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Photographie narrative

Dans la tête de Stéphane Charpentier

Entrez dans la tête du photographe Stéphane Charpentier, au plus près de son travail, de ses goûts, de ses influences et de son processus créatif.

Temps de lecture : 17 min

Pour en savoir plus sur le concept de l’entrevue : C’est quoi l’entrevueDans la tête” ?

Les réponses sont rédigées par Stéphane Charpentier.

Sommaire

Qui est Stéphane Charpentier ?

Stéphane Charpentier est né en 1976 à Lyon. Il vit aujourd’hui dans les Corbières (Aude).

Il pratique une photographie poétique et existentielle en argentique noir et blanc. Il réalise des films photographiques, des performances image et son, des films d’art courts, et développe des projets regroupant des artistes visuels et sonores, comme le collectif Temps Zero.

Il encadre régulièrement des workshops et des ateliers de photographie.

Ses principaux projets photo

Radiance (depuis 2000)

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

Radiance est une œuvre sans fin en argentique noir et blanc que j’alimente depuis près de 25 ans, régulièrement diffusée sous forme d’expositions et de projections-concerts. Il s’agit d’un film photographique évolutif avec une bande-son live d’Alyssa Moxley.

Cette série présente des images poétiques et énigmatiques captées dans le quotidien, des visions existentielles intenses d’un monde noir mais traversé d’illuminations.

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

Voici un extrait du film photographique Radiance :

The Core (2017)

The Core est composé de photographies extraites de ma série au long cours Radiance.

Stéphane Charpentier - The Core
Stéphane Charpentier – The Core

Ce livre en édition limitée a été publié en 2017 par Void, un éditeur basé à Athènes où je vivais.

Mon travail photographique évoquant souvent nos dualités intérieures, l’idée était de superposer mes photographies sur les pages d’un livre scientifique ancien grec, un traité sur l’atome et la fission atomique.

En plus de cette idée de double et de division, les images représentent nos réalités déshumanisées, une solitude extrême dans un environnement urbain froid et dystopique.

Stéphane Charpentier - The Core
Stéphane Charpentier – The Core

The Eclipse (2022)

Début 2012, je suis parti en Grèce parce que je trouvais intéressant, en tant qu’artiste, de vivre à un endroit qui semblait cristalliser un grand nombre des enjeux actuels : crise économique et sociale, impasse politique, crise des réfugiés, crise du logement, invasion touristique, dérèglement climatique, etc.

Stéphane Charpentier - The Eclipse
Stéphane Charpentier – The Eclipse

Focalisé sur Athènes et la Grèce mais me tenant loin du traitement des actualités, j’ai photographié dans le quotidien en essayant de représenter le monde comme je le perçois, c’est-à-dire dense et chaotique, électrifié, presque contaminé. Je cherchais à faire ressentir ce que les gens éprouvaient dans leur quotidien. L’aliénation. L’épuisement.

Stéphane Charpentier - The Eclipse
Stéphane Charpentier – The Eclipse

En plus de la photographie, j’ai compilé des enregistrements sonores et réalisé plusieurs films courts. J’avais fait le premier voyage avec le musicien Frédéric D. Oberland en imaginant un nouveau projet à la fois visuel et sonore. J’ai ainsi participé à la création du groupe Oiseaux-Tempête, à la conception du premier album, paru chez Sub Rosa fin 2013.

Écouter l’album Oiseaux-Tempête (2013) sur Spotify ou Deezer

Je suis resté vivre à Athènes pendant de nombreuses années, et c’est aussi là que j’ai fréquemment rencontré l’éditrice Céline Pévrier des éditions Sun/Sun. Nous avons travaillé ensemble sur le livre The Eclipse au moment où je quittais le pays, et il a été publié en 2022.

Mais outre le chaos omniprésent dans la première partie du livre, j’ai cherché à tisser une narration qui nous entraîne dans une autre dimension, quasi métaphysique, avec des images nous transportant progressivement ailleurs, plus haut, dans des paysages vierges, naturels et lumineux. Éblouissants.

Stéphane Charpentier - The Eclipse
Stéphane Charpentier – The Eclipse

Partie I : Zoom sur un projet photo de Stéphane Charpentier

Parle-moi d’un de tes projets : Radiance

Radiance est une série sans fin en argentique noir et blanc, comme une grande œuvre que j’alimente en permanence, et je suis toujours en recherche de nouvelles images qui pourraient enrichir cet ensemble.

J’essaie de capturer des photographies symboliques qui traduisent la façon dont je ressens l’existence, cette traversée dans la vie et le temps. C’est porter un regard sur l’homme face à sa véritable nature. C’est comme un voyage cosmique, comme révéler à la fois un monde intérieur et extérieur avec des visions poétiques qui sondent aussi bien l’intemporel que le temps présent. 

Comment le projet a débuté

Alors que je travaillais à la conception visuelle d’un label de la maison de disques EMI Music à Paris depuis 1998, j’étais passionné de photo analogique et j’utilisais des Polaroid SX70 ou 600, et des films argentiques noir et blanc avec un boîtier Nikkormat récupéré dans ma famille.

Mon job était cool, mais je trouvais le business très cynique et injuste. Je suis parti étudier dans une école de photographie à Madrid en 2003 avec l’idée de développer un langage intime.

Cette pratique photographique est devenue centrale, presque une raison de vivre, un outil pour chercher en moi tout en me connectant aux autres… un outil pour voyager, me libérer, m’exprimer, être dans l’expérience du monde.

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

Après Madrid, j’ai vécu dans de nombreux endroits : Toulouse, Paris, New York, puis Lyon, puis Athènes, et à présent en pleine nature dans les Corbières dans le sud de la France. Petit à petit, partout, j’enrichis mon œuvre. Au quotidien et sans préméditation.

Radiance est un œuvre évolutive (dont beaucoup d’images n’ont jamais été publiées), diffusée dans le cadre d’expositions ou de films photographiques, souvent sous forme de projection avec bande-son en concert d’Alyssa Moxley. 

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

L’éditing du projet

L’editing, c’est un sport de combat. En amont, il y a la recherche dans des années de prise de vue, le va-et-vient incessant à fouiller dans les archives, les planches-contacts, un temps fou pour scanner et retoucher des centaines d’images.

C’est un travail d’assemblage éprouvant, composé d’innombrables essais et rectifications, avant de trouver ce qui fait sens, ce qui semble fonctionner pour un projet.

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

Bien sûr, l’approche et le volume d’un editing diffèrent s’il s’agit de préparer une exposition, un livre, de remonter mon film photographique comme je le fais avant chaque nouvelle projection.

Il s’agit toujours de créer une sorte de voyage dans les perceptions, une expérience sensorielle, avec des images qui se répondent, des analogies, des tensions, des rythmes composant une narration abstraite et poétique.

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

Raconte-moi une photo de ce projet

Mes photos n’ont pas de titres, et généralement, je donne peu d’infos. Je ne veux pas documenter, être trop descriptif, tomber dans l’anecdotique. Je cherche justement à laisser les spectateurs se questionner. Mais je peux bien sûr parler individuellement d’une image, comme celle-ci qui a été prise en Russie. 

Stéphane Charpentier - Radiance
Stéphane Charpentier – Radiance

Parfois, le voyage est une sorte de chasse à la photo, mais j’ai toujours besoin de temps pour vivre des choses et ressentir un lieu. Je photographie beaucoup, encore et encore. Je cherche une situation parlante, une rencontre, un instant de grâce où tout se met en place. Il faut de l’énergie, encore et encore. Repousser le doute, la dépression, la solitude. J’opère sans mise en scène car sinon, ça sonne faux. J’essaie d’isoler des situations en évitant ce qui renseigne trop. C’est parfois physique, frontal. Mais je ne veux pas trop être vu – je me cache maladroitement – je vise – ou déclenche sans viser – je dérange – suis presque toujours en retard. La plupart des images seront ratées, forcées, vides. 

C’est l’été 2010 à Saint-Pétersbourg. La nuit tombe. Je choisis un restaurant pour dîner, et tout à coup, un violent orage éclate et le vent soulève tout dehors. Je me glisse dans le bâtiment pour me mettre à l’abri. Je me retourne et déclenche plusieurs fois, là où les clients et les passants se précipitent pour se réfugier à leur tour.

Cette photographie est un bon exemple pour parler des dynamiques de mon travail, car il ne s’agit pas d’une documentation classique de la réalité. On se demande justement de quoi il s’agit. On cherche le sens, le rapport entre cet homme de dos et cette femme comme balayée par un souffle mystérieux.

Il ne s’agit pas d’un document ou d’un portrait qui représente la situation, mais cette image fonctionne par sa poésie et sa dimension symbolique, par tous ses possibles. 

Partie II : Les goûts et les inspirations de Stéphane Charpentier

Un album que tu as beaucoup écouté

OK Computer (1997) de Radiohead, et les albums qui ont suivi. J’écoute souvent des musiciens plus expérimentaux, mais Radiohead est l’un des groupes qui m’a le plus inspiré. Les compositions sont intenses et magnifiées par les textes déstructurés de Thom Yorke, comme de l’écriture automatique, comme une retranscription du péril actuel, d’un monde qui semble s’auto-détruire par son expansion insensée. 

Écouter l’album sur Spotify ou Deezer.

Un roman qui a éveillé quelque chose en toi

C’est impossible de citer juste un livre.

J’ai été très marqué par des essais spirituels comme Le symbolisme du corps humain (1984) d’Annick de Souzenelle ou un enseignement pour les moines bouddhistes : Bodhicaryavatara – La marche de l’éveil.

Je ne lis pas de romans, mais j’aime beaucoup les journaux d’artistes : Le temps scellé (1985) d’Andreï Tarkovski, Les cahiers de Vaslav Nijinski, Lettres à son frère Théo de Vincent Van Gogh, les livres de témoignages d’Alberto Giacometti…

Un film dont tu te sens proche

Le cheval de Turin (2011), le film ultime de Béla Tarr.

Juste avant l’apocalypse. Je me souviens d’ailleurs d’un podcast sur France Culture où il expliquait que, jeune, il pensait que l’existence était régie par des problématiques d’ordre social ou politique, mais qu’il avait compris en traversant la vie qu’elles étaient en réalité d’un ordre cosmique. Je me sens proche de cette perception. 

Voir Le cheval de Turin sur Allociné.

Où trouves-tu l’inspiration ?

L’inspiration et la créativité prennent naissance dans des énergies de désir. Le désir de traduire en image des consciences intérieures, de saisir la substance symbolique de certaines situations. Le désir de communiquer, de diffuser une pensée.

Si une personne m’inspire, je ne cherche pas à en faire réellement le portrait, mais plus à capter ce que je ressens et ce qu’elle symbolise. J’essaie de révéler une sorte de vérité d’un moment, d’un lieu, d’une personne qui me touche ou dans laquelle je me reconnais…

Il y a le besoin de vivre intensément, le besoin d’être pleinement présent. Et il y a toujours l’espoir d’arriver à transposer cela dans l’image. 

Les photographes qui t’inspirent

J’ai toujours été fasciné par le pouvoir des images, mais je suis souvent plus inspiré par certains cinéastes que par les photographes classiques. J’aimais Koudelka et Klavdij Sluban par exemple.

Josef Koudelka

Klavdij Sluban

Alors j’ai touché à une autre dimension de la photographie quand j’ai découvert des artistes qui l’utilisaient non pour documenter, mais pour transcender la réalité, façonner leur propre univers… comme Robert Frank, Daido Moriyama, Michael Ackerman, et même Miroslav Tichý.

Plus que des photographes au sens primaire du terme, ce sont des artistes avec des visions beaucoup plus sensibles, intérieures et transcendantes.

Robert Frank

Daido Moriyama

Michael Ackerman

Miroslav Tichý

Miroslav Tichý (1926-2011) était un photographe tchèque connu pour ses photos de femmes prises clandestinement avec des appareils photo qu’il fabriquait lui-même à partir de matériaux de récupération.

Par exemple, il pouvait poncer ses lentilles d’objectif avec de la cendre de cigarette et du dentifrice.

Un livre photo sur lequel tu reviens souvent

Je reviens beaucoup aux livres de proches, comme ceux de Michael Ackerman, Damien Daufresne, Alisa Resnik, Gabrielle Duplantier…

Pour aller plus loin : Vous pouvez lire mon article Dans la tête de Gabrielle Duplantier.

Et récemment, j’ai eu la chance de découvrir les livres-objets uniques et sublimes de Juanan Requena.

Mais si tu me demandes de n’en garder qu’un, je dirais Soledades (2024) de Gilles Roudière qui vient de paraître aux éditions Lamaindonne.

Voir le livre Soledades aux éditions Lamaindonne.

Partie III : Le processus créatif de Stéphane Charpentier

Qu’est-ce qui vient en premier chez toi : l’idée d’un projet ou bien des photos individuelles qui suggèrent un concept ?

Les deux approches peuvent fonctionner. Je peux, par exemple, imaginer en amont un projet autour d’un lieu, d’un pays. Mais jusqu’à présent, j’étais plutôt dans des temps de travail longs, avec des images individuelles rassemblées, car captées au fil des années et dans de nombreux endroits.

Quels éléments clés doivent être présents lorsque tu crées un projet photo ?

Quand j’imagine un nouveau projet photographique, je vais plutôt tourner autour d’une connexion très personnelle. Je vais définir le sujet à partir d’idées symboliques, de ressentis et d’envies poétiques. 

Comment considères-tu la création d’un projet qui fait sens par rapport à la réalisation d’une grande photo individuelle ?

Moi, je parle plutôt de visions. Quand on parle d’un photographe artiste, la vraie clé c’est de savoir si sa vision est puissante, originale, sincère.

Cela ne vient généralement pas d’une seule image, parce qu’il s’agit plus de créer un univers composé de multiples visions. Ce qui fait aussi sens pour moi, c’est que le sujet ou la sève d’un travail corresponde réellement à la personnalité de son auteur.

Comment définir une bonne photo ? C’est presque un miracle. C’est une image qui nous questionne. Une image vers laquelle on revient toujours, et qu’on regarde sans en faire le tour. Les grandes œuvres d’art ont ce potentiel, mais c’est rare.

Et puis nous sommes tellement saturés de photos, d’informations, que tout nous épuise. Je pense que c’est mieux de diffuser moins, quitte à répéter les photographies, à revenir à leur dimension iconique.

Quelle relation entretiens-tu avec le concept de beauté en photographie ?

La beauté d’une image ? Une hypnose. Un vertige. Pour moi la création est sacrée. Et la beauté serait une forme de vérité.

As-tu ce que l’on appelle un « style photographique » ?

Oui, je suis dans le mouvement de « la photographie qui tremble ». Ah ah.

C’était d’ailleurs le sous-titre de l’exposition collective Eyes Wild Open à laquelle j’ai participé au Musée du Botanique de Bruxelles. Cette exposition retraçait, sous un spectre historique, un mouvement né d’un usage photographique introspectif, mais aussi d’une façon créative d’être au monde.

Voir le livre Eyes Wild Open : Sur une photographie qui tremble (2018), sous la direction de Marie Sordat et publié chez André Frère

Comment définirais-tu ton approche sur un continuum qui irait de complètement intuitif à intellectuellement formulé ?

Sans doute un peu des deux. L’intuitif, l’instinct : surtout à la prise de vue. Le doute, la reformulation intellectuelle, les prises de tête, c’est pour la post-production et l’editing ! 

Comment définirais-tu ta photographie sur un continuum qui irait de document scientifique à poésie abstraite ?

Poésie abstraite. La photographie nous connecte à ce qui nous entoure, attise nos regards et nos sensations. En captant ces fractions de temps qui disparaissent instantanément, c’est comme vivre et ressentir ces choses avec intensité, les garder en mémoire. 

En supposant que tu photographies aujourd’hui avec ce que tu considères comme ta voix naturelle, as-tu déjà souhaité que ta voix soit différente ?

On aimerait toujours être plus juste. Mais pour m’exprimer autrement, j’utilise aussi d’autres médiums comme le film, la vidéo, le son, et l’écriture. 

Que fais-tu lorsque tu doutes ou tu te sens bloqué sur le plan créatif ?

Il faut être patient dans ces cas-là, mais le doute est nécessaire pour aller plus loin ensuite. Les artistes sont souvent coincés avec leur ego et leur corruption au marché de l’art. L’égo est un besoin mais aussi un danger. Chaque instant peut potentiellement déclencher une remise en cause qui permette de s’améliorer, de se rectifier, d’être plus juste.

Comment sais-tu qu’un projet photo est terminé ?

C’est une épreuve de terminer un projet, parce que l’achèvement n’existe pas. Mais ça soulage aussi de tourner la page.

Plus de Stéphane Charpentier

Quelques ressources supplémentaires pour découvrir Stéphane Charpentier et son travail.

Comment Stéphane Charpentier développe manuellement ses films négatifs noir et blanc en chambre noire

Stéphane dit :

Je peux photographier pendant de longues périodes sans chercher à en voir le résultat, puis faire ensuite des sessions intensives de développement.

Je travaille sur un temps long, et cela me permet d’avoir déjà plus de recul quand je découvre les images par centaines dans les planches-contact.

Les tirages sont réalisés sur papier baryté aux sels d’argent. Pour les néophytes, c’est un processus de révélation magique quand l’image apparaît sur le papier dans le bain de révélateur. Mais ça n’a jamais été une partie de plaisir, ça a toujours été une étape de travail très exigeante, physique, et coûteuse.

J’étais capable de passer plusieurs jours sur la même image avant d’avoir le bon tirage. Depuis quelques années, je collabore avec François Le Blond du laboratoire Moon Prints à Berlin qui réalise les tirages de collection ou d’exposition en « technique contact », c’est-à-dire qu’il recrée un négatif de la taille du tirage à partir d’un scan. Ce négatif est directement apposé sur le papier, qui est ensuite révélé dans les bains de chimie. 

Le collectif Temps Zero qu’il a créé

J’ai créé le collectif Temps Zero pour regrouper des artistes visuels et sonores, lors de projets organisés entre 2013 et 2020 aux quatre coins de l’Europe : Berlin, Paris, Toulouse, Athènes, Thessalonique, Rome, Braga, Vienne, Bucarest, et Groningen, dans le nord des Pays-Bas, etc.

Le plus souvent axé sur des projections-concerts et des expositions mettant en synergie image et son, Temps Zero a présenté des artistes engagés dans une sorte de transcendance du réel et de résistance poétique au monde.

Au fil des années, il s’est dessiné un groupe de photographes réguliers : Michael Ackerman, Gaël Bonnefon, Martin Bogren, Lorenzo Castore, Clara Chichin, Adam Grossman Cohen, Damien Daufresne, Gabrielle Duplantier, Lorena Morin, Patricia Morosan, Alisa Resnik, Gilles Roudière, et moi-même.

La dimension musicale était assurée par Oiseaux-Tempête au départ, ensuite par l’artiste sonore Alyssa Moxley avec des invités comme David Bryant (guitariste de Godspeed You ! Black Emperor,  Set Fire to Flames), Ramona Cordova, Cyril Meysson, Emanuele de Raymondi…

J’ai parfois passé plus de temps à assurer le commissariat, l’organisation, les montages de ces événements, que sur mon travail personnel. Cela m’a toujours paru stimulant de créer en collectif, de penser et diffuser ensemble, dans un milieu artistique où les comportements sont souvent très individualistes et compétitifs.

En regroupant des artistes ayant des champs sensibles proches, Temps Zero a proposé des shows qui sont des expériences fortes, envoûtantes, immersives.

Les films courts qu’il réalise

Je réalise régulièrement des films courts, en utilisant toujours des cameras à cassette hi8 ou 8mm. C’est un format que j’affectionne pour plusieurs raisons, notamment parce que les images sonnent vrai : on sent qu’elles sont tournées dans la réalité, mais elles ont aussi un côté hors du temps très différent de l’esthétique ultra-réaliste des images numériques.

  • The Divided Line (2013) :
  • Rewind (2020) :
  • Trois mers et quatre terres (2024) :

J’ai récemment réalisé le film Trois mers et quatre terres pour une projection-concert au centre photographique Zone i, conçu comme un exil poétique, et associant mes photographies argentiques à des séquences super 8 de Damien Daufresne.

Interview de Stéphane Charpentier sur son exposition The Eclipse à la Galerie Besson (2023)

Vous pouvez :

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Stéphane Charpentier par Gilles Roudière

Conclusion

Merci d’être aussi nombreux à partager mes articles et le travail des photographes dont je parle sur le blog. Laissez-moi un petit mot, c’est toujours chouette de vous lire. À la prochaine.

Vous pouvez poursuivre la lecture avec une autre entrevue : Dans la tête de Jean-Luc Bertini.

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8 réponses sur « Dans la tête de Stéphane Charpentier »

Article passionnant ! J’ai découvert un artiste de talent. Merci de rendre aussi vivante la photo d’auteur.

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