walker Evans ?
– Un photographe américain, l’un des plus grands. Cuba, c’est 1933, il a alors 29 ans. Pendant les années 20, il est tombé amoureux de Baudelaire et de Flaubert, il s’est rêvé écrivain, il a essayé, en vain. En 1933, il fait de la photo depuis 3 ans et on l’envoie 3 semaines à Cuba pour documenter la dictature de Gerardo Machado.
C’est lui Walker Evans :
– BG, Walker.
– Ouais ! Une coupe stylée, on dirait un mec d’aujourd’hui. Et y’a pas que sa coupe qu’est moderne. Sa photographie aussi. Alors que pour moi, c’était juste le gars relou qui photographiait les églises du Sud des États-Unis avec une vue frontale. Je viens de découvrir qu’il est bien plus que ça.
– Okay… Tu n’étais pas juste censé « transformer ton road trip aux États-Unis sur insta en un article de blog » ? (voir sur instagram)
– Ouais… Mais Walker Evans, c’est un oubli, je suis obligé de l’ajouter. C’est comme si je parlais de la France sans citer Raymond Depardon, tu vois ?
– D’accord…
– Bon… En tout, y’aura 53 livres photo. J’ai limité à un livre par photographe. Je dois réécrire un peu parce que tu vois… le blog c’est pas instagram. Je vais aussi ajouter des liens d’articles, de podcasts, de vidéos, pour les lecteurs qui veulent aller plus loin. Et surtout, faut que je trouve les photos en top qualité parce que tu vois… le blog c’est pas instagram.
– D’accord…
– Je pense aussi classer les livres photo selon la date à laquelle les images ont été prises. L’article démarrerait à la fin des années 1920 avec Walker Evans pour finir près d’un siècle plus tard. T’en penses quoi ?
– Super idée ça.
– Bon, je retourne à Walker Evans.
– Et moi à ma série.
Après tellement plus de travail que je ne l’avais imaginé, l’article est fin prêt.
Bonne lecture.
Walker Evans : American Photographs
Vous avez sans doute déjà vu ces deux célèbres portraits de fermiers que Walker Evans (1903-1975) a réalisés pendant la crise économique des années 1930. Mais Evans, c’est bien plus que ça. Derrière un regard humaniste et en apparence neutre se cache un vrai rebelle.
Le contexte de ces portraits : en 1936, Evans est engagé par la Farm Security Administration (FSA) pour une mission photographique sur les ravages de la crise aux États-Unis, afin de mobiliser les citoyens.
L’idée de propagande par l’image le révulse. Il profite de l’occasion pour réaliser un travail personnel, qui donnera lieu en 1941 à un livre inclassable, Let Us Now Praise Famous Men (« Louons maintenant les grands hommes »), dont le texte est écrit par l’écrivain James Agee (futur scénariste du film culte La Nuit du chasseur).
Le style photographique d’Evans est difficile à définir. Lors d’une conférence à l’Université de Yale en 1964, il le décrit lui-même comme « documentaire lyrique ». Sa photographie est souvent qualifiée du terme un peu fourre-tout de vernaculaire.
C’est quoi le vernaculaire ? L’historien Clément Chéroux en a une définition simple :
« Le vernaculaire, c’est tout ce qui n’est pas d’art. C’est la photographie de cartes postales, la photographie de catalogue, la photographie amateure, la photographie d’architecture… »
Interview de Clément Chéroux dans l’émission d’Entrée Libre qui s’intitule Walker Evans, une histoire américaine
Ainsi, lorsqu’Evans photographie un bureau de poste au fin fond de l’Alabama, il le fait à la manière d’un photographe d’architecture.
Lorsqu’il photographie la rue principale d’une petite ville de Pennsylvanie, il le fait à la manière d’un photographe de cartes postales.
Avec son « style documentaire » en apparence neutre, Evans refuse d’esthétiser son sujet. Il fait de l’art, tout en faisant mine de ne pas en faire.
De lui, Henri Cartier-Bresson disait :
« Sans le défi que représentait l’oeuvre de Walker Evans, je ne pense pas que je serais resté photographe. »
Citation reprise dans l’article Henri Cartier-Bresson et Walker Evans sur le site de la fondation HCB
Evans est l’un des photographes les plus influents du 20ème siècle, tout comme l’est son livre American Photographs, publié en 1938. Il rassemble des images prises entre 1929 et 1936, une grande partie pendant son travail pour la FSA.
Ce livre représente la véritable vision d’Evans, contrairement à Louons maintenant les grands hommes qui est plutôt celle de l’écrivain James Agee et se focalise sur le peuple américain face à la crise.
Plus de Walker Evans :
➜ Livre : acheter American Photographs, ou simplement le feuilleter, et voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin. (Les liens amazon sont sponsorisés. Ça ne vous coûte pas plus cher, Amazon touche un peu moins et moi un petit peu.)
➜ Vidéo : voir Gilles Mora à propos de Walker Evans (4 min) sur le site de l’INA. Gilles Mora, l’un des plus grands connaisseurs d’Evans, est invité à la télévision dans l’émission Le cercle de minuit. Il parle du second degré d’Evans. C’est passionnant. Tout cela se passe en 1994 et on voit des mecs fumer la pipe sur le plateau.
➜ Podcast : écouter les deux émissions diffusées dans le podcast de France Culture, Les chemins de la connaissance, en présence de Gilles Mora :
- Épisode 1/2 : Walker Evans : « La nature m’ennuie à mourir, je m’intéresse avant tout à la main de l’homme » (55 min)
- Épisode 2/2 : Walker Evans : « Je ne cherchais rien, les choses me cherchaient, elles m’appelaient vraiment » (40 min)
(Pour les fans hardcore d’Evans)
Ansel Adams : Ansel Adams at 100
Ansel Adams (1902-1984) est un pionnier de la photographie à la chambre grand format. Il a révolutionné la façon de saisir les paysages naturels, en particulier ceux de l’Ouest américain.
Le livre Ansel Adams at 100, publié en 2002 pour le centenaire de sa naissance, est une rétrospective de son travail. Le livre couvre toute sa carrière et rassemble ses photos iconiques.
À la fin des années 1930, Adams a révolutionné la photographie de paysage en co-inventant le zone system.
Le zone system est un procédé qui permet d’exposer une photo avec précision. Le paysage à photographier est divisé en 11 zones, du noir profond au blanc pur. Chaque zone représente un niveau de gris. Cela permet de contrôler les détails dans les ombres et les lumières dès la prise de vue, mais aussi d’ajuster le contraste sur le tirage final.
La photo suivante du parc national de Yosemite, qui date de 1934, est un exemple de l’obsession d’Adams pour la perfection technique, les détails et la lumière.
Pour photographier, Ansel Adams avait installé une plateforme sur le toit de sa voiture. Jetez un coup d’oeil à cette image de 1942 prise dans la vallée de Yosemite, où l’on voit le photographe, alors âgé de 40 ans, préparer sa chambre grand format.
Plus d’Ansel Adams :
Il existe de nombreux livres sur Ansel Adams, Ansel Adams at 100 est pour moi l’un des meilleurs, de par sa grande taille et la qualité de reproduction des images, ce qui permet de bien kiffer sa race.
➜ Livre : acheter Ansel Adams at 100 (2002) et voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin
➜ Instagram : suivre le compte officiel @anseladamsgallery
➜ Vidéo : voir Ansel Adams (5 min) réalisée en 2019 par Elie Maurice de la chaîne youtube Photo Synthèse
Robert Frank : Les Américains
Robert Frank (1924-2019) est l’un des plus grands noms de l’histoire de la photographie, si ce n’est le plus grand, tant il a été influent, notamment par son chef d’oeuvre, Les Américains.
Le livre, publié en 1958, est le résultat d’un voyage à travers les États-Unis que le photographe suisse entreprend entre 1955 et 1956, après avoir reçu une bourse Guggenheim.
Tout a été dit sur ce projet mammouth. Ce qui ne change pas, c’est le nombre d’images : 83, choisies au prix d’un editing brutal réalisé à partir d’une sélection de 27 000 images.
Il en résulte ce livre immense et novateur, Les Américains, un portrait sombre et désespéré de l’Amérique, d’un photographe tout aussi sombre et désespéré.
Son regard unique et si personnel sur la société américaine a marqué des générations de photographes.
Plus de Robert Frank :
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➜ Podcast : écouter une série d’entretiens intitulée Robert Frank ou le documentariste du moi (2h20), diffusée dans le podcast de France Culture, À voix nue :
- Épisode 1/5 : Créateur de hasard (28 min)
- Épisode 2/5 : Le New York de la Beat Generation (28 min)
- Épisode 3/5 : Le cinéma comme intuition (28 min)
- Épisode 4/5 : La place de la mémoire (28 min)
- Épisode 5/5 : Défier les règles de l’art (28 min)
➜ Documentaire : voir Leaving Home, Coming Home (1h25) réalisé en 2004 par Gerald Fox
Gordon Parks : The Atmosphere of Crime
En 1957, Gordon Parks, le premier photographe afro-américain du magazine Life, voyage à travers les États-Unis pour montrer la réalité du crime.
Pendant 6 semaines, il visite New York, Chicago, San Francisco et Los Angeles, et prend des photos en couleur.
Sa série, The Atmosphere of Crime, montre la vie des policiers et des criminels. Parks voulait que les gens comprennent que le crime est lié à des problèmes sociaux et économiques, et pas seulement à des choix individuels.
Les images marquent par leur esthétique cinématographique et donnent l’impression d’être devant Taxi Driver de Scorsese.
Plus de Gordon Parks :
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➜ Instagram : suivre @gordonparksfoundation
➜ Vidéo : voir What Gordon Parks saw (7 min) réalisée par la géniale chaîne youtube Nerdwriter1 (en anglais).
➜ Documentaire : voir A Choice of Weapons: Inspired by Gordon Parks (1h29) réalisé en 2021 par John Maggio pour HBO et inspiré par l’autobiographie de Parks qui s’intitule A Choice of Weapons (1966)
Saul Leiter : Early Color
Tout au long des années 1950, Saul Leiter (1923-2013) a photographié dans son quartier d’East Village à New York.
Des décennies plus tard, ces images ont été regroupées dans un petit livre : Early Color (2006).
Je ne vais pas entrer dans les détails ici. J’ai écrit un article où je parle de sa vie, de sa photographie et de ses influences, notamment celles de la peinture impressionniste française, dont Pierre Bonnard.
- Voici un exemple :
Pour en savoir plus, lisez mon article :
Plus de Saul Leiter :
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➜ Instagram : suivre @saulleiterpage
➜ Documentaire : voir In No Great Hurry – 13 Lessons in Life with Saul Leiter (1h15) réalisé en 2013 par Tomas Leach
Ernst Haas : New York in Color (1952-1962)
En 1952, le magazine américain Life demande à Ernst Haas (1921-1986) de travailler en couleur sur New York, un an après que le photographe autrichien a débarqué aux États-Unis, après avoir quitté une Europe traumatisée par la Seconde Guerre mondiale.
Publié en 2020, le livre New York in Color (1952-1962) témoigne de l’incroyable inventivité de Haas qui explore les possibilités infinies de la couleur et de la pellicule Kodachrome.
Ces images marqueront tout une génération de photographes amateurs et contribueront à faire changer la perception de la couleur en photographie.
Plus de Ernst Haas :
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➜ Instagram : suivre @ernst_haas_estate
➜ Vidéo : Il semble qu’Ernst Haas ait inspiré pas mal de copains youtubeurs :
- Jonathan Bertin et Le meilleur photographe de l’Histoire ?! (10 min)
- Genaro Bardy et Le monde selon Ernst Haas (10 min)
- Thomas Hammoudi et La photo couleur avec Ernst Haas (11 min)
- L’anglaise Tatiana Hopper et Ernst Haas, Painter in a Hurry (11 min)
Diane Arbus : An Aperture Monograph
Diane Arbus (1923-1971) a marqué la photographie du 20ème siècle par ses portraits de personnes marginalisées, le plus souvent dans leur environnement quotidien. Nains, travestis, forains, et autres figures souvent ignorées par la société sont les sujets centraux de son travail.
Arbus ne cherche pas à embellir, mais à révéler la complexité humaine. Son approche directe et sans artifice dérange, mais fascine. Dans les portraits de Diane Arbus, tout le monde est un peu bizarre, comme ce petit garçon tenant un jouet en forme de grenade. Même l’ordinaire est étrange.
Diane Arbus : An Aperture Monograph rassemble ses images les plus puissantes. C’est un livre culte, publié pour la première fois en 1972, un an après le suicide de la photographe. Il est aujourd’hui difficile à trouver.
Plus de Diane Arbus :
➜ Livre : acheter Diane Arbus : An Aperture Monograph (1972) et voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin
➜ Instagram : suivre @diane_arbus
➜ Vidéo : voir « Un secret sur un secret » : Diane Arbus (13 min) sur la chaîne youtube Apprendre·Photo
➜ Podcast : écouter deux émissions de France Culture consacrées à Diane Arbus :
- Diane Arbus, le diable au corps (60 min), diffusée en 2011 dans le podcast L’Atelier de la création ;
- Diane Arbus : « Je crois que j’ai une sorte de don pour percevoir les choses comme elles sont » (65 min), diffusée en 2017 dans le podcast Les Nuits de France Culture.
Dennis Stock : California Trip
Dennis Stock (1928-2010) est un photographe américain connu pour ses reportages sur la culture américaine des années 1950 et 1960 et ses portraits de célébrités : Marilyn Monroe, Audrey Hepburn et James Dean.
California Trip, publié pour la première fois en 1970, documente un voyage de 5 semaines que le photographe a effectué en Californie en 1968.
Dans les images, on sent l’époque et sa vibe de contre-culture, à travers les personnages que Stock rencontre.
Apparaissent entre autres, un gourou de secte, des acteurs au chômage, des naturistes, des hippies, tout un tas d’esprits libres, et bien sûr des surfeurs, c’est la Californie quand même.
Plus de Dennis Stock :
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➜ Article : lire Satanists, Surfers, Hippies and Radicals: Dennis Stock’s California Trip sur le site de Magnum (en anglais)
Ernest Cole : The True America
Ernest Cole (1940-1990) est un photographe sud-africain, célèbre pour avoir exposé les dures réalités de l’apartheid.
Il commence sa carrière comme photojournaliste en Afrique du Sud, mais c’est son livre House of Bondage (1967) qui le fait connaître à l’international. Ce livre montre la brutalité du régime de l’apartheid, faisant de Cole une figure majeure de la photographie documentaire.
The True America est un projet qu’il réalise après son exil aux États-Unis en 1966. Il illustre la vie des Noirs aux États-Unis à la fin des années 1960 et au début des années 1970.
Dans ce livre, Cole tourne son objectif vers les injustices sociales en Amérique, un pays en proie aux luttes pour les droits civiques. Il explore la vie des Afro-Américains, montrant les inégalités, la pauvreté, et la ségrégation toujours présentes, mais aussi des scènes de rue plus légères.
Plus d’Ernest Cole :
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➜ Documentaire : voir Ernest Cole : Lost and Found (1h45) réalisé en 2024 par Raoul Peck
Evelyn Hofer : New York
Evelyn Hofer (1922-2009) est une photographe allemande, connue pour sa photographie documentaire et ses portraits réalisés à la chambre grand format 4 x 5.
Ses compositions sont directes, claires mais pas si simples. Ses portraits sont posés et ses scènes de rue, silencieuses. On sent derrière chaque image une réflexion approfondie sur la lumière, la composition et l’atmosphère.
New York, publié par Steidl en 2018, rassemble les images qu’Hofer a faites dans la ville dans les années 1960, une ville en pleine transformation, mais sans chercher à capturer son agitation.
Plus d’Evelyn Hofer :
➜ Livre : acheter New York (2018) ou simplement le feuilleter, voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin
Garry Winogrand : Garry Winogrand
Garry Winogrand (1928-1984) est l’un des plus premiers noms à connaître pour ceux qui s’intéressent à la photographie de rue.
Frank Van Riper du Washington Post le décrit ainsi. Garry Winogrand était « un New-Yorkais avec un franc-parler et à la nature douce, qui avait la voix rauque d’un chauffeur de taxi du Bronx et l’intensité d’un cochon chassant des truffes. »
Jetez un coup d’oeil à cette célèbre vidéo de 1982 où l’on voit l’animal en pleine action.
Sa technique pour devenir invisible dans la rue est son langage corporel qui semble crier : ne faites pas attention à moi, je sais pas du tout ce que je fais avec ce truc entre les mains, et je n’ai vraiment aucune idée de comment il fonctionne.
Le résultat est fantastique. Winogrand approche son Leica si rapidement de son œil que les gens ne savent pas s’ils sont photographiés ou même si une photo a été prise.
La surprise qui se lit dans le regard des gens semble représenter sa propre surprise face aux scènes qu’il a devant lui. Des scènes drôles, étonnantes, absurdes, parfois même choquantes.
Cette impression qu’il participe à la scène plutôt que de la regarder passivement, est renforcée par l’utilisation d’un objectif grand angle, souvent le 28 mm. Tout comme l’est la sensation de mouvement et de dynamisme dans ses images, due à ses cadrages déséquilibrés et ses angles inclinés.
Au cours de sa vie, Winogrand a publié 4 livres :
- The Animals (1969)
- Women are Beautiful (1975)
- Public Relations (1977)
- Stock Photographs: The Fort Worth Fat Stock Show and Rodeo (1980)
Évidemment, tous sont épuisés et introuvables à un prix décent.
Vous pouvez jeter un coup d’oeil au livre intitulé Garry Winogrand, édité lors de la rétrospective au Jeu de Paume en 2014. L’objet est quali et réunit ses photos les plus emblématiques.
Plus de Garry Winogrand :
➜ Livre : acheter Garry Winogrand et voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin
➜ Site internet : consulter celui de la Fraenkel Gallery pas mal fourni en photos de Winogrand
➜ Podcast : écouter Hommage à Garry Winogrand (44min), une émission diffusée en 2014 dans le podcast de Brigitte Patient, Regardez voir, sur France Inter
Susan Meiselas : Prince Street Girls
Susan Meiselas est une photographe américaine née en 1948. Dans ses projets documentaires, elle explore les questions de culture, d’identité et de conflit, souvent à travers un regard profondément humaniste.
Tout son talent se remarque dans la série intitulée Prince Street Girls qu’elle a réalisée dans les années 1970.
Elle photographie des jeunes filles dans le quartier de Little Italy à New York. Sur les images, on voit leur quotidien à travers des moments simples comme jouer dans la rue ou discuter entre copines.
Comme souvent chez Meiselas, des moments intimes révèlent des histoires plus grandes. Dans Little Italy, on entrevoit ce qu’était la vie d’une jeune adolescente qui grandissait à New York dans les années 1970.
Plus de Susan Meiselas :
➜ Livre : acheter Prince Street Girls et voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin
➜ Instagram : suivre @susanmeiselas
➜ Podcast : écouter Susan Meiselas : « Pour moi, voir c’est écouter » (59 min), un entretien réalisé par Caroline Broué pour le podcast Les Masterclasses, diffusé en 2019 sur France Culture
William Eggleston : Election Eve
Le livre Election Eve contient des images réalisées en octobre 1976, un mois avant que Jimmy Carter ne soit élu président des États-Unis. C’est une commande que passe le magazine Rolling Stone à William Eggleston, alors âgé de 37 ans.
Fidèle à lui-même, Eggleston ne prend aucune image ni de Carter ni de ses proches. Uniquement des photos de routes isolées, de voies ferrées, de voitures, de stations-service et de maisons pour la plupart vides.
Jetez un coup d’oeil à cet article si vous voulez en savoir plus sur le William Eggleston. Je décortique notamment ses influences et raconte comme il est devenu cette légende de la photographie.
Plus de William Eggleston :
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➜ Instagram : suivre @egglestonartfoundation
➜ Vidéo : voir Rambling through Eggleston’s Democratic Forest (43 min) où Alec Soth analyse en anglais le travail de William Eggleston : brillant et indispensable
➜ Documentaire : voir By the Ways: A Journey with William Eggleston (1h27) réalisé en 2007 par Vincent Gérard et Cédric Laty
➜ Podcast : écouter l’émission William Eggleston (53 min) provenant du podcast Sur les docks diffusé en 2014 sur France Culture, avec des invités de choix : les photographes Joel Meyerowitz, Martin Parr, Raymond Depardon ; les critiques Régis Durand, Brice Matthieussent, David Campany ; le co-réalisateur du documentaire By the Ways: A Journey with William Eggleston, Vincent Gérard.
Lee Friedlander : Self Portrait
Lee Friedlander est un photographe de rue américain né en 1934. Un grand nom connu pour ses paysages urbains et ses scènes de la vie quotidienne qu’il capture dans des compositions complexes, souvent remplies de reflets, d’ombres ou de cadres dans le cadre.
Souvent, il intègre des éléments visuels inattendus, tels que des miroirs, des vitrines, ou des panneaux de signalisation, qui ajoutent des niveaux de complexité et de profondeur à ses images. Ses photos brouillent ainsi la frontière entre le sujet et son environnement, ce qui crée une sorte de tension visuelle et narrative.
Friedlander ne cherche pas à capturer des moments décisifs ou à faire des déclarations sociales évidentes. Au contraire, il se concentre sur la banalité du quotidien, qu’il transforme en compositions visuellement intrigantes.
Comme ici :
Dans cet article, je mets en avant une autre partie de son travail, qui pour moi n’a pratiquement pas d’équivalent dans l’histoire de la photographie – si ce n’est peut-être Vivian Maier, – ses incroyables autoportraits.
Au sujet de ses autoportraits, Friedlander dit :
« Au début, ma présence sur mes photos était fascinante et dérangeante. Mais au fur et à mesure que le temps passait et que je faisais de plus en plus partie d’autres idées, j’ai pu ajouter un petit tressaillement à ces sentiments. »
Son apparence peut être observée par des ombres, des miroirs et parfois même plus directement réfléchie à travers l’objectif de son appareil photo.
Self Portrait, sorti en 1992, rassemble ces images. C’est un livre mythique.
Aujourd’hui, à 90 ans passés, Friedlander continue obsessionnellement à se photographier. Probable qu’il rende son dernier souffle en prenant un ultime selfie.
Plus de Lee Friedlander :
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➜ Instagram : suivre @leefriedlanderarchive
Joel Meyerowitz : Cape Light
Je vous raconte vite fait l’histoire derrière le livre culte Cape Light.
En 1976, Joel Meyerowitz achète une chambre Deardorff en bois, utilisée au 19e siècle par les photographes paysagistes. Il y fixe un grand angle.
L’été suivant, il part avec sa famille à Cap Cod, au Nord-Est de New York. Dans le logement prêté par un ami, il installe un plan-film, pose le tissu noir sur la tête et ouvre l’obturateur. Sur le verre dépoli, il voit l’intérieur de la maison. L’excitation le gagne.
Plus tard, il imprimera cette photo en format géant, 5 mètres sur 6. Le négatif, immense, a capté chaque détail : la lumière douce et les verticales parfaites des portes et des murs.
Pendant deux étés, Meyerowitz ne quittera plus la chambre Deardorff. Dans sa voiture, elle est sur le siège arrière. Sur la plage, sur son épaule. Partout où il va, elle est là. Toutes ces années dans la rue avec son petit Leica l’aident.
Deux ans plus tard, en 1978, il publie son chef d’œuvre Cape Light, recueil de photographies prises à Cap Cod avec la chambre Deardorff.
Si vous voulez tout savoir sur Joel Meyerowitz, jetez un coup d’oeil à mon article :
Plus de Joel Meyerowitz :
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➜ Instagram : suivre @joel_meyerowitz
➜ Podcast : écouter l’émission Joel Meyerowitz : « Pour moi, la photographie est le véhicule de mon existence » (25 min) provenant du podcast L’invité culture diffusé en 2018 sur France Culture.
Vivian Maier : The Color Work
Publié en 2018, The Color Work rassemble les photos en couleur de Vivian Maier (1926-2009), une part méconnue de son travail.
La photographe teste la couleur dès les années 1950. Dans les années 1970, elle abandonne définitivement le noir et blanc après avoir acheté un Leica.
Ses photos, prises dans les rues de New York ou Chicago, montrent des scènes du quotidien où les couleurs jouent un rôle central. C’est une partie moins connue de l’œuvre de Maier, souvent associée au noir et blanc.
Son travail en couleur est remarquable, avec un humour à la Martin Parr et une poésie à la Saul Leiter. Et toujours, ce fabuleux sens du cadrage.
Si vous voulez tout savoir sur la vie de Vivian Maier, jetez un coup d’oeil à mon article. J’y détaille des sujets rarement abordés, comme sa personnalité et ses influences.
Plus de Vivian Maier :
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➜ Instagram : suivre @vivianmaierarchive
➜ Podcast : écouter l’émission L’invention et la découverte de Vivian Maier (58 min) provenant du podcast La Compagnie des œuvres diffusé en 2021 sur France Culture.
Robert Adams : Summer Nights, Walking
Robert Adams est un photographe américain né en 1937. Il est reconnu pour ses travaux sur les paysages de l’Ouest américain, où il explore les effets du développement de la ville et de l’homme sur la nature. Ce qui le rend unique, c’est son approche documentaire alliée à une grande sensibilité esthétique.
Son travail est connu pour être un peu hermétique. Summer Nights, Walking est son projet le plus accessible.
Ces nuits d’été sont une promenade nocturne dans les rues de Longmont, dans le Colorado, où Robert Adams vivait dans les années 1970.
D’abord banales, voire austères, les images livrent leurs secrets à ceux qui prennent le temps de les observer. Elles déçoivent si l’on attend d’elles une signification évidente.
Publiée pour la première fois en 1985 sous le titre Summer Nights, la série a une nouvelle fois été éditée par les éditions Steidl en 2023.
Plus de Robert Adams :
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➜ Site internet : consulter celui de la Fraenkel Gallery qui présente un bonne part du travail de Robert Adams
Ray K. Metzker : The Photographs of Ray K. Metzker
Ray K. Metzker (1931-2014) est un photographe américain connu pour ses expérimentations fascinantes avec la lumière et les ombres.
Influencé par le modernisme, il se distingue par son utilisation innovante du contraste et de la géométrie dans la composition. Son style unique transcende les conventions de la photographie de rue de l’époque, jusqu’à créer des images presque abstraites.
Admirez ce clair-obscur mettant en scène un marin.
La maîtrise formelle de l’image est frappante. Le contraste entre la lumière intense et le noir omniprésent capte l’attention. Tout comme l’unique sujet. La tête inclinée du marin, au moment où il entre dans l’ombre, apporte une émotion discrète mais palpable.
Le livre The Photographs of Ray K. Metzker est une rétrospective qui couvre plusieurs décennies de son travail, principalement des années 1950 aux années 1980.
Plus de Ray K. Metzker :
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➜ Article : lire Ray K. Metzker et les bonnes images (17 min) sur le blog de Thomas Hammoudi
Stephen Shore : Uncommon Places
Publié à l’origine en 1982, le livre Uncommon Places a donné envie à des générations de photographes de prendre la route et de s’équiper d’une chambre grand format 8×10.
Dans ce livre culte, Stephen Shore, né en 1947, documente les paysages urbains et suburbains des États-Unis, en se concentrant sur le banal du quotidien. Les photos ont été prises entre 1973 et 1981.
Stephen Shore dit :
« Voir quelque chose de spectaculaire et y voir une possibilité photographique n’est pas un grand pas en avant. Mais voir quelque chose d’ordinaire, quelque chose que l’on voit tous les jours, et y voir une possibilité photographique, voilà ce qui m’intéresse. »
Dans une interview pour la Fondation Henri Cartier-Bresson, Stephen Shore commente la photo suivante prise le 13 juillet 1974 sur Holden Street dans la ville de North Adams, dans le Massachusetts.
Stephen Shore dit :
« La photo montre une rue d’une ville industrielle du 19e siècle avec ses bâtiments en briques rouges. On voit surtout où se termine la ville et où commence la campagne. L’image montre exactement la limite entre la ville et la campagne. C’est quelque chose qui m’intéresse et que l’on voit très rarement aussi nettement depuis le sol que sur cette photo de North Adams. »
Extrait de l‘interview filmée de Stephen Shore dans le cadre de l’expo “Véhiculaire & Vernaculaire” à la fondation Henri Cartier-Bresson (5min42)
Plus de Stephen Shore :
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➜ Instagram : suivre @stephen.shore
➜ Vidéo : voir la discussion entre Stephen Shore et Quentin Bajac (58 min), directeur du Jeu de Paume, diffusée sur youtube à l’occasion de la rétrospective Stephen Shore : Véhiculaire & Vernaculaire (2024), à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Bernard Plossu : Western Colors
Le photographe français Bernard Plossu a 20 ans lorsqu’il arrive au Nouveau-Mexique au milieu des années 1960, où il retrouve les décors familiers de son enfance, ceux qu’il voyait dans les westerns avec son père.
Western Colors se concentre sur son travail réalisé dans les années 1970 et 1980. Plossu mêle les tumbleweeds – ces légendaires buissons roulants – aux routes ocres de Monument Valley, en passant par les diners, les stations-service, et une simple paire de boots.
Plossu ne capture pas des lieux ou des sujets précis, mais plutôt des sensations et des impressions, que transcendent les tirages effectués par le procédé Fresson.
Plus de Bernard Plossu :
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➜ Podcast : écouter deux interviews de Bernard Plossu issues des podcasts de Radio France :
- Bernard Plossu, les années américaines (54 min), une émission diffusée en 2023 dans le podcast de France Inter, Les chemins de la connaissance
- Made in USA, la photographie de Bernard Plossu (27 min), une émission diffusée en 2023 dans le podcast de France Culture, Bienvenue au Club
Nan Goldin : La Ballade de la Dépendance Sexuelle
Nan Goldin est une photographe américaine née en 1953, connue pour son travail intime et autobiographique qui aborde des thèmes comme l’amour, la sexualité, la dépendance et la marginalité.
La Ballade de la Dépendance Sexuelle, publié en 1986, est son oeuvre la plus emblématique, l’une des plus importantes du 20ème siècle. Le critique photo Andy Grundberg écrit dans les colonnes du New York Times du 21 décembre 1986 :
« Ce qu’était Les Américains de Robert Frank dans les années 50, La Ballade de la Dépendance Sexuelle de Nan Goldin l’est pour les années 80. »
On est plongé dans la vie intime de Nan Goldin, en compagnie de ses amants et de ses amis, issus du milieu underground et LGBTQ+ de New York.
Nan Goldin ne cherche pas la perfection technique, mais à saisir la vérité de l’instant. Ses images, faites à la lumière ambiante, sont souvent floues et granuleuses, ce qui donne l’impression de plonger dans la vraie vie de la photographe et touche directement au coeur.
Si vous voulez tout savoir sur La Ballade de la Dépendance Sexuelle, je décrypte le livre dans un article :
Plus de Nan Goldin :
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➜ Instagram : suivre @nangoldinstudio
➜ Podcast : écouter deux interviews de Nan Goldin :
- Songes avec Nan Goldin (54 min), une émission diffusée en 2018 dans le podcast de France Inter, L’Heure bleue, présenté par Laure Adler.
- L’autoportait : Nan Goldin (60 min), une émission diffusée en 2006 dans le podcast de France Culture, Les Nuits de France Culture, présenté par Jean Daive.
➜ Documentaire : voir le magnifique Toute la beauté et le sang versé (2h07) réalisé en 2023 par Laura Poitras
Wim Wenders : Written in the West
En 1983, le réalisateur allemand Wim Wenders prépare son film Paris, Texas. Il parcourt l’Ouest américain à la recherche de lieux et de sujets inspirants, équipé d’un appareil photo moyen format 6×7.
Pendant plusieurs mois, il conduit sur les routes du Texas, de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de la Californie, fasciné par l’immensité et la lumière de ces endroits.
Le livre Written in the West sorti en 1987 rassemble ces images.
Plus de Wim Wenders :
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➜ Instagram : suivre @wimwendersfoundation
➜ Vidéo : regarder 3 vidéos youtube :
- The Photography of Wim Wenders (10 min), une vidéo réalisée en 2021 par Tatiana Hopper (en anglais).
- Wim Wenders est dans le Vidéo Club (24 min), une vidéo réalisée en 2023 par Konbini.
- Wim Wenders en 10 minutes (12 min), une vidéo réalisée en 2023 pour l’émission d’Arte, Blow Up.
Richard Avedon : In the American West
Entre 1979 et 1985, le photographe Richard Avedon (1923-2004) a parcouru l’Ouest américain avec une chambre grand format pour capturer les visages et les histoires de gens ordinaires : travailleurs manuels, petits employés, marginaux.
En 6 ans, il a voyagé à travers 17 États et 189 villes, réalisant 752 portraits, du Texas à l’Idaho.
Le photographe a utilisé un fond blanc pour ses portraits, isolant ainsi les sujets de leur environnement et renforçant l’impact de chaque image.
In the American West, qui rassemble ces images, est une oeuvre majeure dans l’histoire de la photographie américaine.
Plus de Richard Avedon :
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➜ Instagram : suivre @avedonfoundation
➜ Podcast : écouter Richard Avedon, bigger than life (59 min), une émission diffusée en 2017 dans le podcast de France Culture, Vies de photographes
Joel Sternfeld : American Prospects
American Prospects (1987) explore l’Amérique des années 1980. Sternfeld, né en 1944, photographie des paysages et des scènes de la vie quotidienne, en révélant des détails surprenants et des contrastes inattendus.
Le photographe combine la beauté des paysages américains avec des éléments de la vie moderne, souvent avec une touche d’ironie. Il a un regard à la fois critique et poétique sur les transformations sociales et environnementales des États-Unis.
Plus de Joel Sternfeld :
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➜ Instagram : suivre sternfeldarchive
Raymond Depardon : Depardon USA
On ne présente plus Raymond Depardon, l’un des plus grands photographes français, connu pour son approche documentaire et son regard humaniste. Il a eu mille vies. L’une d’elles l’a conduit aux États-Unis, où il est allé plusieurs fois au cours de sa carrière.
Il y a photographié, pour des magazines ou pour lui-même, des moments clés de l’histoire mais aussi des scènes de rue et des paysages plus contemplatifs, emblématiques de l’Amérique.
Le livre Depardon USA rassemble ces images, la plupart prises au cours des années 1980.
Plus de Raymond Depardon :
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➜ Instagram : suivre rdepardon
➜ Podcast : écouter une série d’entretiens intitulée Raymond Depardon, subjectif derrière l’objectif (2h05), diffusée en 2006 dans le podcast de France Culture, À voix nue :
- Épisode 1/5 : Raymond Depardon : « Je suis capable de vivre un temps peut-être un petit peu différent de celui des villes » (25 min)
- Épisode 2/5 : Raymond Depardon : « Au fond de moi, je n’étais pas fait pour être photographe » (25 min)
- Épisode 3/5 : Raymond Depardon : « Rester dans un lieu, ne plus y bouger et construire un film comme ça, à la bonne distance » (25 min)
- Épisode 4/5 : Raymond Depardon : « Dès qu’il y a photographie, il y a prise de cadre, moment choisi, un engagement » (25 min)
- Épisode 5/5 : Raymond Depardon : « Je suis très passé et très avenir. Je suis maladroit dans le présent. » (25 min)
Bruce Gilden : Facing New York
Tous les photographes de rue ont leur avis sur Bruce Gilden, le spécialiste du flash dans la tête des gens. Certains trouveront son approche dérangeante. D’autres, comme moi, estiment que dans ses images, on « sent » bien la rue et qu’au final, il ne fait rien de mal – c’est juste une photo, les gars !
NewYork lui va comme un gant, Bruce Gilden étant fasciné par les « personnages ».
Le photographe arrive à saisir l’énergie des rues new-yorkaises mais aussi son humanité derrière les apparences.
Gilden ne cherche pas à embellir ou à idéaliser, mais plutôt à témoigner de la réalité brute de la vie quotidienne.
Sorti en 1992, le livre Facing New York rassemble toutes ces images.
Plus de Bruce Gilden :
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➜ Instagram : suivre bruce_gilden
➜ Podcast : Écouter Bruce Gilden (11 min), une émission diffusée en 2012 dans le podcast de France Culture, Mon œil !, présenté par Amaury Chardeau, où le photographe témoigne de son rapport intime à son métier.
Bruce Davidson : Subway
Bruce Davidson est un photographe américain né en 1933. Il est très fort pour s’immiscer dans les communautés ignorées et à la marge.
Dans les années 1980, il réalise une série dans le métro de New York, Subway, publiée pour la première fois en 1986 par Aperture.
C’est un choc.
Non seulement pour l’aspect documentaire d’un moment particulier de New York. (À cette époque, le métro est un lieu dangereux, où la criminalité est omniprésente.)
Mais aussi pour son esthétique qui emporte tout. Avec son appareil photo et un flash puissant, Davidson saisit des scènes hallucinantes et révèle l’énergie brute et chaotique d’un endroit qui s’est depuis assagi.
Plus de Bruce Davidson :
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➜ Instagram : suivre brucedavidsonphoto
➜ Podcast : écouter New York avec Bruce Davidson (59 min), une émission diffusée en 2015 dans le podcast de France Culture, Continent musiques.
Jamel Shabazz : Back in the Days
Jamel Shabazz est un photographe américain né à Brooklyn en 1960. Il a pas mal bossé sur les minorités aux États-Unis : noires, latinos et LGBT. Ses images, souvent joyeuses, célèbrent l’identité et le style de ces communautés.
Dans Back in the Days, on plonge à New York au tout début du hip-hop dans les années 80, bien avant les millions de dollars que brassent aujourd’hui cette industrie.
Avec son appareil photo, Shabazz documente cette émergence. On voit la jeunesse de l’époque, vêtue de sneakers, de casquettes Kangol et de chaînes en or. Le photographe immortalise non seulement un style devenu emblématique et une esthétique, mais aussi un moment culturel important.
Le livre Back in the Days (2002) est une référence qui montre la naissance d’un mouvement qui façonne le paysage culturel mondial.
Plus de Jamel Shabazz :
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➜ Instagram : suivre jamelshabazz
Jeff Mermelstein : SideWalk
Jeff Mermelstein est un photographe américain né en 1957. Sidewalk (« Trottoir »), publié en 1999, présente le meilleur de ses photos de rue réalisées à New York dans les années 1990.
Son travail combine le hasard de la rencontre avec un humour qui fonctionne, chose suffisamment rare dans la photo de rue pour le signaler.
Plus de Jeff Mermelstein :
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➜ Instagram : suivre jeffmermelstein
Philip-Lorca DiCorcia : Hustlers
La série Hustlers de Philip-Lorca DiCorcia met en lumière la réalité des travailleurs du sexe masculin à Hollywood, dans les années 1990.
Entre 1990 et 1992, DiCorcia a passé deux ans à parcourir Hollywood pour trouver ses sujets. Bien que les photos semblent spontanées, il a soigneusement sélectionné les lieux et testé la lumière avec son assistant avant de photographier les modèles.
Dans ce quartier de West Hollywood surnommé « Boystown », le photographe a abordé des jeunes hommes pour les convaincre de poser plutôt que de s’engager dans des activités sexuelles rémunérées.
Cette série, financée en partie par une bourse du Fonds national pour les arts, a été au cœur de controverses sur le financement public de l’art. Elle a également alimenté les débats académiques sur le rôle de la photographie dans la représentation de la réalité, DiCorcia jouant avec les notions de mise en scène et de vérité photographique. Ce qui peut faire sourire aujourd’hui à l’heure de l’IA.
Plus de Philip-Lorca DiCorcia :
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Chien-Chi Chang : Chinatown
Chien-Chi Chang est un photographe taïwanais né en 1961.
La série Chinatown raconte l’histoire des immigrants chinois à New York. Depuis l’arrivée des premiers marins chinois à Baltimore en 1785, jusqu’à l’afflux massif de chercheurs d’or au 19ème siècle, les quartiers chinois se sont formés comme refuges face aux émeutes anti-immigration.
Les photos de Chien-Chi Chang montrent la dure réalité de l’immigration : des visages marqués par la fatigue, des rues étroites, des moments de solitude et de lutte. Elles révèlent la résilience des immigrants, luttant pour une vie meilleure.
Les images de Chang montrent la dualité de l’immigration – un lien avec le pays d’origine et un sentiment d’isolement. Elles parlent de sacrifices silencieux, de rêves de prospérité, et célèbrent aussi l’ingéniosité et la résistance des communautés qui vivent loin de chez eux.
Plus de Chien-Chi Chang :
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➜ Instagram : suivre chien_chi_chang
Todd Hido : House Hunting
Entre 1996 et 2001, le photographe américain Todd Hido a pris des photos de maisons la nuit, souvent avec des lumières allumées à l’intérieur, mais sans montrer les gens qui y vivaient.
Les images ressemblent à des scènes de films où l’on se demande ce qui se passe derrière ces fenêtres éclairées. Chaque image, chaque maison, demeure un mystère.
À travers ces moments à la fois calmes et étranges, Hido montre dans House Hunting la solitude et les secrets des banlieues américaines.
Plus de Todd Hido :
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➜ Instagram : suivre toddhido_
Justine Kurland : Girl Pictures
Justine Kurland est une photographe américaine née en 1969. Girl Pictures est une histoire où les filles sont les héroïnes.
Kurland a créé des mises en scène dans des paysages à la fois sauvages et magnifiques, dont l’esthétique fait presque penser à des rêves.
Girl Pictures montre des filles, souvent seules ou en petits groupes, en pleine nature, dans des scènes presque magiques, ou tout du moins hors du temps, comme si les images étaient extraites d’un conte. La photographe explore des thèmes comme la jeunesse, la féminité, la quête de liberté et d’évasion.
Plus de Justine Kurland :
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➜ Instagram : suivre justine4good
Alec Soth : Sleeping by the Mississippi
En 2004, le photographe Alec Soth publie à 34 ans son premier livre intitulé Sleeping by the Mississippi.
Avant cela, le photographe est un jeune homme rêveur et solitaire, qui peine à réaliser ses ambitions créatrices. Grâce à Sleeping by the Mississippi, il devient l’un des plus importants photographes américains.
Si vous voulez tout savoir sur Alec Soth et sur la façon dont il a imaginé Sleeping by the Mississippi, jetez un coup d’oeil à mon article :
Plus d’Alec Soth :
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➜ Instagram : suivre littlebrownmushroom
Mike Brodie : A Period of Juvenile Prosperity
En 2006, voulant rendre visite à un ami, Mike Brodie, né en 1985, saute dans un train qui passe près de chez lui, mais il chope le mauvais. C’est ainsi que commence son errance en train à travers les États-Unis.
La découverte d’un appareil Polaroid derrière un siège lui offre une autre passion : la photographie. A Period of Juvenile Prosperity regroupe ses rencontres de 2006 à 2009, des jeunes vagabonds croisés lors de son périple.
Sur plus de 80 000 kilomètres et 46 États, Mike Brodie photographie sans s’arrêter ces corps et ces visages. Au total, il prendra près de 7 000 photos, qui racontent une génération en quête de sens.
Plus de Mike Brodie :
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➜ Instagram : suivre mikebrodie_thepolaroidkidd
Vanessa Winship : She Dances on Jackson
En 2011 et 2012, la photographe anglaise Vanessa Winship a voyagé dans le Sud des États-Unis, de la Californie à la Virginie, du Nouveau-Mexique au Montana, pour comprendre le lien entre les territoires et leurs habitants. Il en résulte le projet au joli titre, She Dances on Jackson.
Ce projet est une conversation entre paysages et portraits, où chaque image révèle la complexité de la relation entre les lieux et les personnes qui les habitent.
She Dances on Jackson marque une évolution dans le travail de Winship. Bien que son style reste fidèle à son utilisation du noir et blanc et de la chambre grand format, elle démontre ici aussi un grand talent pour photographier les paysages.
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Ronan Guillou : Country Limit
Ronan Guillou (1968-2022) est un photographe français mort bien trop jeune. Il a beaucoup photographié les États-Unis, en particulier les communautés en marge des grandes villes.
Comme dans Country Limit publié en 2015. Le titre est inspiré du panneau « City Limit » qui marque l’entrée dans les villes américaines.
Guillou y mêle la description sociale et l’observation des paysages. Il montre combien les hommes et la nature sont fragiles dans ces zones rurales du fait de l’exigence du monde moderne.
Plus de Ronan Guillou :
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➜ Instagram : suivre ronan_guillou
Gregory Halpern : ZZYZX
L’histoire de la photographie est remplie de photographes qui ont proposé leur propre vision du monde, projetant leurs idées de manière plus ou moins subtile.
Le monde est aujourd’hui plus complexe que par le passé. C’est pourquoi de jeunes photographes tentent de proposer une vision plus nuancée du monde. Qui reflète toutes ses contradictions.
Leur photographie est souvent ambiguë et ouverte à interprétation. Elle ne propose pas de message unique et clair ni d’explications simples ou faciles. En cela, elle serait post-documentaire.
Gregory Halpern est l’un d’eux. ZZYZX, publié en 2016, est un chef d’oeuvre.
Dans ce livre, on plonge dans un monde post-apocalyptique, comme si une catastrophe avait frappé la ville de Los Angeles.
Le bouquin m’a mis une telle claque que j’ai décidé de le décrypter dans un article. Jetez-y un coup d’oeil :
Plus de Gregory Halpern :
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➜ Instagram : suivre gregoryhalpern
Joshua Dudley Greer : Somewhere Along the Line
Entre 2011 et 2017, Greer a parcouru plus de 160 000 km à travers les États-Unis, et s’est arrêté dans des zones périurbaines. Il a observé l’impact des autoroutes sur les paysages et les zones d’habitation qu’elles traversent.
Il en a tiré Somewhere Along the Line.
On y découvre une Amérique en pleine transformation, où l’industrie et la modernité redessinent les paysages naturels. Greer crée des images puissantes, et mêle un regard de sociologue avec une touche d’humour à la Joel Sternfeld je trouve (que j’ai cité avant).
Plus de Joshua Dudley Greer :
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➜ Instagram : suivre jdudleygreer
Dirty Harry : Warn’d in vain
Le photographe grec Charalampos Kydonakis aka Dirty Harry a une approche de la photo de rue bien à lui. Il utilise le flash un peu comme le ferait un Bruce Gilden, tout en apportant quelque chose qui lui est propre, plus expérimental et fictionnel.
Warn’d in vain se focalise sur son travail réalisé dans les rues de New York entre 2014 et 2017.
En 2021, Dirty Harry évoquait sa pratique dans un post instagram :
« J’ai arrêté d’utiliser des zooms et je me suis mis à photographier avec des objectifs fixes et un flash en 2009 :
- un objectif Canon EF 28 mm, f/2.8
- un objectif Canon EF 28 mm, f/1.8
Les deux objectifs sont corrects, mais pour moi la différence de prix ne vaut pas le coup, car à l’époque où je les ai achetés, je ne photographiais qu’avec un flash, donc la plus grande ouverture ne faisait aucune différence.
Le f/1.8 a cependant une construction plus solide, j’ai cassé la bague de mise au point du f/2.8 lors d’une nuit un peu trop arrosée. »
Voir le post instagram d’upphotographers dans son élément
Tirez-en les conclusions que vous voudrez.
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➜ Instagram : suivre dirtyharrrry
Khalik Allah : Souls Against the Concrete
Ça fait pas mal de temps que Khalik Allah est connu dans le petit monde de la photo de rue. Au début des années 2010 déjà, son nom circulait pas mal sur les forums spécialisés, aujourd’hui disparus.
Le sujet est fort : les marginaux et les laissés-pour-compte qui peuplent l’angle de la 125e rue et de l’avenue Lexington à Harlem. Des hommes et des femmes qui se défoncent au K2, un cannabis de synthèse 100 fois plus puissant que la marijuana.
Son esthétique aussi. Le matériel ne fait jamais un photographe, mais en même temps il le fait. Khalik embarque un vieux Nikon F2 des années 1970 et une pellicule conçue pour le jour, la Kodak Portra 160.
La nuit, elle peine, même en ouvrant à fond le diaphragme de son objectif, un Nikkor 55 mm 1.2. La seule lumière disponible provient des vitrines, des lampadaires, des véhicules et des ambulances qui passent.
C’est de là que vient le style si personnel de Khalik Allah.
Si vous voulez savoir comment Khalik Allah s’est émancipé du travail des plus grands photographes de rue pour trouver son propre style, jetez un coup d’oeil à mon article :
Plus de Khalik Allah :
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➜ Instagram : suivre khalik_allah
Josef Hoflehner : Roadside America
Josef Hoflehner est un photographe autrichien né en 1955.
Roadside America, publié en 2019, est le résultat d’une décennie de travail, de 2007 à 2017. Le photographe a parcouru les routes américaines, des déserts de l’Utah aux villages de l’Arkansas, en passant par la Californie.
Josef Hoflehner dit :
« J’aime les espaces vides. Je préfère le mauvais temps. J’adore la neige, la glace… et les arbres. »
Il est aussi fort pour traduire en images l’impact de l’homme sur son environnement sans jamais montrer une seule personne.
Plus de Josef Hoflehner :
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Matt Black : American Geography
Matt Black est un photographe américain né en 1970. Son travail se concentre sur les inégalités sociales et économiques aux États-Unis, qu’il documente en noir et blanc – un noir et blanc très contrasté.
De 2013 à 2020, le photographe a parcouru 46 États et plus de 150 000 km pour montrer l’Amérique invisible. Pour cela, il s’est rendu dans les coins les plus pauvres des États-Unis, des villes en déclin et des zones rurales dont les médias ne parlent jamais.
Il en résultat le livre American Geography dont certaines images sont devenues instantanément cultes.
American Geography est disponible en version française aux Éditions Xavier Barral/Atelier EXB.
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Jake Reinhard : Laurel Mountain Laurel
Jake Reinhard est un jeune photographe américain originaire de Pennsylvanie. Il est titulaire d’une licence en sociologie et d’un doctorat en droit de l’université de Pittsburgh.
Dans Laurel Mountain Laurel, publié en 2021 par les éditions Deadbeat Club, il explore la région de la Rust Belt (« ceinture de la rouille »), à travers des photos prises dans le Sud-Ouest de la Pennsylvanie.
On y voit des images de maisons abandonnées, d’usines envahies par la végétation et de voitures brûlées, tout ça pour montrer le déclin post-industriel de la région.
Le livre aborde les thèmes du déclin industriel mais aussi de la solitude et du passage du temps. Son titre Laurel Mountain Laurel est un palindrome, sans doute pour refléter l’idée que le temps est cyclique : la fin est le début, et vice-versa.
Reinhart trouve aussi de la beauté dans cette décadence, en montrant des moments de tendresse et d’humanité au milieu de la désolation.
Les rails de chemin de fer, omniprésents, rappellent une industrie disparue, tandis que les fleurs qui éclosent peuvent symboliser la renaissance.
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Bryan Schutmaat : Grays The Mountain Sends
Bryan Schutmaat est un photographe américain né en 1983. Son travail se concentre sur l’Amérique rurale, qu’il photographie avec un regard d’une grande sensibilité.
Dans Grays The Mountain Sends, publié en 2013, il explore les villes minières déclinantes de l’Ouest américain.
Il combine paysages, natures mortes et portraits. Ses portraits de travailleurs sont formidables.
Plus de Bryan Schutmaat :
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Alessandra Sanguinetti : Some Say Ice
Alessandra Sanguinetti est une photographe américaine née en 1968. Elle grandit et fait ses études en Argentine. En 1999, en Argentine, elle rencontre deux fillettes, Guillermina Aranciaga et Belinda Stutz, qu’elle commence à photographier.
De cette rencontre, il en résultera deux livres pour lesquels elle est célèbre : The Adventures of Guille and Belinda and The Enigmatic Meaning of Their Dreams (2010) et The Ilusion of an Everlasting Summer (2020).
Quant à Some Say Ice, c’est un projet qu’elle a fait aux États-Unis, dans la petite ville de Black River Falls, dans le Wisconsin.
Pourquoi s’est-elle rendue là-bas ? Tout part de Wisconsin Death Trip, un livre photo qu’elle découvre dans son enfance. Ce livre documente les difficultés des habitants de cette région au 19ème siècle. C’est la première fois qu’elle voit des images de la mort. Elle en est fortement marquée.
En 2014, Alessandra Sanguinetti démarre le projet qui deviendra Some Say Ice.
Il n’y a aucun texte dans le livre, ce qui nous pousse à imaginer. Ce que je peux dire, c’est qu’on a l’impression d’être plongé au milieu d’une sorte de rêve étrange. Je ne sais pas si c’est dû à la lumière si particulière ou au contenu des images, qui mélangent éléments gothiques, moments de tendresse et une sorte de mélancolie latente.
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Robbie Lawrence : Blackwater River
Pourquoi ce titre, Blackwater River ? Regardez une carte des États-Unis. Dans le Sud-Est du pays, dans l’État de Géorgie, le fleuve Ogeechee est appelé localement « Blackwater River » (la rivière aux eaux noires). Son nom vient de ses eaux, sombres comme du verre noir, qui dissimulent tout ce qui se trouve sous la surface.
En novembre 2017, le photographe Robbie Lawrence né en 1988, accompagné de l’écrivaine Sala Patterson, se rend dans la région côtière entre la Géorgie et la Caroline du Sud, près de l’endroit où la rivière Ogeechee se déverse dans l’océan Atlantique.
Leur objectif est d’exprimer, à travers un lieu unique, les problématiques qui agitent les journaux et les divisions politiques aux États-Unis, notamment le racisme et la religion.
Blackwater River retrace aussi leurs rencontres marquantes et leurs réflexions plus ou moins abstraites et symboliques.
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Ian Bates : Meadowlark
Ian Bates est un photographe américain, né en 1989.
Meadowlark (2020) est un projet photo sur les grands espaces vides de l’Ouest américain. Bates a passé des années à conduire à travers ces paysages étendus. Il a souvent dormi dans sa voiture, guidé par une passion et une patience rares.
Son travail s’inspire d’un oiseau emblématique de la région, la sturnelle de l’ouest (« western meadowlark »), qui donne son nom au projet. L’oiseau reste insaisissable tout au long du livre, n’apparaissant qu’une seule fois, sous la forme d’un dessin sur un morceau de bois.
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Matthew Genitempo : Jasper
Matthew Genitempo est un photographe américain né à Houston en 1983. En 2016, il se trouve dans les Monts Ozarks, à la frontière de l’Arkansas et du Missouri. Il fait la connaissance d’hommes qui ont choisi de vivre seuls au fond des bois.
Pendant des mois, le photographe partage leur quotidien. Il apprend à les connaître, chaque jour un peu plus, s’adapte patiemment à eux et à leur univers. Il en résulte ces images d’étendues sauvages et ces portraits sensibles.
Plus de Matthew Genitempo :
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➜ Instagram : suivre genitempo
Curran Hatleberg : River’s Dream
Curran Hatleberg est un photographe américain né en 1982. En 2022, il publie River’s Dream, un voyage à travers l’Amérique pendant les chaudes journées d’été. On ressent la chaleur étouffante, l’humidité dégoulinante, la végétation luxuriante et les insectes hurlants.
Hatleberg a voyagé dans tout le pays, guidé par son intuition, au gré des gens qu’il rencontrait. Il en résulte ces images à la fois familières et étranges, où le quotidien prend des airs surréalistes.
Plus de Curran Hatleberg :
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Rahim Fortune : I Can’t Stand to See You Cry
Printemps de covid 2020. Rahim Fortune, un jeune photographe américain de 26 ans, balance ses affaires dans un camion de déménagement et quitte son appartement new-yorkais, direction le Texas et la ville d’Austin d’où il est originaire.
Il revient dans la maison familiale s’occuper de son père. La maladie de Charcot dont il est atteint s’est aggravée les semaines précédentes. Sur place, Rahim photographie ses proches face au deuil imminent ainsi que ses amis d’enfance. Les portraits qu’il fait dégagent tendresse et vulnérabilité, tout en évitant le côté larmoyant. C’est fort. Mais le livre est plus que ça.
Son histoire personnelle se mélange au contexte social. En fond, la pandémie incertaine, les troubles sociaux suite aux violences policières. Rahim photographie sa ville entre fiction et réalité. Bien qu’Austin soit en cours de gentrification, le photographe porte son regard ailleurs, se concentrant sur des choses qui, selon lui, illustrent le mieux la culture de la ville.
Voici ce qu’il en dit :
« Si vous alliez à Austin, vous ne verriez pas vraiment mes photographies représentées. Il faut les chercher. »
Le livre est publié aux éditions Loose Joints.
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Vasantha Yogananthan : Mystery Street
Vasantha Yogananthan est un photographe français né à Grenoble en 1985. Mystery Street a pour sujet l’enfance à La Nouvelle-Orléans.
Vasantha y passe trois mois durant l’été 2022. Il photographie des enfants de 8 à 12 ans dans cette ville marquée par l’ouragan Katrina. Les images nous plongent dans leur univers, rempli de jeux et d’innocence, sous le soleil brûlant de la Louisiane.
Plus de Vasantha Yogananthan :
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Mark Power : Good Morning, America
Mark Power est un photographe britannique né à Harpenden en 1958. Pour lui, la photographie est un outil pour explorer les changements sociaux dans le monde, en particulier aux États-Unis, qu’il parcourt depuis 2012.
Good Morning, America est le résultat de cette exploration où se dessine une Amérique en pleine mutation. Quatre volumes ont déjà été publiés. Le 5ème sortira en 2025.
Plus de Mark Power :
➜ Livre : acheter Good Morning, America (volume 4) et voir ses autres livres disponibles sur amazon ou le bon coin
➜ Instagram : suivre marktpower
Conclusion
Ma sélection de photographes qui ont capté le pouls de l’Amérique est forcément subjective. J’ai dû oublier un certain nombre de livres photo. S’il en manque selon vous, dites-le moi dans les commentaires.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, c’était pas mal de taf. Bravo aux courageux qui sont allés au bout.
➜ Après les États-Unis, j’ai d’autres idées de thèmes. Suivez-moi sur instagram pour faire partie de l’aventure : @lephotographeminimaliste
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40 réponses sur « Les États-Unis en 53 livres photo »
Quel travail, et pas seulement, cette confrontation des regards est passionnante, d’autant plus que commençant par les incontournables il y a des découvertes à faire pour qui n’est pas un expert, et il faut y revenir pour en profiter pleinement.
Un travail d’intérêt public, merci !
Mille mercis, Claude !
Bonjour Antoine, j’ai découvert votre blog depuis peu. Superbe travail. Un réel plaisir à revenir sur des articles et en découvrir d’autres.
Imogen Cunningham a traversé le 20ème siècle de la photographie américaine, elle pourrait s’ajouter à votre sélection. Clic clac.
Bonjour Stéphane, merci pour le petit mot. Imogen Cunningham aurait largement pu avoir sa place, c’est vrai. Je complèterai la sélection si je suis motivé (et surtout si j’ai le temps).
Breathtaking !
Quelle magnifique sélection, et quel boulot, bravo! Je découvre quelques photographes et beaucoup d’images que je ne connaissais pas. Merci.
Oh merci beaucoup.
Travail monstrueux, c’est un vrai régal de découvrir ou redécouvrir cet inventaire. Bravo, merci.
Avec plaisir, merci !
Énorme et très intéressant travail. Une bible pour découvrir ou retrouver un photographe. Merci et bravo.
Merci Philippe.
Salut Antoine, et merci énormément pour ce taf incroyable, propre et précis.
Après avoir picoré, je vais maintenant aller plus profondément sur les sites de tous ces gens.
Merci encore de donner envie !
Avec plaisir, merci Yannn !
Remarquable travail à lire et relire. Merci.
Merci Philippe.
Copieux !
J’ai retrouvé là tous les photographes qui m’ont marqué.
C’est intéressant de ressentir l’effondrement qui pourrait devenir un thème en soi. Je suis de plus en plus éco-anxieux.
Susan Sontag en parle dans son bouquin Sur la photographie. Après coup, je me suis aperçu qu’il manquait de grands noms de la photographie américaine.
Toujours aussi passionnants les commentaires et la sélection d’Antoine. Merci de nous ouvrir à la diversité de tous ces talents.
Merci Christine.
Merci pour cet apport de culture et de réflexion. Ça aide à réfléchir sur ses propres motivations.
Je suis content, merci pour le petit mot.
Superbe travail de recherche et compilation. J’ai pris beaucoup de bonheur à découvrir des livres et photographes. C’est vraiment très intéressant et éducatif et d’une grande source d’inspiration.
Je recommande Sixties in Los Angeles de Joey Tranchina ainsi que Leon Levinstein.
Impatient de lire les prochains épisodes!
Leon Levinstein, magnifique. Sixties in Los Angeles de Joey Tranchina, je ne connais pas. Et merci pour le petit mot, Olivier.
J’ai aussi oublié New York de William Klein et le travail en couleur de Frank Horvat sur la même ville regroupé dans Side Walk.
Oui et oui ! 🙂
J’ai oublié le magnifique The Mennonites de Larry Towell !
Aussi.
Quel travail !
On peut ajouter The Bikeriders de Danny Lyon et les livres d’Eugene Richards?
Toutafé, je les note. Merci Dan.
Énorme et magnifique travail, artistique et très éducatif. Merci !
Et surtout, continuez, c’est à chaque fois un vrai bonheur !
Merci Thomas.
Super boulot ! Merci d’avoir compiler une liste si complète.
Je regrette toutefois de ne pas voir Helen Levitt et Mary Ellen Mark.
Ou bien les ai-je manquées?
C’est vrai que Helen Levitt et Mary Ellen Mark auraient leur place. Pour une prochaine mise à jour de l’article, merci Isa.
Epic! There is nothing like a road trip across America with a guide like the wonderful Tony!
Ça me donne envie de citer le philosophe Bernard Lavilliers : “On the road again, again…” (merci Victor)
Bravo super boulot comme d’habitude, toujours un plaisir de vous lire, peut être manque-t-il un bouquin de Weegee, Mary Ellen Mark, Eugene Smith et Elliott Erwitt?
Après, il y a tellement d’excellents photographes américains…
Merci Pierre, vous avez raison, Weegee, Mary Ellen Mark, Eugene Smith et Elliott Erwitt auraient eu carrément leur place. Je note les noms pour une prochaine mise à jour de l’article.
Formidable travail sur la photographie américaine, j’y découvre des merveilles, un immense merci pour cette belle contribution.
Avec plaisir, merci Gilles !
Splendide
Merci