Les Rencontres d'Arles 2025 comme si vous y étiez
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Photographie narrative

Les Rencontres d’Arles 2025 comme si vous y étiez

Une petite semaine aux Rencontres d’Arles 2025, racontée de l’intérieur. Des bleus, des bières, des rencontres et des coups de cœur.

Temps de lecture : 16 min

Il est 21 heures. Je prépare du riz à l’iranienne pendant qu’Yvan émince des légumes en julienne. Il faisait doux quand on est arrivés en fin d’après-midi. On s’est posés dans le jardin de notre airbnb, autour d’une bière.

Vue du jardin

C’est là qu’on va vivre pendant 5 jours. La maison est située à Fourques, un peu à l’écart du tumulte d’Arles, à 10 minutes de vélo. On est le dimanche 6 juillet et demain débutent les Rencontres d’Arles.

C’est le plus grand festival photo du monde. Cet été, de juillet à octobre, plus de 160 000 personnes viendront découvrir des expositions partout dans la ville.

Mais la vraie effervescence, c’est la semaine d’ouverture : le monde de la photo est là.

Réuni autour d’évènements, de rencontres, de soirées.

C’est le sujet du jour.

Dimanche 6 : Riz iranien et photographie mexicaine

Je sers le riz iranien et les légumes sautés. Tu reprends une bière ?

Sans surprise, ça parle photo.

Qui est Yvan ?

Yvan de Canson est un jeune photographe que j’ai accompagné il y a 2 ans. À l’époque, il venait de sortir son premier zine, composé de photos de rue. Il cherchait un retour honnête.

Mais ce que je lui ai apporté est allé bien au-delà d’une simple critique.

Je l’ai d’abord écouté. J’ai cherché à comprendre où il en était dans sa pratique. Puis je l’ai aidé à clarifier et à construire sa vision. Je suis convaincu que mon rôle, ce n’est pas de donner des réponses toutes faites. C’est de poser les bonnes questions. De faire émerger ce qui est déjà là, en lui.

À l’époque, j’ai senti qu’il s’épanouirait davantage hors du carcan, parfois rigide, de la photo de rue classique. Je lui ai proposé des références. Et il a commencé à explorer.

C’est exactement ce qu’il m’a confié dans un témoignage vidéo, enregistré l’année dernière au Mexique, où il a vécu pendant 8 mois.

Yvan de Canson, Oaxaca, Mexique
Yvan de Canson, Oaxaca, Mexique

Depuis 2 ans, Yvan a fait évoluer sa pratique vers une photographie plus personnelle. Il a réalisé un projet au Mexique pendant son long séjour.

Après le dîner, il sort des tirages et me parle de son sujet : le rapport à l’eau à Oaxaca, ce qu’elle révèle du territoire, des tensions sociales, des liens humains.

Je l’écoute, je pose des questions, j’ouvre des pistes :

  • Tes images m’évoquent le photojournalisme. La plupart sont brutes, lisibles immédiatement. Tu es à distance. On pourrait les voir illustrer un article de presse. C’est un choix assumé ? Tu y as réfléchi ?
  • Tu parles d’insuffler de la fiction dans le réel. OK, mais concrètement, tu fais comment ? Ça passe par quoi, visuellement ? Et dans le contenu ? C’est quoi tes références, tes goûts, en termes de fiction ?
  • Cette image-ci est plus faible, je suis d’accord avec toi. Mais regarde ce qui se passe quand tu l’associes à celle-là.

Il sourit.

Je sens que ça cogite.

Une dernière bière ?

Lundi 7 : De l’IA et une baston avec Antoine d’Agata

Première expo en fin de matinée à l’église des Trinitaires.

Futurs Ancestraux

C’est Futurs Ancestraux : des artistes brésiliens revisitent les récits officiels pour dénoncer les violences faites aux communautés afro-brésiliennes, indigènes et LGBTQIA+.

Y a des collages, y a de l’IA.
C’est dense, c’est politique.
Une entrée en matière pas évidente.

Je retiens le travail de Mayara Ferrao. Elle imagine, dans un 19e siècle recomposé, les amours lesbiennes d’anciennes esclaves noires.

Mayara Ferrao
Mayara Ferrao

Les images sont faites par IA, à partir d’archives fantasmées.

Mayara Ferrao
Mayara Ferrao

Il est 12h30 et j’ai faim. Je mange un tajine au Volublis, en compagnie d’Yvan et de Jonathan Bertin.

Todd Hido : Les Présages d’une lueur intérieure

Todd Hido - Les Présages d’une lueur intérieure
Todd Hido – Les Présages d’une lueur intérieure

L’après-midi, je vais voir l’expo Les Présages d’une lueur intérieure de Todd Hido, à l’espace Van Gogh. Des paysages brumeux, des routes vides sous la pluie, des maisons silencieuses.

Todd Hido photographie ça depuis 25 ans et c’est toujours aussi beau. J’aime son monde doucement inquiétant, qui ne rassure pas mais attire.

Todd Hido - Les Présages d’une lueur intérieure
Todd Hido – Les Présages d’une lueur intérieure

En fin de journée, je retrouve Arno Brignon sur la place du Forum, au Bistrot Arlésien, entouré de ses copains Tilby Vattard et Gilles Roudière.

➝ Pour aller plus loin : Dans la tête d’Arno Brignon

En bout de table, Dominique Leroux, le directeur de la Maison de la Photographie de Brest, raconte une anecdote sur Antoine d’Agata, dont il est un proche. Ça se passe à Brest. Une bagarre éclate dans la rue. D’Agata entre dans le chaos et photographie la scène à quelques centimètres des coups.

Les photographes me racontent leur Arles, sauf Gilles qui fait des heures sup.

Il a une drôle de couleur, ton pastis, je dis à Tilby. C’est une mauresque : eau, pastis, orgeat. J’ai faim et je mange jap au Kalu Coco, à quelques mètres de là, avant d’atterrir sur un rooftop en effervescence.

Ce sont les 10 ans des éditions Sun Sun et je croise des têtes familières. Frédéric D. Oberland du groupe Oiseaux-Tempête, mixe devant une centaine de personnes, dont Margaux Beaughon et Thibaut Le Maire. (➝ ce que j’ai filmé de la soirée)

Margaux, la fondatrice des belles éditions Dunes, parle du blog comme si elle était mon attachée de presse. (Je devrais l’engager.)

Thibaut, que j’ai accompagné pendant plus d’une année, parle de moi comme si j’avais transformé sa photographie. (voir son témoignage : « Antoine m’a été plus utile que mon école de photo »)

Je suis en terrain conquis.
Vaguement je danse.
La musique s’arrête.
Je migre vers une autre fête.

Dans la cour de l’Archevêché, les gens crient sur le refrain de I Follow Rivers de Lykke Li, remixé par The Magician, m’incitant à prendre une autre pinte. Il est plus de 2 heures. Les lumières se rallument. Yvan est en train de pécho. Je repars à vélo, dans la nuit noire, guidé par les 2 % de batterie de mon iPhone.

Après le pont de Fourques, je percute un rondin de bois et je chute au ralenti.

🎬 Coupez !

Mardi 8 : Une anomalie et de la new wave allemande

Je me réveille avec des égratignures sur les mains. Sur la pommette droite, un bleu commence à poindre. Il passera par de subtiles nuances jaunes et vertes au fil des jours, selon la lumière (truc de photographe).

Il est 11 heures et je bois un café avec Gilles Roudière au Bar à Thym. Il fait preuve d’une grande curiosité à l’égard de mon parcours, ce qui me fait considérer ce photographe comme une anomalie à Arles.

Le temps passe vite et il est déjà 12h30. À la Fondation Manuel Rivera-Ortiz, j’ai rendez-vous avec Vivien Liskovsky qui bosse à WhiteWall.

Kontroverse & Paradoxe

Le labo a réalisé les tirages de l’expo collective Kontroverse & Paradoxe, présentée à l’étage. Des artistes explorent ce paradoxe : en innovant, l’humain détruit… puis tente de réparer ce qu’il a lui-même abîmé.

Je m’arrête devant les travaux d’Alexandre Dupeyron et de Rui Camilo. Une image, en particulier, me saisit.

Rui Camilo
Rui Camilo

Sur écran, l’image est bien. Mais sur papier, le tirage est sublime. Il révèle un mystère. C’est là qu’on comprend ce qu’apporte l’objet. (J’ai assez mal filmé le tirage.)

Je salue Vivien et son accent allemand, et dans ma tête, résonne Paragraph 1, un morceau de Das Beat, un duo berlinois qui remet la new wave au goût du jour :

Heute Morgen bin ich aufgewacht
Ein lautes Geräusch, ich weiß nicht, was
Ich glaub, ein Traum hat mich ausgelacht
Auf mich gerichtet tausend Kameras

Ce matin, je me suis réveillé
Un bruit fort, je ne sais quoi
J’ai l’impression qu’un rêve s’est moqué de moi
Un millier de caméras braquées sur moi

Écoutez Paragraph 1 de Das Beat

Rétrospective Letizia Battaglia

Je suis à la Chapelle Saint-Martin du Méjan pour la rétrospective Letizia Battaglia, figure majeure de la photographie italienne. Elle a documenté les quartiers pauvres de Palerme, à partir de la moitié des années 1970.

Letizia Battaglia
Letizia Battaglia

À propos de cette photo, la photographe dit :

La famille vivait dans une baraque. J’ai ouvert la porte, le lit se trouvait juste derrière.

Qu’est-ce que vous faites dans le lit, il est 11 heures ?

La mère : On n’a ni gaz ni électricité, je ne peux pas cuisiner.
Alors on ne fait pas les courses.
Alors on n’a rien à faire.
Alors on dort.

Letizia Battaglia avait une tendresse pour les jeunes filles qui apparaissent comme de petites créatures solitaires.

Letizia Battaglia
Letizia Battaglia

La violence, chez elle, s’incarne surtout dans ses images de la mafia : scènes de crime, arrestations. J’aime cette image teintée de surréalisme.

Letizia Battaglia
Letizia Battaglia

Je vais à l’église Sainte-Anne juste avant la fermeture de l’expo On Country : photographie d’Australie.

On Country : Photographie d’Australie

Des photographes australiens témoignent de leur attachement profond à leur pays, tout en déconstruisant son histoire coloniale.

Michael Cook : Majority Rule

Comme Michael Cook, dont le projet Majority Rule part de l’hypothèse suivante :

  • Et si les rapports étaient inversés ?
  • Et si les populations autochtones représentaient 96 % de l’Australie, et les héritiers de la colonisation seulement 4 % ?
Michael Cook - Majority Rule
Michael Cook – Majority Rule

Adam Ferguson : Big Sky

Dans la série Big Sky, Adam Ferguson revient sur les terres de son enfance, dans l’Australie profonde. Il montre un territoire rural à la fois mythifié, déserté et abîmé.

Adam Ferguson - Big Sky
Adam Ferguson – Big Sky

Il observe les fêtes de village qui s’éteignent, les petites villes qui se vident, les sécheresses à répétition, l’agriculture intensive, et le dérèglement climatique.

Adam Ferguson - Big Sky
Adam Ferguson – Big Sky

Il montre la force du lien entre les peuples aborigènes et la terre, mais aussi les ravages laissés par la colonisation.

Adam Ferguson – Big Sky

Lisa Sorgini : The Bushfire, the Flood

Avec The Bushfire, the Flood, Lisa Sorgini mêle récit intime et catastrophe climatique.

Elle photographie depuis l’intérieur : celui de sa maison, de son rôle de mère, de son inquiétude face aux incendies et aux inondations qui frappent sa région.

Lisa Sorgini  - The Bushfire, the Flood
Lisa Sorgini – The Bushfire, the Flood

Son travail part d’un moment précis : la naissance de son deuxième enfant pendant les feux du Black Summer.


Puis il s’élargit à une peur plus vaste. Celle de voir ses enfants grandir dans un monde où l’air devient dangereux, et la terre, instable.

Je sors de là, il est 19h30. Yvan m’attend avec Arnaud, un pote à lui venu de Marseille. À cause des incendies, son train est bloqué. Il est coincé à Arles pour la soirée.

Apéro sur la place du Forum. Arnaud me parle de ses endroits préférés à Montpellier, d’où il est originaire :

Faut que tu testes ce bar clandestin dans un appart.
Tu frappes à la porte.
Le mec est brésilien, il fait des rhums arrangés.
Et au sous-sol, il a monté un sound system.

Je suis déjà conquis. On file rue Voltaire. Un kebab (mon premier depuis des années) et une bière à l’Échoppe. On est tous crevés.
On finit la soirée affalés dans des transats à l’ancien collège Mistral.

Devant nous, des lives images et son : Alexandre Dupeyron et son Dysnomia, Frédéric D. Oberland et son Vestiges du futur. (➝ ce que j’ai filmé). J’ai adoré.

Je me couche vers 1h30.

Indemne.

Mercredi 9 : Champis et déclaration d’amour à Celine Croze

Il est 8h.
La maison dort encore.
Je me lève, me fais un café et m’installe dans le jardin.

Arnaud, le pote d’Yvan, apparaît. Il se sert un café, s’étire un peu, puis dit :

– Je vais au Boom Festival la semaine prochaine.
– Le festival de trance psychédélique au Portugal ?
– Ouais, à chaque fois, c’est une expérience. (le Boom Festival en vidéo)

On dérive sur les drogues psychédéliques. Il me raconte un trip sous champis, avec une amie, au bord d’un lac. Le calme de l’eau, les couleurs qui vibrent, la sensation d’être relié à tout.

Je l’écoute, captivé.
Il est déjà 9h.

– Je commence par quoi ?
– Va sur Zamnesia, te fais pas chier. Prends des truffes et suis les doses conseillées.

Nan Goldin : Syndrome de Stendhal

Je me rends à l’église Saint-Blaise. Plus de 80 personnes font la queue pour l’expo Syndrome de Stendhal de Nan Goldin.

Une femme râle :

Ils font entrer 25 personnes toutes les 30 minutes.
C’est n’importe quoi.
C’est elle qui a voulu que ce soit intimiste.
Mais on est à Arles, bordel.
Y a du monde!

Je me barre direct.

➝ À la place, vous pouvez lire mon article : La ballade de Nan Goldin : de l’intime à l’universel

Jean-Michel André : Chambre 207

À Croisière, y a sonper à l’expo Chambre 207 de Jean-Michel André. L’histoire m’avait bouleversé lorsque je l’avais lue dans la revue LIKE.

Août 1983. Jean-Michel a 7 ans. Il est en vacances avec son père, sa nouvelle compagne et la fille de celle-ci, un peu plus âgée. Le 5 août, ils font une halte dans un hôtel à Avignon.

Dans la nuit, un braquage tourne au carnage.
Sept morts.
Parmi eux, le père de Jean-Michel et sa compagne.

Jean-Michel André - Chambre 207
Jean-Michel André – Chambre 207

Les enfants dorment dans la chambre voisine. Jean-Michel André n’a plus aucun souvenir de cette nuit-là.

30 ans plus tard, il revient sur cette nuit, ou plutôt sur le vide qu’elle a laissé. Il entame une enquête intime. Il photographie les lieux liés à son père, mêle images, archives, objets personnels.

Jean-Michel André - Chambre 207
Jean-Michel André – Chambre 207

Il est 11 heures et je prends un café avec Lionel Modolo, un abonné du blog, avant de filer à l’ancien collège Mistral pour l’expo The Tourist.

Kourtney Roy : The Tourist

Kourtney Roy y rejoue les clichés des vacances parfaites, pour mieux les faire dérailler. C’est bien fichu.

Je file à l’espace Monoprix pour voir Father de Diana Markosian.

Diana Markosian : Father

Voici l’histoire :

Moscou, 1996. Diana a 7 ans. Elle vit avec sa mère et son frère. Les parents viennent de divorcer. Une nuit, la mère les réveille. Ils partent sur-le-champ. Quelques heures plus tard, ils atterrissent en Californie.

Ils ont quitté Moscou. Et surtout, quitté leur père. Sans un au revoir. Le lendemain, le père découvre l’appartement vide. Juste un mot sur la table de la cuisine. Il passera les 15 années suivantes à chercher ses enfants.

Diana Markosian - Father
Diana Markosian – Father

En Californie, la mère découpe son image sur toutes les photos de famille. Comme s’il n’avait jamais existé.

Diana Markosian - Father
Diana Markosian – Father

Pour Diana Markosian, ces trous dans l’album deviennent plus présents encore que l’absence elle-même.

Father est le récit de ce vide.

Diana Markosian - Father
Diana Markosian – Father

Elle mêle photos, archives et souvenirs pour raconter :
Un père devenu étranger, des retrouvailles trop tardives,
et ce qu’on tente de réparer quand le temps a passé.

Diana Markosian - Father
Diana Markosian – Father

Une expo forte, sensible (+1 pour la scéno).

Toujours dans le Monop, je passe voir le Prix Découverte Fondation Louis Roederer.

Le Prix Découverte Fondation Louis Roederer

Ce prix met en lumière des artistes émergents, repérés par des galeries, centres d’art ou espaces associatifs.

À la clé : une expo collective à Arles, un prix du jury et un prix du public.

Je croise Arnaud Laroche des Boutographies, le festival photo de Montpellier :

T’étais pas au Tambourin hier soir ?
Un groupe espagnol déjanté a retourné le bar.
Des jeunes, look 70’s.
C’était dingue.

Julie Joubert : Patria Nostra

Je m’arrête devant l’expo de Julie Joubert, dont je connaissais son précédent projet, Mido.

Avec Patria Nostra, elle explore la masculinité dans la Légion étrangère : des portraits de jeunes hommes entre force physique, effacement individuel et fragilité silencieuse.

C’est très bien. (Ce sera le prix du public.)

Mon vote, lui, serait allé à Musuk Nolte, pour sa série Les appartenances de l’air.

Musuk Nolte : Les appartenances de l’air

Pendant un séjour en Amazonie péruvienne, le photographe prend de l’ayahuasca avec un chaman. Il tente de rendre visible cette expérience intérieure, tout en témoignant des luttes des peuples indigènes face à la destruction de leurs terres.

En début de soirée, je trinque avec Éléonore Simon place Voltaire, me retrouve aux Douches Municipales pour la soirée MYOP. DJ set d’Olympe 4000. Trop de monde à la buvette, mais Jonat a de longs bras.

Le fils de Laura Serani ressemble à n’importe lequel des frères Schneider. « Un frère dégénéré », il répond. Je fais du troc avec Celine Croze : quelques gorgées de bière contre une clope. On se fait une déclaration d’amour imbibée.

➝ Pour aller plus loin : Dans la tête de Celine Croze

Rentré indemne à 3h30.

Jeudi 10 : Une jeune femme qui allait devenir mon épouse

Insomnie. Lever à 8h. Moult cafés dans le jardin du airbnb,
puis direction l’espace Van Gogh pour la rétrospective Louis Stettner.

Le monde de Louis Stettner (1922-2016)

Louis Stettner
Louis Stettner

Il a construit une œuvre à mi-chemin entre la street américaine et la photographie humaniste française.

Louis Stettner
Louis Stettner

J’aime bien cette étrange image.

Louis Stettner
Louis Stettner

En fin de matinée, je retrouve deux abonnées : Véronique Esterni et Margherita Mariano. Échanges très sympas et brèves revues de portfolio. Elles sont ravies. « Tu as pointé un truc que personne n’avait vu », me glisse Margherita.

Je commence à piquer du nez. À Croisière, je vois Thierry Girard et sa femme :

Il y a 40 ans, pendant les Rencontres, John Batho me présentait, sur la place du Forum, une jeune femme qui allait devenir mon épouse.

➝ Pour aller plus loin : Dans la tête de Thierry Girard

J’assiste à une rencontre touchante entre Thierry et Genaro Bardy. Je suis crevé et je ne suis plus vraiment les conversations. Je prends le train de 17h30 et rentre à Montpellier.

Sur le retour, me revient une phrase prononcée cette semaine par un photographe :

Je viens à Arles depuis 15 ans. Chaque année c’est pareil.
Avant, je projette trop.
Pendant, je m’épuise.
À la fin, je suis toujours un peu déçu.

Pas mieux.

Que voir à Arles en une seule journée ?

Voici ma journée idéale (et intensive) pour ces Rencontres d’Arles 2025 :

  • Diana Markosian et Musuk Nolte à l’espace Monoprix près de la gare
  • Louis Stettner et Todd Hido à l’espace Van Gogh
  • La photographie australienne à l’église Sainte-Anne
  • Letizia Battaglia à la Chapelle Saint-Martin du Méjan

Dernière chose : j’ai entendu du bien des expos Eloge de la photographie anonyme et Sortilèges. J’ai aussi vu des trucs très cools au OFF… mais on ne peut pas tout raconter.

C’était mes Rencontres d’Arles 2025.

Et vous, quelles expos vous ont le plus plu ?

Merci de m’avoir lu.

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21 réponses sur « Les Rencontres d’Arles 2025 comme si vous y étiez »

Merci Antoine pour ce partage. Du coup comme je n’habite pas loin d’Arles (40km), ça m’a beaucoup motivé à y aller.

En une journée j’ai vu 6 expos et voici celles qui m’ont le plus retourné:

– Todd Hido : magnifique, intimiste, renversant… mon coup de cœur de la journée.
– Letizia Battaglia : poignant, émouvant, noir… et blanc.
– Kourtney Roy : coloré, poilant, sarcastique.

Si l’article t’a motivé à y aller, alors son objectif est atteint. Merci Christophe.

Merci pour ce nouveau post, toujours très bien écrit et documenté.

Les Rencontres d’Arles, cette fois-ci.

Cela fait un paquet d’années que j’y vais, toujours avec le même plaisir, le même ravissement, mais aussi le même agacement amusé.
J’ai renoncé depuis longtemps à la première semaine, consacrée aux « pros » et aux Artistes : insupportable de suffisance, d’arrogance et d’entre-soi.
Je préfère désormais une semaine plus anonyme, où il n’est pas nécessaire de faire la queue, et où l’on peut profiter pleinement des expos.

Je suis assez d’accord avec vos préconisations.

Louis Stettner, évidemment, et Todd Hido, magnifiquement onirique, mais aussi Erica Lennard, proposant un parcours singulier avec sa sœur comme modèle.
Une réussite totale, donc, pour l’espace Van Gogh.

100 % d’accord sur l’expo de Letizia Battaglia au Méjan.
Je ne connaissais pas cette photographe et j’ai succombé à l’humanité avec laquelle elle a réalisé ce travail incroyable, durant toutes ces années.
Ne pas louper le film qui montre quelle femme forte elle était.

L’espace Monoprix fait honneur à Diana Markosian, une jeune fille dont le travail m’a profondément émue (probablement la plus bouleversante des expos de cette édition).
Dans le même thème de la recherche du père, je recommanderais l’expo de Camille Lévêque à Ground Control.

J’ai beaucoup aimé, pour ma part, l’expo du collectif MYOP — même si les ronchons argueront que leur place serait plutôt à Perpignan, pour Visa pour l’Image.

À faire également : les expos du collège Frédéric Mistral.
Non seulement ce lieu désaffecté (qui doit faire tourner la tête des promoteurs) dégage une ambiance palpable, mais l’expo La Touriste de Kourtney Roy est savoureusement provocatrice.

La série diapos intitulée La Nuit de l’année m’a aussi permis de découvrir quelques noms de la nouvelle génération de photographes.

À Croisière, j’avoue qu’en dehors de la Chambre 207, je suis resté un peu sur ma faim.

Enfin, n’en déplaise aux partisans de l’avant-gardisme à tout crin, l’expo sur Yves Saint Laurent à la Mécanique Générale mérite amplement le détour.
Voir « en chair et en os » les tirages d’images que nous connaissons tous — réalisés par Newton, Sieff et consorts — me touche davantage que les élucubrations prétentieuses et stériles de certains (l’ENSP).
Mais c’est probablement parce que je ne suis qu’un vieil amateur que ce discours m’échappe.

En tout cas, merci pour votre travail !

Merci Jean-Claude pour votre témoignage très pertinent, qui apporte un éclairage complémentaire au mien.

Il sera très utile à celles et ceux qui passeront sur le blog avant d’aller à Arles cet été.

Pour vos coups de cœur, je partage assez bien.

J’ai eu une belle surprise avec les jeunes talents du Prix Dior, au LUMA, à la Lampisterie.

J’aime les récits intimes, et dans la série Contes d’archives, Agnès Geoffray offre un rappel de ce qu’a pu être le passé de la vie de femmes rebelles. (C’est bien mis en scène.)

Dans le Prix Découverte, j’ai été touchée aussi par Daniel Mebarek : le pacte de confiance entre celui qui est photographié et le photographe… un vrai sujet.

Bonjour Antoine,

Je rajouterais, dans les expos qui m’ont plu (mais je n’ai pas encore tout regardé), celle de l’Archevêché : Berenice Abbott, Anna Fox et Karen Knorr, sur la thématique du road trip refait 50 ans après.

J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, et finalement, j’ai trouvé l’expo fort intéressante, dans la confrontation des regards photographiques liés à leurs époques respectives.

C’est une expo qui nourrit bien la réflexion sur l’évolution de la photographie, au-delà de l’aspect « américain » du projet.

Cela dit, 2025 est aussi l’année du Père (avec un grand P ?)… et je ne sais trop quoi en dire.

Entre Diana Markosian, Jean-Michel André et Camille Lévêque (Ground Control), ça fait pas mal sur cette thématique dans l’air du temps de «l’intime».

Bonne continuation pour ton blog, toujours intéressant.

Arnaud

Merci Arnaud pour ton témoignage. Ravi de lire ton point de vue, qui sera utile à ceux qui prévoient de venir cet été.

Comme d’hab’, Antoine, toujours de bons articles.

Je suis allé à Arles avec ma chérie, une fois l’ouverture passée, et sans surprise, les coups de cœur sont: Todd Hido, Letizia Battaglia et Louis Stettner.

Alors, Chambre 207 : autant le sujet est fort, autant l’expo en elle-même ne m’a pas convaincu…

En tout cas, je vais y retourner en août, notamment pour Nan Goldin, la photographie moderniste brésilienne, la photographie anonyme, Berenice Abbott, Kourtney Roy, et puis nous verrons.

Et merci pour cette rencontre bien sympathique, sortir du virtuel, c’est chouette.

Ah mais je ne suis pas surpris de tes coups de cœur (on a les mêmes sensibilités, j’ai l’impression).

Et c’était chouette de partager avec toi un café (ou un Perrier, je ne sais plus ce que j’ai pris).

À la prochaine, Lionel.

Arles… y aller ou pas ?

Mon compte bancaire répond à cette question chaque année : non !
Le tarif des billets de train depuis la Bretagne, le prix d’une location, le coût des expositions…
Faut-il aussi payer pour montrer son portfolio ? Les affaires sont les affaires.
C’est très frustrant…

Je me rends donc chaque année à La Gacilly.
Les photographes rencontrés sont sympas, la programmation est de qualité.
What else ? Ah, c’est gratuit. Accessoirement.
Ouvert à tous, donc…

De Bretagne, oui, le trajet pique un peu. Depuis que j’ai emménagé à Montpellier, ça me coûte moins cher.

Je serai dans le Morbihan fin août. J’en profiterai pour faire un saut à La Gacilly. Ça fait des années que j’en entends du bien.

Merci Dan.

Antoine,

Encore et toujours merci pour tes articles qui, soutenus par ta plume et la richesse de ton propos, les rendent captivants.

J’ai juste envie de te partager mes coups de cœur à Arles cette année, qui rejoignent les tiens:

– Le travail très intime de Lisa Sorgini, où l’on ressent, au plus près, les sentiments qui sont les siens face aux changements climatiques qui la touchent de plein fouet, elle et sa famille.

– Et un autre travail tout aussi intime et personnel: celui de Diana Markosian. J’ai trouvé qu’elle traduisait parfaitement en images et en mots la redécouverte de son père.

Merci ! J’ai ajouté des liens pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus.

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