Entrez dans la tête du photographe Thierry Girard, au plus près de son travail, de ses goûts, de ses influences et de son processus créatif.
Temps de lecture : 29 min
Pour en savoir plus sur le concept de l’entrevue : C’est quoi l’entrevue “Dans la tête” ?
Les réponses sont rédigées par Thierry Girard lui-même.
Qui est Thierry Girard ?
Thierry Girard est né à Nantes en 1951. Il vit aujourd’hui sur l’île de Ré. Diplômé de Sciences Po Paris en 1974, il décide dès la fin de ses études de se consacrer à la photographie.
Son travail a régulièrement été distingué : il a reçu le prix Niépce, a été lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs, de la bourse Léonard de Vinci et de la Villa Kujoyama au Japon.
Thierry Girard accorde beaucoup d’importance à la question éditoriale, il a publié une trentaine de livres et catalogues personnels et a participé à de très nombreux ouvrages collectifs.
Parallèlement à son activité photographique, il a développé un travail de réflexion critique et littéraire qui accompagne ses différents projets.
Ses principaux projets photo
J’ai une très longue carrière et je ne compte plus les projets, ayant eu la chance de pouvoir travailler quasiment sans interruption depuis plus de 40 ans, passant d’un projet à l’autre ou menant plusieurs projets de front.
Cependant, s’il me faut malgré tout choisir.
Far-Westhoek (1982)
C’est mon premier vrai projet constitué en tant que tel, résultat d’une résidence d’artiste de 5 mois sur le territoire de Dunkerque en 1982. Première résidence, premier livre, première vraie exposition. Après, tout s’enchaîne : les résidences, les bourses, les récompenses.
Mon travail est encore sous l’influence directe de Robert Frank, de Tony Ray-Jones, de Bruce Davidson, de Bill Brandt, etc. C’est à la fois sombre et terriblement humain. Le Westhoek est un bout de ce très haut de France, coincé entre la Flandre, la mer du Nord et la frontière belge.
Le paysage n’est pas raisonnable : j’écris dans mon carnet qu’il est « excessif et déborde de sauvagerie » ; les gens tout autant, comme on l’est dans des pays de seuils et de frontières.
Le livre Far-Westhoek a été édité en 1982 aux éditions Ferme-Nord de Zuydcoote. Un projet de réédition du livre, revu et augmenté, est en cours. Il sera réédité fin 2025 chez Trans Photographic Press avec un très beau texte d’Arnaud Claass.
➜ Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article suivant sur le blog de Thierry : Histoires de livres #1 • Far Westhoek
Jaillissement & dissolution (1994-1999)
Un grand saut d’une douzaine d’années. Le style a changé et la pensée s’est affinée. Les concepts et les protocoles de travail qui forgent le cœur de mon « projet de photographe » se sont mis en place et structurés au fil des années autour de la question du parcours, de l’itinérance et du récit.
Il s’agit là d’un voyage le long du Danube, de sa source en Forêt-Noire jusqu’à son embouchure dans la mer Noire, avec pour viatique le livre Danube (1990) de Claudio Magris. Je développe différentes séries qui s’interpénètrent au fil du récit, avec le souci cependant de préserver la continuité géographique.
Le point central, c’est, pour reprendre une expression de Magris, « la mémoire douloureuse de l’Europe centrale », l’épaisseur historique et mémorielle des paysages. Mais on ne peut pas le réduire à cela non plus : c’est sans doute mon projet le plus « polyphonique », au sens où les items sont multiples et se nourrissent les uns les autres.
Trois années de travail, onze voyages, plus des compléments ultérieurs réalisés à l’occasion de la présentation de l’exposition qui circule dans tout l’espace danubien entre 1998 et 2000.
Il n’y a malheureusement pas de livre qui accompagne ce travail, mais je ne désespère pas d’y arriver un jour.
➜ Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article suivant sur le blog de Thierry : Retour sur le Danube
Voyage au pays du réel (2003-2006)
J’aurais pu choisir La Route du Tokaido, le projet que je mène lors de mon séjour à la Villa Kujoyama au Japon en 1997 (et qui correspond à ma découverte de l’Asie).
Mais je préfère passer directement à ce projet mené en Chine entre 2003 et 2006, qui donnera naissance à l’un de mes plus beaux livres, publié en 2007 aux éditions Marval (tout comme celui sur le Japon).
Je me mets dans les pas de Victor Segalen, qui avait tracé une grande diagonale sur la carte de Chine pour un voyage qu’il avait accompli en « équipée » en 1914.
Je traverse la Chine de l’Ouest, encore très rurale dans les années 2000, à un moment de bascule : la modernité, déjà à l’œuvre dans les grandes villes de l’Est et du Sud (Pékin, Shanghai, Canton…), arrive peu à peu comme les vagues d’une marée montante de plus en plus vive sur l’estran de la Chine profonde.
Et puis je voyage, comme il m’arrive souvent, avec les mots et la présence d’un écrivain, en « équipée mentale » avec lui, si je puis dire. Je mesure alors d’autant plus ce qui me sépare de la Chine d’avant, mais ce qui en fait aussi la continuité.
Là, cet écrivain, Victor Segalen, me chuchote à l’oreille : « L’Imaginaire déchoit-il ou se renforce-t-il lorsqu’il se confronte au Réel ? Le Réel n’aurait-il point lui-même sa grande saveur et sa joie ? »
Et puis, cette recommandation, comme une sorte de motto (ndlr : devise) que chaque voyageur devrait se réciter avant tout départ : « N’être dupe ni du voyage, ni du pays, ni du quotidien pittoresque, ni de soi. » (Victor Segalen, Équipée, 1983).
Le livre Voyage au pays du Réel a été publié en 2007 aux éditions Marval.
➜ Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article suivant sur le blog de Thierry : Histoire de Wu Xingmin (A letter from China)
Paysages insoumis (2007-2009)
Les projets sont tellement nombreux qu’il est difficile de choisir.
Celui-ci, cependant, vient en quelque sorte couronner toute ma réflexion sur l’épaisseur du paysage, concept qui sera à l’origine de l’ouvrage éponyme paru un peu plus tard en 2017, dans le cadre d’une correspondance avec Yannick Le Marec.
Les photos sont prises entre 2007 et 2009, et le livre Paysages insoumis paraît en 2012.
Je choisis d’interroger les terres limousines et limitrophes en quête de lieux où, au cours des siècles, se sont déroulés des actes de révolte, de rébellion et de résistance.
Je consulte des archives et quelques livres d’Histoire avant d’entreprendre ce projet. Il m’intéresse alors de photographier des paysages ordinaires (villes, villages, campagne, forêts), dont j’essaye de faire vibrer le genius loci ; là où des gens simples se sont levés et se sont battus contre plus puissants qu’eux.
Comment sentir la vibration intérieure d’un paysage apparemment indifférent ?
Un soir, circulant sur une route déserte du plateau des Mille vaches, je vois de grosses lettres tracées à la peinture blanche sur le macadam : PLATEAU INSOUMIS. C’est ce qu’on appelle une épiphanie : le paysage dit ! Il me donne le titre de mon projet et me confirme que je suis au bon endroit.
Le projet a abouti à deux livres aux éditions Loco :
- Paysages insoumis, texte de Pierre Bergounioux, publié en 2012.
- Dans l’épaisseur du paysage, correspondance avec Yannick Le Marec, publié en 2017.
➜ Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article suivant sur le blog de Thierry : De l’esprit des lieux
Le Monde d’après (2017-2018)
En 2017-2018, suite à trois résidences successives, j’arrive à entreprendre un vaste travail sur le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
J’avais le désir, depuis longtemps, d’un retour vers certaines des terres de mes débuts photographiques, pour y mesurer à la fois le chemin parcouru, ce qu’il reste de présence vive de mes dispositions initiales et ce qu’il est advenu de ces territoires que j’ai longuement arpentés au début des années 80.
Je conçois le projet comme un voyage d’Est en Ouest à travers le bassin minier, avec des endroits où je m’attarde un peu plus que d’autres.
Le paysage sombre et minéral des années 80 a fait place à un paysage, certes verdi, mais où les zones commerciales ont remplacé les carreaux de mines. Les lotissements neufs se substituent aux cités ouvrières, toutes de briques, qui sont parfois rénovées, souvent délaissées et abandonnées.
Du côté des gens, quelque chose s’est éteint, une communauté de destin. Mais la misère est encore souvent rugueuse, elle se voit sur les corps.
Le livre alterne, au fil du parcours, les photos noir et blanc, au Leica, des années 80, et les photos couleur au moyen format numérique de la fin des années 2010.
Le projet aboutit au livre Le Monde d’après publié en 2019 aux éditions Light Motiv.
➜ Pour en savoir plus, vous pouvez lire les articles suivants sur le blog de Thierry :
- Carnets du Nord #1 Reconnaissance
- Carnets du Nord #2 Histoires singulières
- Carnets du Nord #3 D’un monde à l’autre
Partie I : Zoom sur un projet photo de Thierry Girard
Parle-moi d’un de tes projets : Les Lieux de l’Affect
Je n’aime pas trop parler d’un projet en cours ou à venir. Trop d’incertitudes.
Mon projet achevé le plus récent s’appelle Les Lieux de l’Affect ; il est le fruit d’une résidence à Dunkerque sur la période 2023-2024 et a été exposé au Château Coquelle à Rosendaël, de janvier à avril 2025, avec la parution d’un portfolio grand format de 48 pages.
Il fait suite au projet Le Monde d’après. C’est la seconde phase de mon Nostos, de l’idée du retour.
En 2017, je suis allé voir Paul Leroux, directeur du Château Coquelle, pour lui dire combien il me semblait important de donner une suite à Far-Westhoek, ce projet que j’avais mené sur Dunkerque et ses alentours en 1982 et dont j’ai déjà parlé.
Comme beaucoup de projets en discussion juste avant le Covid, il a fallu passer cette épreuve, renouer les contacts, et ce n’est qu’en 2023 que j’ai pu commencer ce nouveau projet dunkerquois.
Il n’était certes pas question pour moi de rephotographier le territoire comme je l’avais fait 40 ans auparavant, au Leica et en noir et blanc, mais de l’interroger autrement, en accord avec mon esthétique et mes choix conceptuels actuels.
On y retrouve bien évidemment ce travail sur le paysage vernaculaire que je développe depuis quatre décennies, mais aussi un travail de portraits qui prend de plus en plus d’importance dans mes projets récents, alors que j’ai longtemps tardé à le valoriser pour toutes sortes de (mauvaises) raisons.
Déjà en 2011, j’avais utilisé ce titre, Les Lieux de l’Affect, dans le cadre d’un travail avec des collégiens et des lycéens à Clermont-Ferrand. Je leur avais demandé de me désigner un lieu en ville ayant une réelle importance affective pour eux, heureuse ou malheureuse. Ce fut une belle expérience, pleine de rencontres, mais dont la restitution était restée limitée à Clermont-Ferrand.
C’est donc ce principe – et à nouveau cet intitulé – que j’ai repris pour Dunkerque : trouver une trentaine de personnes qui, en me racontant un parcours de vie ou un moment précis de celui-ci, me parlent aussi du territoire et m’invitent à découvrir des lieux précis.
Lorsqu’on photographie un territoire comme celui de la Communauté urbaine de Dunkerque, en particulier ces villes et zones qui s’étendent le long du littoral de la mer du Nord, de Grand-Fort-Philippe à Bray-Dunes, on s’interroge autant sur les paysages et ce qu’ils disent de la singularité du lieu, que sur les gens qui y vivent.
Certains sont nés ici, issus d’une longue lignée flamande ; d’autres ont des parents venus d’ailleurs, porteurs d’histoires d’exil parfois douloureuses.
Certains, enfin, sont de passage, comme ces migrants croisés dans un refuge, au seuil d’un autre exil.
Quels liens unissent ces individus à ce territoire ? À travers quelques paysages, c’est une histoire intime qui se raconte. Des liens profonds, anciens, hérités de l’enfance. D’autres, plus pragmatiques, liés au travail ou aux engagements de chacun. Parfois, de simples instants fugaces, comme la dernière image d’une plage avant l’embarquement vers d’autres horizons.
J’ai mené des interviews (parfois longues), réalisé des portraits, et je suis allé sur les lieux indiqués par mes interlocuteurs. J’ai cherché une certaine diversité sociale, mais ce n’est pas toujours facile : il y a plus de réticence dans certains milieux, les plus riches comme les plus pauvres.
Néanmoins, ces témoignages (je n’ai conservé que la parole de l’interviewé·e, sans mes questions) sont pleins d’enseignements et d’émotions. Ils disent, de manière juste, ce qu’il en est de ce territoire.
➜ lire le témoignage de Maria Volant
➜ lire le témoignage de Nicole (et Patrice Vanzinghel)
J’ai effectué cinq séjours entre février 2023 et mai 2024 (en moyenne deux semaines par séjour) et j’ai travaillé avec un moyen format numérique (Fuji GFX 50S II).
Raconte-moi une photo de ce projet
La photographie que j’ai choisie est un portrait. Ce n’est pas forcément le plus marquant de la série, esthétiquement parlant. Il y en a d’autres que je préfère.
Mais j’ai choisi celui-ci parce qu’il représente un migrant : un Kurde iranien qui a dû fuir son pays après avoir été menacé par les autorités, suite à sa participation aux manifestations Femmes, Vie, Liberté.
D’abord arrêté et torturé, il a été relâché, puis à nouveau menacé. Il a alors décidé de fuir avec un cousin, laissant derrière lui sa femme et sa fille, à peine née. Arrivé à Dunkerque après un périple difficile, il tente, comme tant d’autres, de rejoindre l’Angleterre. En plein hiver, au milieu de la Manche, son bateau se disloque, projetant tout le monde à la mer. Son cousin se noie. Lui est repêché in extremis.
Depuis, il a choisi de rester en France et a demandé l’asile politique, espérant pouvoir faire venir sa femme et sa fille au plus vite. (Je n’ai pas voulu le décourager.)
En le photographiant, j’ai voulu éviter tout pathos, tout accablement. Je l’ai photographié comme il devrait être dans une vie normale : un homme éduqué, intelligent, avec un certain sens de l’humour.
Technicien dans l’industrie pétrochimique, il pourrait parfaitement travailler sur l’un des sites industriels de Dunkerque. Je voulais qu’il apparaisse ainsi, parce qu’il nous ressemble. Il nous ressemble !
Parfois, je me dis qu’on ne rend pas justice aux migrants en les montrant uniquement dans des situations de détresse (je pense aux images boueuses de la Jungle de Calais, par exemple). Les photographier comme un frère, une sœur, un fils, une fille, c’est les rendre plus proches de nous.
Au même endroit, j’ai aussi photographié une femme – une Kurde irakienne – et son fils. Elle m’a semblé presque trop enjouée. Mais après coup, je me dis que c’est son droit. C’est sa forme de résistance. Et peut-être que cela suscite encore plus d’empathie.
Partie II : Les goûts et les inspirations de Thierry Girard
Un album que tu as beaucoup écouté
Je suis un enfant et un adolescent des années 60-70, et c’est une période bénie. Là encore, trop de noms, trop de souvenirs, trop d’émotions. J’avais 18 ans lors de Woodstock, et c’est comme si c’était hier. En 1970, j’étais au festival de l’île de Wight.
Dans mon Panthéon, en haut, il y a Bob Dylan, Leonard Cohen, Lou Reed, Patti Smith… Et s’il fallait citer un seul album, ce serait Highway 61 Revisited (1965) de Bob Dylan, pour ce magnifique et long poème qu’est Desolation Row.
➜ Écouter ‘Highway 61 Revisited’ sur Spotify ou Deezer
Un roman qui a éveillé quelque chose en toi
J’ai lu très tôt. Beaucoup. De la poésie. Beaucoup. Mais les romans qui m’ont le plus marqué, je les ai lus entre la fin de l’adolescence et la fin de mes études, comme Ulysse (1920) de James Joyce ou Sur la route (1957) de Jack Kerouac.
Et puis après, des écrivains m’ont accompagné et ont profondément nourri mes choix artistiques et intellectuels : Julien Gracq, Peter Handke, Victor Segalen… Et Homère, L’Odyssée, que j’ai lue je ne sais combien de fois.
Plus tard, Georges Perec, Jacques Roubaud, etc. : tout comme eux, j’aime penser certains de mes projets selon des protocoles oulipiens et situationnistes.
Un film dont tu te sens proche
J’ai été très cinéphile, au point que, avant de devenir photographe, j’avais envisagé de faire du cinéma. J’ai passé une partie de mes études à Sciences Po à la Cinémathèque, surtout lorsqu’il y avait des rétrospectives : Yasujirō Ozu, Kenji Mizoguchi, Luis Buñuel…
J’avais vu tous les Godard, tous les Bergman, tous les Bresson (Robert)… Mais, un peu plus tard, le réalisateur avec lequel je me suis senti le plus en affinités (et je le suis toujours), c’est Wim Wenders lorsque j’ai découvert Au Fil du Temps (Im Lauf der Zeit). C’était en 1976, je commençais à peine à photographier et j’ai eu le sentiment d’avoir une sorte de grand frère qui m’indiquait le chemin.
J’ai retrouvé cette complicité plus tard avec les premiers Jarmusch : Stranger than Paradise (1985).
Où trouves-tu l’inspiration ?
Je ne peux pas partir au loin sans avoir au préalable réfléchi à un projet, l’avoir couché sur du papier et m’en être déjà imprégné en le rêvant sur des cartes routières précises ou, parfois aujourd’hui, sur Google Map.
Il en est ainsi de tous mes projets réalisés, mais aussi de tous ceux qui gisent au fond de mes tiroirs, comme autant de scénarios abandonnés, faute de « producteurs » ou faute d’enthousiasme réel, telle une aventure qui ne dure qu’un soir.
Comme mon travail s’est forgé principalement autour des notions de parcours ou d’itinérance, qu’il s’agisse d’explorer un territoire en s’y installant ou de le traverser de part en part en mettant en œuvre une forme de récit, le lien avec la littérature est récurrent.
Parfois, la lecture d’un livre engendre le désir d’un projet (Jaillissement & dissolution), parfois le désir d’un pays m’amène à rechercher le livre qui va nourrir le projet (Voyage au pays du réel). Mes lectures, de toute façon, sont très souvent orientées vers les projets en cours ou à venir.
Dans ma bibliothèque, il y a un classement par zone géographique ou par pays plutôt qu’alphabétique.
Mais il n’y a pas que la littérature : je peux être inspiré aussi par la peinture (Hiroshige Ando pour La Route du Tokaido ; Caspar David Friedrich pour Jaillissement & dissolution ; la peinture classique de paysage pour Arcadia revisitée, etc.) ; ou par l’Histoire de la photographie (USA 1985, un road trip d’Ouest en Est à travers les Etats-Unis).
Ce n’est pas forcément vrai pour tous mes projets, mais j’essaye de tenir un journal de travail le plus riche possible. Parfois, le travail d’écriture devient aussi important que le travail photographique. Ce fut le cas pour D’une mer l’autre (éditions Marval, 2002), et c’est le cas actuellement pour un nouveau projet en cours à travers la France (livre à venir chez Loco en 2026-2027 ?).
En-dehors de mes projets, je photographie très peu, si ce n’est aujourd’hui, avec l’usage du smartphone, une production régulière de photographies « modestes » que j’utilise en fait pour accompagner de courts textes que je réunis mois après mois (lorsque j’ai le temps) dans de « modestes » ouvrages, des Notules qui n’existent pour le moment que sur mon ordinateur.
Les photographes qui t’inspirent
Sans la découverte des photographies de Robert Frank – et en premier lieu, celles réalisées à Londres et au Pays de Galles, avant Les Américains – je ne serai sans doute jamais devenu photographe.
Dans un premier temps, celui de l’apprentissage, je regarde avidement William Klein, Josef Koudelka, Tony Ray-Jones, Bill Brandt, Bruce Davidson, Charles Harbutt, etc. ; puis je découvre rapidement la photographie documentaire américaine et c’est la seconde révélation : Walker Evans, Lee Friedlander, Gary Winogrand, Diane Arbus dans un premier temps, puis Lewis Baltz, Robert Adams, Joel Meyerowitz pour la couleur (avant Stephen Shore).
Et plus tard encore, David Goldblatt, Paul Graham, Richard Misrach, Sally Mann, voire un photographe plus contemporain, plus jeune que moi, comme Alec Soth… Aujourd’hui, je vois dans les nouvelles générations de photographes des choses qui m’intéressent, parfois beaucoup, mais rien qui me trouble autant.
S’il faut choisir 4 ou 5 photographes avec leurs images.
Robert Frank
Évidemment, parce que reconnaissance éternelle.
Lee Friedlander
Pour son inventivité, sa liberté, son humour.
Robert Adams
Parce que son esthétique « minimale » me convient tout à fait et que ses écrits sont essentiels.
Sally Mann
Parce que c’est une des femmes photographes que je préfère et que son œuvre pleine de « troubles », où s’affrontent en permanence Eros et Thanatos, est aujourd’hui critiquée par les réactionnaires et les néo-puritains de tous bords.
Richard Misrach
Parce que c’est en France et en Europe le grand oublié de la photographie documentaire américaine. Et que son œuvre, construite sous forme de « Cantos », est l’une des plus impressionnantes par son ampleur et sa profondeur.
Un livre photo sur lequel tu reviens souvent
Les Américains (1958), évidemment.
En 1976, à un moment où il était difficile d’en trouver un exemplaire, Guy Le Querrec m’avait prêté le sien. J’avais redessiné toutes les photos dans un cahier. Un peu plus tard, j’ai trouvé l’édition originale de Delpire en parfait état pour un prix dérisoire. C’est l’un des plus beaux cadeaux que je me sois fait. Je connais le livre par cœur.
C’est un photographe et un livre décisifs pour toute une génération, la mienne. Une ode à la liberté formelle, un pas de côté par rapport à la question du sujet, un pain de dynamite pour faire exploser les clichés éculés de la Beauté. À regarder comme on récite Howl (1955) d’Allan Ginsberg ou comme on lit Sur la route de Jack Kerouac (auteur de la préface de l’édition américaine).
Pas sûr que les plus jeunes y trouvent aujourd’hui la même « nécessité ». À l’ère du numérique et de l’IA, les images sont trop pauvres, trop peu aguichantes, à la fois trop simples et trop intellectuelles.
Partie III : Le processus créatif de Thierry Girard
Qu’est-ce qui vient en premier chez toi : l’idée d’un projet ou bien des photos individuelles qui suggèrent un concept ?
L’opportunité de concilier une envie de territoire, de pays ou de voyage avec un concept, un projet qui s’inscrit dans la continuité de ma démarche artistique. De l’élaboration du ou des concepts qui vont être mis en œuvre naissent des choix esthétiques : non seulement privilégier soit les paysages ou certains types de paysages, soit les portraits ou les scènes urbaines, soit un mélange de tout, mais aussi se poser à chaque fois la question de savoir comment photographier sans se répéter, tout en gardant son identité esthétique.
Choisir l’outil (aujourd’hui, soit la chambre 4×5 argentique, soit le moyen format numérique, mais aussi l’iPhone, de plus en plus). Parfois, comme je l’ai déjà écrit, ce sont des lectures qui génèrent et le pays et le concept : d’un projet à l’autre, j’essaye de ne pas me répéter en introduisant des « variantes », même si les choses sont globalement bien établies depuis longtemps.
Parfois, lorsque je ne suis pas à l’origine d’un projet, mais qu’il vient d’une commande, j’échafaude différentes hypothèses de travail et j’attends d’être sur place pour voir lesquelles sont les plus pertinentes. Quoi qu’il en soit, il y a toujours cet écart merveilleux entre ce qu’on imagine d’une nouvelle aventure et ce qu’il se passe réellement.
Pour tout nouveau projet, les premiers jours sont décisifs : comme dans l’écriture d’un roman ou d’un film où l’on va poser les personnages et l’intrigue (il peut évidemment y avoir des rebondissements), il faut que les items principaux apparaissent rapidement dans le corps du récit.
Quels éléments clés doivent être présents lorsque tu crées un projet photo ?
Il y a souvent, en filigrane, une dimension biographique dans mes projets. Je ne me mets pas en scène, je ne photographie pas le quotidien de l’aventure, mais je participe réellement de celle-ci et ce n’est jamais totalement un hasard de choisir d’être ici à tel moment de ma vie, plutôt que d’être ailleurs.
Le choix des items est très lié à mes préoccupations du moment. Je me souviens d’un projet (Frontières, 1984-85) où j’étais amoureux et j’en cherchais la confirmation dans le paysage.
Sinon, un projet est fait de multiples apports et d’enrichissements divers. Et plus on vieillit, plus la besace est lourde (mais on peut se débarrasser aussi de certaines choses). Mes carnets de travail en sont le reflet.
Comment considères-tu la création d’un projet qui fait sens par rapport à la réalisation d’une grande photo individuelle ?
Il est clair que dans mon travail, le projet l’emporte sur le désir de rajouter dans la boîte une photographie parfaite et iconique de plus. Bien sûr, je préfère les photos réussies à celles qui ne le sont pas, et dans chaque projet, il y a des images qui sont meilleures que d’autres et qu’on met en avant lorsqu’il s’agit de montrer ou de valoriser son travail. Mais je suis assez confiant pour savoir que je peux toujours extraire une poignée ou un peu plus d’images qui se distinguent.
Par exemple, je n’ai jamais fait d’exposition de « best of » : choisir ses meilleures photos ! Ça m’emmerde souvent chez les autres, ça m’emmerderait chez moi. Ça ne m’empêche pas de réfléchir à la possibilité d’une rétrospective de mon travail, avec l’idée de privilégier les concepts mis en œuvre sur le temps long dans mes différents projets, plutôt qu’une sélection de purs chefs-d’œuvre.
Et comme le rappelle Raymond Depardon dans Errance (2003), il ne faut pas avoir peur des temps faibles dans l’organisation d’un récit.
Quelle relation entretiens-tu avec le concept de beauté en photographie ?
Vaste question. Complexe, car on parle rarement de la même chose. J’ai régulièrement entendu des gens (des élus notamment) dire que mes photos étaient moches, car elles ne correspondaient pas aux clichés habituels de la représentation du paysage et, in fine, de son idéalisation.
Je ne cherche pas le beau pour le beau, j’essaye de faire des photos intelligentes, qui ont du sens, qui ont de l’épaisseur et qui peuvent peu ou prou s’inscrire dans la mémoire de celui qui regarde. Je ne suis pas indifférent à l’idée qu’il y ait du plaisir à regarder mes photos, bien au contraire. Je ne cache pas non plus qu’il y a parfois un peu d’ironie et d’humour.
Je ne photographie guère de paysages majestueux ou grandiloquents : je cherche la beauté des paysages vernaculaires et des paysages simples, y compris de nature. Comme je cherche la beauté, la vérité dirais-je, des gens ordinaires, sans triche et sans fard, mais avec respect.
As-tu ce que l’on appelle un « style photographique » ?
J’appartiens à l’école de la photographie de style documentaire et je me réfère principalement à la photographie nord-américaine ; mais la longue tradition allemande, depuis August Sander jusqu’à Joachim Brohm, ne m’est pas indifférente non plus.
Et si je peux me sentir proche de certains photographes français, ils ont les mêmes références que moi (il faut rajouter Eugène Atget évidemment, majeur entre les majeurs, et Henri Cartier-Bresson parce que, pour ce dernier, on ne peut pas y échapper, même si aujourd’hui rien dans mon travail n’y fait référence).
Après, comme me l’a dit un jour Joel Meyerowitz : « Il faut que tu trouves quelque chose qui te distingue des autres, et après c’est bon ! ».
Quant à savoir ce qui distingue mon style d’autres styles, ce n’est pas vraiment à moi de le dire.
Comment définirais-tu ton approche sur un continuum qui irait de complètement intuitif à intellectuellement formulé ?
Comme je l’ai déjà expliqué, je suis plutôt du genre à bien formuler un projet en amont. Mais lorsque je suis sur place, je suis évidemment face à l’inattendu et à la vérité du Réel ; et il faut alors réagir de manière vive.
Et parfois savoir recaler son propos initial. Tant pour les concepts que pour l’aptitude à photographier.
S’agissant de cette dernière, mes années Leica m’ont beaucoup aidé à avoir cette forme de promptitude. Mais je crois posséder aussi une certaine forme d’intuition, ne serait-ce que dans ma manière de me poser quelque part et de voir que ce qui advient correspond à des attentes espérées.
Être au bon endroit au bon moment. Et en avoir en quelque sorte la prémonition.
Comment définirais-tu ta photographie sur un continuum qui irait de document scientifique à poésie abstraite ?
Ni d’un bord, ni de l’autre. Certes, lorsque je travaille sur mes observatoires photographiques du paysage, je suis bien conscient que la valeur documentaire et « scientifique » de mes photographies est alors primordiale ; même si, comme l’a très bien expliqué Raphaële Bertho dans un texte qu’elle a écrit pour Paysages Temps (éditions Loco 2019), d’une contrainte, j’ai réussi à faire une œuvre.
Je me souviens aussi d’une période (fin des années 80, début des années 90) où la dimension métaphorique du paysage (avec ses arrières-plans poétiques et philosophiques) l’emportait largement sur le reste. Depuis, j’en reviens à ce que j’écrivais précédemment sur la Beauté.
Au-delà de l’aspect documentaire des photographies, je ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, j’évite tout excès de démonstration, et je trouve la poésie dans « le parti-pris des choses. » (Francis Ponge)
En supposant que tu photographies aujourd’hui avec ce que tu considères comme ta voix naturelle, as-tu déjà souhaité que ta voix soit différente ?
J’aurais pu rester dans mon premier style (celui de Far-Westhoek) et il m’est arrivé d’en avoir la nostalgie. Mais je pense que c’était une impasse.
On peut toujours aussi avoir d’autres tentations, cela m’est arrivé. Se sentir héritier de Walker Evans et puis avoir soudain envie de faire un Edward Weston…
Que fais-tu lorsque tu doutes ou tu te sens bloqué sur le plan créatif ?
Je me sens rarement bloqué sur le plan créatif. J’aime « inventer » de nouveaux projets. Si j’éprouve parfois moins la nécessité de photographier, je fais autre chose. J’écris par exemple.
Par contre, le doute est toujours présent, et il est particulièrement vif à la fin d’un projet, lorsqu’on rentre chez soi en se demandant si on n’est pas passé à côté et si on a tout bien fait comme on l’espérait au départ.
C’est la raison pour laquelle je ne regarde jamais (sauf urgence extérieure) mes fichiers tout de suite. Autrefois, lorsque je faisais de l’argentique, il y avait déjà le délai du développement et des planches-contacts.
Je recevais ces dernières et je pouvais les regarder de manière lointaine, sans procéder à quelque choix que ce soit, juste pour contrôler, vérifier au moins que ce n’est pas flou. Même chose avec mes fichiers aujourd’hui. Ils peuvent reposer longtemps dans leurs dossiers sur l’ordinateur avant que je me décide à opérer un premier choix.
Comment sais-tu qu’un projet photo est terminé ?
Tout dépend des circonstances. S’il s’agit d’un parcours, il y a toujours un dernier jour, une dernière étape, et le souci de faire en sorte que les dernières images soient au niveau de ce qui a précédé. Ce n’est pas toujours facile. Il n’y a pas forcément de repentir possible.
Je suis souvent partagé entre soulagement (être allé au terme d’un projet) et inquiétude (est-il vraiment achevé ?). En fait, même si un projet s’est réalisé en plusieurs sessions et plusieurs voyages (en Europe centrale, en Chine, en Inde, au Japon par exemple), il y a toujours un moment où un projet se termine pour de multiples raisons : il y a une deadline et il faut prévoir le temps de la restitution.
Les partenaires ont donné ce qu’ils pouvaient et il n’y a plus d’argent pour continuer ; et il peut y avoir aussi, de ma part, une forme de lassitude. Ça peut être l’envie de passer à autre chose, à un autre projet ; ça peut être aussi une lassitude temporaire, comme lors de mes différents séjours en Inde : au bout d’un mois, je suis épuisé, je ne vois plus rien, je dois rentrer.
Il faut savoir aussi que j’ai pris l’habitude, entre autres pour des raisons familiales (si on veut préserver son couple et voir grandir ses enfants), de faire des séjours à l’étranger assez courts (de 2 à 3 semaines en moyenne, même s’il y a eu des exceptions). Cela m’oblige à travailler de manière intense dès que je pose le pied sur le sol d’un pays.
D’où la nécessité du travail préalable, en amont, avant de partir : ne pas arriver quelque part en disant « et maintenant, qu’est-ce que je fais ? ». Si je reprends la liste de mes projets restitués, j’ai l’impression qu’aucun projet n’est vraiment achevé. On se dit toujours qu’on peut revenir corriger ou ajouter quelque chose.
Mais j’aime bien aussi cette forme d’inachèvement, cette légère frustration. Je connais des photographes qui ont des projets sans fin, et ils en sont en quelque sorte prisonniers. Il faut savoir dire « c’est la fin ! », même s’il en coûte. Sinon, on n’arrive pas à passer au projet suivant.
Le projet personnel que je mène actuellement sur la France se fait pour le moment sans soutiens extérieurs. C’est un choix. Mais du coup, il m’arrive de le délaisser pendant une longue période, parce qu’il y a d’autres projets qui viennent interférer avec des deadlines à respecter. Je viens de le reprendre et j’espère cette fois-ci ne pas le lâcher.
Pour aller plus loin
Voici quelques liens supplémentaires pour découvrir Thierry Girard et son travail.
- Ses 2 blogs : Des images et des mots (des images bien sûr, mais beaucoup de textes) et En cours / In progress (plus newsletter, mais moins fourni)
- Visiter son site : il est un peu en déshérence, mais il fonctionne. Thierry ne l’a pas actualisé depuis 2019, mais il y a beaucoup de choses dessus. Il est censé en créer un nouveau.
- Suivre son Instagram en cliquant sur sa tête.
Thierry est davantage actif sur son profil Facebook.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. N’hésitez pas à partager l’article pour lui donner un coup de pouce et ainsi faire connaître le travail de Thierry Girard (et le mien). Vous pouvez aussi me laisser un petit mot en commentaire, c’est toujours chouette de vous lire.
Poursuivez la lecture avec une autre entrevue : Dans la tête d’Arno Brignon
Rejoignez ma newsletter pour continuer à réfléchir à votre propre pratique.
Deux fois par mois, le jeudi vers 11h30, je vous enverrai directement dans votre boîte mail un article exclusif (en savoir plus sur le contenu de la newsletter).
18 réponses sur « Dans la tête de Thierry Girard »
Encore une belle découverte.
Je crois toujours connaître les photographes français ou européens, et pourtant, je découvre des auteurs talentueux qui m’étaient inconnus.
Ah chouette ! Merci Arnaud.
Superbe site très fort et bien conçu.
Je me suis inscris à la newsletter.
Mais pourquoi ce site se nomme “Le photographe minimaliste” étant donné qu’il n’y a rien de vraiment minimaliste dans votre démarche. Merci pour votre éclairage.
Pour répondre à votre question : le qualificatif de « minimaliste » fait en réalité référence à moi, plus qu’à une démarche photographique ou à un style particulier. Quand j’ai créé le site en 2019, je menais une vie assez simple (c’est toujours le cas d’ailleurs), et ce mot reflétait un certain état d’esprit personnel.
Je suis bien conscient que le nom peut prêter à confusion… mais au fond, ce que je cherche à faire, c’est aller à l’essentiel.
Merci Peter pour votre message et votre inscription à la newsletter. Bienvenue ici.
Thierry Girard, dans ses réponses, fait ressortir une démarche intellectuelle et artistique plus posée que celle des autres (parmi les interviews que j’ai lues).
On devine qu’il n’accepte l’impulsivité que dans le cadre déjà défini et très préparé de son projet. En ce sens, il semble refuser de se laisser dicter un projet par le simple cheminement photographique.
Très intéressant et motivant également.
(Ce point de vue n’implique aucune mise en concurrence entre les artistes. L’art est au-dessus de la compétition!)
La démarche de Thierry est sans doute plus « intellectuelle » que celle d’autres photographes passés sur le blog. Mais il a su trouver les mots pour l’expliquer clairement, sans la rendre hermétique ou distante. Au contraire, son texte est stimulant et donne envie de réfléchir à sa propre façon de faire. Tu as raison, Erwan. Et merci pour ton message.
Bonjour Antoine,
Intéressant « votre » choix « des divers » Thierry Girard, photographe(s).
Et toujours merci pour vos excellents et énormes partages.
Merci Martial, je vais tâcher de continuer ce format.
Une fois de plus merci pour cette découverte. Grand amateur de photographie documentaire, j’ai en plus découvert Richard Misrach.
Merci Jean-Claude. (Misrach c’est fort !)
Encore une fois, bravo et merci pour votre travail.
Merci Alain.
Continue, ne change rien (à part de photographes ;)), c’est chaque fois passionnant et nourrissant.
Merci Vincent ! Je vais tâcher de continuer la saison prochaine à trouver des photographes tout aussi passionnants.
Cette fois c’est une découverte pour moi, chouette ! Tellement de photographes, c’est fou.
En parallèle, je découvre aussi Richard Misrach. Merci.
Toujours assez impressionné par la qualité de tes articles.
Ah, enfin je te fais découvrir quelqu’un !
Misrach, c’est fort oui… Et comme le dit si bien Thierry : c’est “le grand oublié de la photographie documentaire américaine.”
Merci Lionel pour ton petit mot, ça fait plaisir.
Et je viens aussi de découvrir un photographe marseillais lors d’une exposition-hommage : Fabrice Ney, «L’image des lieux et du territoire».
Il cultivait cette quasi invisibilité médiatique, tout en étant prolixe en sa tribu photographique, SITe et Centre Photographique Marseille.
Son nom me dit quelque chose, je vais aller voir son travail. Merci Martial.