Vous découvrirez comment un voyage en Norvège en août 2012 a changé l’existence de Sébastien Van Malleghem, aboutissant quelques années plus tard à la création de deux incroyables livres, Nordic Noir et Allfather.
Temps de lecture : 22 min
Si vous avez manqué les trois premières parties, vous pouvez les rattraper ici :
- Les histoires belges (1/4)
- Le Berlin underground (2/4)
- Les morgues mexicaines (3/4)
Sommaire
Introduction : petit résumé
Sébastien Van Malleghem est un photographe belge né en 1986. Il vit une enfance un peu compliquée pendant laquelle il se retrouve livré à lui-même. Il monte un groupe de rock. Musicien pas très assidu, il préfère photographier sa bande de potes.
Après le lycée, il atterrit au 75, une école photo de Bruxelles, où il se révèle à lui-même. Ses premiers projets témoignent d’un vif intérêt pour les sujets intenses et violents qu’il aborde avec une grande sensibilité.
Entre 2008 et 2011, il suit le quotidien de policiers belges. Il passe des nuits entières en leur compagnie afin de documenter au plus juste leur travail et leurs difficultés. Il en tire le projet Police. (voir les photos de Police)
Depuis 2011, il documente l’enfermement dans les prisons belges et montre les conditions déplorables dans lesquelles elles se trouvent. Il en tirera le projet Prisons en 2014. (voir les photos de Prisons)
Nous le retrouvons en août 2012. Il ne s’est pas encore rendu à Berlin pour documenter les dernières racines de l’underground (octobre 2012), ni à Mexico pour comprendre comment la ville gère ses centaines de morts quotidiens (mars 2016).
L’importance du vide
Vendredi 3 août 2012, Braine-l’Alleud, à 20 kilomètres au sud de Bruxelles.
Je coince un dernier sac dans le coffre de la Clio, prêt à prendre le volant. C’est bon pour toi, Pierre ? Pierre, c’est mon pote musicien Pierre Lateur, mon copilote. Au programme, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et la Norvège, notre destination.
Plongez dans l’atmosphère de l’article en écoutant le dernier album de Oiseaux-Tempête qui « semble avoir été construit comme la bande originale d’un film. Celui d’un monde sur le déclin, confrontant sa lente agonie dans une résilience triomphante. » (chronique de goûte mes disques).
Un an plus tôt, en juillet 2011, j’étais aux rencontres d’Arles où mon projet à deux mêlant musique et photographie avait été retenu pour une résidence d’artiste prévue l’été suivant, sur l’île de Halsnøy en Norvège.
J’ai hâte de découvrir le Nord avec toi, je dis à Pierre, en tournant la clef de contact. Je sors d’un reportage en Libye qui m’a pas mal chamboulé. J’ai même failli y passer.
Kalash à la Kadhafi
Avril 2012, Tripoli, capitale de la Libye.
C’est quoi ce bordel dans la ville ? Les routes sont bloquées, partout des milices, des mecs qui tirent dans le ciel.
Depuis le 23 août 2011, les rebelles ont conquis Tripoli, laissant les habitants envahir les résidences de Mouammar Kadhafi. Le dictateur déchu a fui la ville avant d’être capturé, lynché et tué, le 20 octobre 2011.
Plongez au coeur des événements en 10 minutes de vidéo :
- 23 août 2011 : L’assaut du quartier général de Kadhafi (2min24)
- 20 octobre 2011 : Kadhafi capturé et tué à Syrte (1min55)
- Fév. à oct. 2011 : Résumé de 8 mois de conflit libyen (4min43)
Lorsque j’arrive dans le pays en avril 2012, 6 mois après la fin de la révolution, c’est toujours l’anarchie. Escorté par les forces spéciales belges, j’ai l’opportunité de visiter ce qu’il reste de Bab al-Azizia, le quartier général de Kadhafi.
À l’intérieur, la plupart des bâtiments ont été détruits.
Au milieu des décombres vivent 150 familles parmi les plus pauvres de la ville.
Des maisons de fortune ont été construites en récupérant de vieux meubles dans les gravas.
L’endroit ressemble à un bidonville. Les gens vivent là comme des rats au milieu des ordures. Les plus faibles tombent malades du fait des conditions de vie désastreuses.
Ces endroits sont devenus le coin parfait pour vendre de la drogue, des armes ou jeter des corps la nuit. Personne ne s’en soucie.
J’ai l’impression d’assister à une visite guidée avec ces militaires qui me baladent à droite et à gauche. Au bout de 4 jours, on me laisse partir seul. Je me crée un petit réseau qui me permet d’y retourner en juin.
J’ai envie de photographier le pouvoir détruit. Mais c’est compliqué sans bien connaître le pays. Et je sens que les risques que je prends sont beaucoup trop importants. Je vois des trucs chauds, je rencontre des mecs chelous et je manque de me faire kidnapper à deux reprises.
Avec le recul, je dis à Pierre, j’ai aimé l’adrénaline, mais j’ai senti que ce n’était pas pour moi.
Vous pouvez retrouver plus d’images de The ruins of the Power sur le site de Sébastien.
Au Nord la Norvège
C’est seulement en arrivant au Danemark que je remarque la lumière changer. Je suis surpris de découvrir un pays presque aussi plat que la Belgique.
Dès qu’un endroit pique ma curiosité, je m’arrête pour l’explorer. Juste avant de passer la frontière, je repère un lac sur le GPS. Au milieu de l’eau, un jeune homme tente d’attraper un poisson à mains nues tandis que sur le rivage, attendent la mère et son chien.
Tout au nord, nous prenons un ferry depuis la petite ville de Hirtshals. Deux heures de traversée et nous voilà en Norvège, à Kristiansand.
Le centre-ville est en transe. De jeunes gens crient, courent, dansent, ivres de désir. Les pubs étincellent de mille feux. Dans ma tête, des histoires de marins revenus d’un long voyage, qui s’enivrent et rient toute la nuit.
Mais à deux heures du matin, rincé par la journée de conduite, je n’ai pas la force de photographier ce joyeux chaos. Encore quelques kilomètres pour atteindre les routes sinueuses des premières montagnes, et nous nous éteignons aussitôt installés dans un camping.
Au réveil, un vent glacial m’émeut de manière inattendue. Je pourrais y rester des heures mais il est déjà temps de repartir. Avant de rejoindre la résidence d’artiste, nous nous autorisons un petit détour dans les terres.
Les gens que je rencontre sont calmes, peu bavards mais très directs. Ils travaillent en interaction avec la nature, la respectant autant qu’ils se respectent les uns les autres.
Le soir, nous plantons nos tentes sur une plage à côté d’un fjord. C’est la première fois que j’en vois un. Autour d’un feu, deux bons amis et leur propre rhum pirate.
C’est quoi un fjord ? Si vous vous posez la question, Valérie Lemercier l’explique à Jean Rochefort et Jacques Villeret dans ce fameux extrait du film le Bal des casse-pieds sorti en 1992. Blague à part, il s’agit d’un plan d’eau salée entouré de montagnes ou de falaises.
Le silence de Halsnøy
Nous arrivons sur la côte ouest de la Norvège. Un tunnel relie le continent à la petite île de Halsnøy. De l’ancien monastère médiéval, il ne reste que quelques ruines et une vieille bâtisse dans laquelle nous allons séjourner, le temps de la résidence.
Face au bâtiment, une petite jetée s’enfonce dans l’océan, des gens pêchent. Tout le monde me semble heureux et apaisé sur cette île franchement paradisiaque. Mais qu’est-ce que je vais photographier ?
Tout ça m’angoisse. Le silence, seulement perturbé par le bruit des vagues. Seul avec moi-même, je rumine, le sang qui bout comme une marmelade. Pour me calmer, je cours sur la plage, le son à fond dans le casque. Je crie pour évacuer. Rien ne m’apaise. Autour de moi, que des herbes et des arbres à photographier.
J’ai l’impression que tout le monde m’observe de loin, d’un air un peu mal à l’aise, du genre il a pas l’air net ce type.
Du côté de Pierre, tout va bien, il commence à composer. Au bout d’un jour ou deux, nous sommes invités à dîner chez Helén Petersen et Øyvind Hjelmen, les organisateurs de la résidence d’artistes, tous deux photographes.
Après seulement 10 minutes de conversation, Helén me regarde droit dans les yeux et me fait :
Sinon ça va la tête ? Très direct, à la scandinave.
Pardon ? On ne se connaît pas, c’est quoi cette question ?
Tu as quoi, 25 ans, tu traînes chez les flics, dans les taules et sur des zones de guerre. Qu’est-ce que tu fous ? Comment va la tête ?
Le simple fait que l’on puisse remettre en question toute cette violence qui me semblait presque innée, fait tout sauter dans ma tête. Je repense à ces derniers mois, à la façon dont je me suis comporté avec mon entourage. J’étais irritable, parfois même agressif.
Les jours qui suivent, je m’apaise un peu. Øyvind me prête un moyen format, un Rolleiflex. Je ralentis. D’autant que je peux développer mes films dans un labo au sous-sol.
Je photographie une barque sur l’eau, la brume au petit matin, et ça me va bien.
La deuxième partie du séjour se passe encore mieux. Je photographie des moments qui me touchent, au gré des paysages rencontrés et de mon paysage intérieur.
J’essaie même des nouveaux trucs. Des mises en scène chelous. Je demande à des gens de poser avec des draps. Bon, les images ne sont pas tops mais je prends mon pied. Des sortes de brouillons, j’en sais rien.
À un moment donné, je fais un bon portrait, une vieille dame traversée par un rayon de lumière.
Le lendemain, elle nous invite chez elle, mon pote et moi, à manger un bout de tarte. Elle dit qu’elle est voyante. Et me voilà à l’écouter en train de me dérouler toute ma vie. Troublant.
Je rentre de cette résidence au bout d’un mois sans beaucoup de photos qui tiennent la route. Juste le sentiment confus qu’il s’est passé quelque chose.
Sur le retour, Pierre me fait, Seb, je ne t’ai jamais vu aussi heureux qu’ici.
Ouais, cool cette parenthèse. C’est bien mignon tout ça mais la vie normale reprend. Dans quelques jours, je repars pour une autre résidence, à Berlin.
Malheureusement, je tombe gravement malade. Opération et 3 semaines de convalescence.
Parfois, il n’y a pas de surprise dans la vie.
Sébastien se rendra finalement à Berlin un mois plus tard, en octobre 2012. Vous connaissez la suite de l’histoire si vous avez lu l’article Le Berlin underground de Sébastien Van Malleghem.
Nordic Noir (2013-2017)
À la fin de mon escapade berlinoise, Sebastian, chez qui j’ai logé, me dit, je crois que ça te ferait du bien de te barrer un peu des villes.
Cœur islandais
Sur un coup de tête, je chope un billet d’avion pas trop cher pour l’Islande. Aucune attente si ce n’est de me laisser vivre. Dès mon arrivée, je me sens tellement bien. De grands espaces, pas d’humains, de l’eau partout.
Je fais le tour du pays en bagnole.
L’Islande m’apporte tant. D’un, elle m’apaise. De deux, j’y rencontre ma femme. Et ça change tout pour moi.
Dès lors, j’envisage de continuer les reportages et d’y retourner dès que j’ai les sous. Respirer et revenir à une certaine forme de simplicité.
De 2013 à 2017, Sébastien s’y rendra 8 fois. Mais aussi au Danemark, en Norvège, en Suède, en Finlande. Tantôt seul, tantôt avec sa femme ou un ami.
Éprouver le chaos
Au début, c’est très dur de percevoir dans toute cette beauté quelque chose de personnel.
Je prépare mes voyages en repérant des villages photogéniques. À chaque fois, rien n’en sort. Et parfois, sur le chemin du retour, je fais l’image qui restera.
Un voyage intérieur
Il s’agit en quelque sorte de s’autoriser à lâcher prise. Simplement vivre. Vivre et photographier. S’arrêter devant quelque chose que l’on ressent beau, et le photographier. Être ému un instant, et le capter.
Solstice d’été
Au début d’un été, j’assiste aux parades du Midsummer, une fête majeure dans les pays du Nord. Les habitants célèbrent le solstice d’été en allumant des feux de joie censés protéger des mauvais esprits. C’est beau, tout le monde est en costume. C’est beau, mais c’est pas ce que je cherche.
Plus tard dans la soirée, les feux s’éteignent. Ne reste que quelques silhouettes et une lumière transcendante. Je sens que c’est pour moi, je réagis.
À chaque voyage, je ne sais pas exactement ce que je cherche mais je vais toujours un peu plus loin.
Tempête d’hiver
Je débarque en Islande en plein hiver, au moment où une grosse tempête s’abat sur le pays. J’ai envie d’explorer bien que l’on m’en dissuade. C’est vrai qu’ici, on ne rigole pas avec les tempêtes. Elles retournent les bagnoles, elles tuent.
Avec des amis, on décide de se rendre dans un parc national. À l’arrivée, pas un pet de lumière, comme c’est l’hiver. On n’y voit que dalle. Avant de faire demi-tour, je sors de la voiture pour fumer une sèche. Devant moi, une silhouette. Je balance un coup de flash dans la tempête et c’est ça qui sort.
Avec mes premières images, me vient l’idée d’une sorte d’essai photographique reflétant ma propre sensibilité.
Les paysages traversés
Je montre mon travail à une amie qui bosse pour un magazine.
Elle me fait, c’est drôle, quand il y a des humains, t’es vachement bon. Par contre, avec les paysages, t’es vraiment nul. Tu sais quoi ? Je vais les bosser à fond. Faire du paysage sans faire du paysage. Photographier les pays nordiques en prenant le contrepied des clichés.
Un jour, je roule en voiture dans l’un des plus beaux endroits de Norvège, l’archipel des Lofoten. Un paysage à couper le souffle, je m’arrête, attiré par une montagne tout au fond.
Je flâne un peu avant de repérer une marque à mes pieds. Une trace de pneu, genre marche avant, marche arrière, comme si on avait été trop loin. Ça me touche.
Au fil des voyages, je continue à travailler mes paysages, je trace ma voie.
De retour en Belgique, le petit monde de la photo a vent du projet. Oh le mec, il devient artiste ! Les gens ont parfois la prétention de dire ce que tu es censé faire. Alors que tu es tout le temps seul quand tu es photographe. Personne n’est là pour toi.
Rien à foutre, je suis mon instinct, je sens que je tiens un truc.
Croix illuminé
En Islande, une nuit seul au volant, je distingue au loin une croix illuminée. C’est quoi ce truc ? Sans doute un cimetière. Bon, je me retape tout le fjord, il est plus de 2 heures du mat. Je tombe sur un ado à poil en train de pisser sur la croix.
Vite repéré, je lui dis, je prends des photos, ça te dérange ? No, no, sir. Can i pose ? Ouais ! Le kid me dit qu’il se fout souvent à poil, ça le fait triper. De manière diffuse, je distingue un bruit sourd genre grosses basses. Je me dis, doit y avoir des camés pas loin. Mais non.
Derrière un buisson se cache un gros SUV. À l’intérieur, les potes du gamin en train de boire des coups, avec la musique à fond. Ils rappliquent et me font, sir, sir, can we pose with our friend ? Can we take a picture of all of us ? Ouais !
Et ils s’alignent comme ça.
Écoutez Sébastien raconter cette bande d’ados :
La scène aura duré moins de 10 minutes au fin fond d’une nuit islandaise.
Romantisme noir et mysticisme
Avec le temps, le Nord devient mon propre monde.
Ces lieux extrêmes, sources de danger et de liberté, ont raisonné en moi. J’ai entrepris une sorte de quête esthétique, expression d’une sensibilité passionnée et mélancolique dans laquelle l’âme retrouve sa place au détriment des questions sociales.
Ainsi naît Nordic Noir, mon monde fantasmé et imaginaire, entre vénération de la nature et mysticisme, entre romantisme et ténèbres. Mes obsessions ont rejoint celles du romantisme noir dont voici quelques symboles.
Le désir de voyager
Le lieu isolé
La route
La route génératrice de spiritualité, comme dans le roman de Jack Kerouac, Sur la route.
Le héros romantique
Solitaire et tourmenté, il rejette les normes et les conventions établies. Il est caractérisé par l’introspection, l’errance, la mélancolie, la misanthropie et l’isolement.
La femme fatale
Mystérieuse et indomptable, sculptée par la lumière, dans le nuage irréel de la fumée de sa cigarette. On la suivrait au bout du monde.
La frénésie adolescente
Une esthétique associée à l’excès adolescent de l’expression des pulsions.
Le paysage âpre et solitaire
Des ambiances sombres avec des décors comme le cimetière, le paysage nocturne, des lieux hostiles.
L’Homme petit face à l’immensité
La nature déchaînée
La tempête
Le brouillard
Les eaux profondes
Les animaux emblématiques
La religion
La croyance au surnaturel
Les créatures mythiques
- Le vampire
- Le fantôme
- Le revenant
- La nécromancienne
Les sciences occultes
- La magie
Le fameux tour de magie d’un corps coupé en morceaux.
- Le vaudou
- Le sacrifice d’animaux
Vous pouvez retrouver d’autres images de Nordic Noir sur le site de Sébastien Van Malleghem.
Sorti en septembre 2017, Nordic Noir est un succès.
Allfather (2018-2021)
Après la sortie de Nordic Noir, j’éprouve un gros down. Ainsi s’achève un processus créatif de plusieurs années voire de toute une vie, tant ce bouquin c’est moi. À peine publié, je suis déjà supposé réfléchir à la suite.
Géographie américaine
Je ne le sais pas encore mais la suite a déjà commencé. En 2016, j’ai réalisé un reportage dans le sud de la Floride, sur la diminution du territoire des Everglades causée par l’urbanisation à outrance. Le sujet n’a pas intéressé grand monde. Bref.
Les Everglades en Floride
J’y retourne deux ans plus tard pour creuser le sujet. Je découvre que la hausse de l’immobilier repousse les populations les plus pauvres hors des villes, parfois même jusqu’en pleine nature.
Je suis installé dans une caravane à Homestead en bordure des Everglades. Mode de vie très low key. Juste une caisse pour bouger. Tous les matins, je discute avec une femme qui vit là. Elle me dit d’aller à Wynwood. Ça va te plaire, y’a des peintures pleins les murs. Une heure de bagnole pour me retrouver dans l’un des quartiers les plus gentrifiés de Miami, super.
À l’origine, le coin était un no man’s land seulement habité par des entrepôts désaffectés. Pour redynamiser tout ça, le maire a encouragé les initiatives avant qu’un promoteur immobilier ne flaire le potentiel. Fan de street art, il a fait venir des graffeurs du monde entier pour peindre les murs des bâtiments qu’il venait d’acheter.
En quelques années, l’endroit est devenu tendance, si bien qu’aujourd’hui y pullule des galeries d’art, des restos bio et des boutiques vintage. Des gens font des selfies devant les fresques, à quelques mètres de gars qui crèvent la dalle.
Je vois passer un mec devant une peinture murale représentant un oeil et un crocodile. Ça fait tilt, je fais la photo et je me tire.
Depuis 2013, le photographe Matt Black a entamé un projet sur les laissés-pour-compte aux États-Unis. Son travail me marque et m’influence sans aucun doute. La lumière, la peau, ça se voit.
Le projet de Matt Black aboutira en 2021 à la publication d’un livre, American Geography.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article de Polka Magazine intitulé « American Geography » de Matt Black : Territoire des bannis (à peu près 3 min de lecture) et voir la vidéo de Photoculte intitulée Le carnet de route photographique vu par Matt Black (6 min 51).
Attention aux alligators
Dans les Everglades, un guide touristique me propose de m’amener hors des sentiers battus. Dans des herbes plus hautes que moi, je fais pas le fier. Je croise des panneaux attention aux alligators, j’ai un peu les boules.
En même temps, je suis rassuré parce que le type est né ici. Il se déplace là-dedans à une vitesse pas possible, il repère des animaux à 100 mètres. Je tente de le suivre pendant qu’il raconte des histoires de pythons qui font 6 mètres et 100 kilos. J’ai la sensation de ne rien dominer, d’être vulnérable dans une terre hostile à l’Homme. Et j’aime ça.
Des alligators se prélassent dans un étang. Je les observe, fasciné, pendant que le guide m’explique que la croissance urbaine entraîne la réduction de leur territoire. À tel point qu’on peut se retrouver nez à nez avec un alligator dans son jardin.
Tu veux nager avec eux ? me demande-t-il. Aucune raison qu’ils te cherchent des bricoles si tu ne les embêtes pas. Équipé d’un petit Coolpix étanche de Nikon, j’enfile une combi, une ceinture de poids, et me jette à l’eau.
Sur la terre, les alligators impressionnent par leur physique massif. Mais dans l’eau, ils dégagent une telle grâce. Je les contemple alors qu’ils passent délicatement au-dessus de moi. Sublime.
À peu de chose près, la plongée devait ressembler à ce reel Instagram.
À mon retour en Europe, je me retrouve avec un petit corpus d’images autour du citoyen américain dont le mode de vie impacte la nature et la faune locale.
Je décide de poursuivre cette piste.
Les feux de Californie
Quelques mois plus tard, en novembre 2018, a lieu l’un des incendies les plus meurtriers de Californie, qui fera au moins 89 morts.
Pour en savoir plus, vous pouvez regarder la vidéo hallucinante du Huffington Post, quelques heures après le début des incendies : La Californie à nouveau ravagée par un incendie spectaculaire (1 min 39).
Je suis chez moi, je vois ça à la télé. Après le choc, je décide de m’y rendre. J’atterris à Santa Monica au moment où les incendies sont à peu près maîtrisés. Les dégâts sont immenses, je me balade au milieu des cendres. L’insupportable odeur de feu froid. Des visages hagards qui glacent le sang.
Après l’incendie de Woolsey, tout est dévasté, je constate les effets du réchauffement climatique. Toutes ces bagnoles cramées, tous ces gens qui ont dû quitter leur baraque. Devant moi, une certaine vision de l’Apocalypse.
Je me repose un peu avant de rejoindre Paradise, une ville que l’incendie Camp Fire a entièrement rayé de la carte. Sur le chemin, je croise des animaux morts, sans doute percutés par des voitures qui fuyaient l’horreur.
Après une pause près de Sacramento et 800 km de route, j’arrive à Paradise, avec la sensation d’être plongé dans un film de science-fiction.
Dans un quartier de la ville, je croise des cerfs effrayés quand je remarque une maison encore debout. Je m’approche et rencontre un homme resté là, sous le choc ou un peu fou.
Plus loin, un pompier vêtu d’une combinaison de protection chimique cherche un cadavre au milieu des décombres.
De retour en Belgique, j’ai en tête de continuer à documenter le Sud des États-Unis, le côté sauvage du pays. Pourtant, je ne le ferai pas.
Mes potes me disent que mon travail manque de quelque chose, de sueur, d’humain. Faut dire que je n’ai pas vraiment accroché avec l’Américain de base. Par misanthropie peut-être, je ne sais pas.
L’idée de mon prochain projet naîtra véritablement l’année suivante, lors d’une résidence d’artiste de deux semaines en Norvège, dans la région de Vesterålen.
Sublimer la nature
Je débarque dans le Nord de la Norvège en octobre 2019. Je vis seul dans une petite maison de pêcheur en bois, uniquement chauffée par une cheminée, je m’y sens bien à peine le pas de la porte franchi.
Après une bonne nuit de sommeil, je commence à me balader jusqu’à ce que je tombe sur un type habillé en chasseur, l’air étrange. Après une brève discussion, j’en viens à lui demander si je peux le suivre chasser dans les montagnes alentour. Il bougonne mais accepte. Je m’appelle Robert, je viens vous chercher demain à 7h.
Le lendemain, je suis prêt. Avez-vous déjà escaladé une montagne ? me demande-t-il. Nan. Il marmonne à nouveau et me dit de faire gaffe à ne pas glisser sur les rochers gelés.
À peine la phrase terminée que le voilà parti à toute allure.
Je repère des feuilles entourées de givre, un détail que je trouve à la fois beau et fragile.
On décide de manger au sommet de la montagne pour profiter de la vue. Personne autour, silence pur et brise froide. Robert dit qu’il aime être là-haut. Rien de plus, mais j’ai compris.
Il est déjà temps de se remettre en chemin. À peine a-t-on commencé à redescendre que l’oeil de Robert s’illumine. En un instant, il vise et tire. Il court vers sa prise. L’oiseau est couché sur la crête, chaud, paisible, mort. Sa grâce me bouleverse.
Il enveloppe délicatement le corps mou dans un journal et le met dans son sac à dos. Plus tard, il sera suspendu dans une grange avant d’être cuit.
Je pense au travail du belge Dirk Braeckman que j’aime beaucoup. C’est le photographe du gris. Il photographie autant un rideau qu’un corps de femme avec toutes les nuances de gris, gris perle, gris charbon, gris argent, etc.
Je perçois un fil conducteur dans mon travail sans pouvoir lier les images entre elles. C’est mon ami Gert qui va m’aiguiller.
Nature cosmique et métaphysique
Gert Verbelen est un ami mais aussi le graphiste avec qui j’ai bossé sur Nordic Noir. Il a aussi un excellent oeil alors je lui montre mon travail récent.
Il me fait, tout le reportage, vire-le. Garde seulement ce qui est poétique et métaphysique. Ça fait tilt dans ma tête. Il a raison. L’accent sera mis sur la nature. Fragilité et grandeur. Des à-plats graphiques pour un beau livre en forme d’ode à la nature.
Dès lors, je photographie un peu partout. En Scandinavie et en Islande où se trouve ma belle-famille, en Bretagne, même dans mon jardin en Belgique. Se dire que la nature est belle partout.
Silhouette dans le ciel
Quand je me rends à Reykjavik, l’une des premières choses que je fais c’est descendre le long de la côte pour voir Esja, ma montagne préférée en Islande.
Un matin, je cours le long de l’eau, perdu dans mes pensées. Je tombe sur ça. Je fais l’image de cette silhouette géante dans les nuages.
Rideau de pluie
Une sortie en bateau avec un pêcheur sur une petite île de l’archipel de Vesterålen en Norvège. Le type me lance, y’a une grosse tempête qui se prépare, faut pas qu’on traîne. Il ne prend pas ça à la légère parce que si quelqu’un tombe dans l’eau gelée, il meurt.
Avant de rentrer, je vois ça, toute l’intensité du monde. Le monde qui t’avale, comme une force supérieure.
Orque sacré
En 2020, pendant la pandémie de covid, on me détecte une maladie auto-immune. Le traitement me fout par terre. Une fois sur pied, je décide de tout faire pour nager avec les orques, des animaux que j’ai toujours voulu voir.
Après un tas de démarches pour quitter la Belgique, je peux me rendre en Norvège en décembre. Deux semaines de quarantaine, 800 bornes de bagnole dans l’extrême nord du pays, à lutter contre les bourrasques de neige, et j’arrive enfin à Skjervøy.
Après avoir été briefé par les deux Français qui gèrent l’expédition, un ancien bateau des forces spéciales norvégiennes nous amène sur l’île de Seglvik. J’enfile une combi bien épaisse. On me file des palmes, un masque et un tuba.
L’hiver, en Norvège, il fait quasiment nuit tout le temps. Une heure par jour seulement, un petit rayon de lumière dorée apparaît derrière les montagnes. Il faut le guetter parce que c’est le seul moment de la journée où l’on peut plonger. Je me lance, mon appareil photo dans un caisson. Je rate énormément parce qu’il fait noir et que je ne suis pas photographe animalier. Quand je sors la tête de l’eau, je ne vois pas le bateau, c’est flippant.
Au final, je garderai cette image. Pas la plus nette, mais celle qui transmet au mieux la vision quasi sacrée que j’ai eue dans l’obscurité.
La quête du sublime
En 2021 sort le livre Allfather.
Trouver de la beauté dans l’inexprimable, c’est le sentiment du sublime, plus que du beau. La souffrance, la douleur, le danger, tout ce qui est terrible est source de sublime, c’est-à-dire, capable de susciter la plus forte émotion que l’âme puisse ressentir.
Dans Allfather, tout est bouillant, énergique, intense, et toujours noir, parce qu’au fond, on connaît tous la fin de l’histoire.
Vous pouvez retrouver d’autres images de Allfather sur le site de Sébastien Van Malleghem.
Il est possible de se procurer le livre Allfather. J’ai demandé à Sébastien s’il pouvait faire un petit geste pour les lecteurs du blog. Avec le code MINIMALISTE, vous avez le droit à 10% de réduction sur toute sa boutique en ligne.
Conclusion
Dans le premier article, j’écrivais ceci : « Il fallait bien 2h30 d’interview pour tenter de le décrypter. Et encore, les choses sont complexes, les réduire en mots, c’est déjà simplifier. »
J’espère que cette série d’articles vous aura éclairés. Comment se construit la vision unique d’un photographe ? Une question d’éducation, de personnalité, de goûts, de dégoûts, d’influences, de chance, de travail, d’erreurs, de doutes… Les choses sont complexes.
Pour Sébastien, transformer sa noirceur en poésie a aussi été une question de survie. Comme il le confesse :
J’ai fait la connaissance de Sébastien en septembre 2021 alors qu’il signait des exemplaires d’Allfather à Paris. Il m’a dit, j’ai adoré ton article sur Khalik Allah, je l’ai lu d’une traite. Il m’a transporté à tel point qu’une fois fini je n’avais qu’une envie, sortir avec mon boîtier.
J’espère que le parcours de Sébastien vous aura transporté comme il m’a transporté. J’espère qu’il vous aura donné envie de vous exprimer par la photographie.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. C’était long, pour vous, comme pour moi. Je suis content d’en être venu à bout.
Vous pouvez partager vos impressions en commentaires, c’est vraiment chouette de vous lire. Et simplement, si l’article vous a plu, laissez-moi un petit mot, cela fait toujours plaisir.
Si vous souhaitez me soutenir, vous pouvez partager l’article et ainsi faire connaître mon travail.
41 réponses sur « Comment Sébastien Van Malleghem a transformé sa noirceur en poésie (4/4) »
Article passionnant. Merci pour cette belle découverte.
Merci Josiane.
Merci pour ce bel article !
Avec plaisir.
Merci pour cet article, hyper intéressant et captivant !
Je ne connaissais pas ce photographe, et c’est un de plus qui s’ajoute à ma liste. Son travail est d’une noirceur et d’une douceur à la fois. C’est une vraie quête. Surtout son travail Allfather, qui est d’une esthétique et d’une poésie. C’est fascinant !
En tout cas, c’est toujours un plaisir de lire tes articles Antoine, c’est complet et captivant.
Merci !
Merci Maxence.
Article captivant. Le travail de Sébastien Van Malleghem est magnifique et très inspirant.
Merci !
Merci Alice.
De la Belgique à la Libye, du Mexique à l’Islande, la Californie, la Floride, le Danemark, la Norvège, … quel trip ! Les morts, les frappés, la croix illuminée et les alligators, les orques et la solitude, le sublime et le néant, l’angoisse de l’artiste face à sa pellicule vierge, tout y est ! Sans compter les personnages dits secondaires (Dirk, Gert, Helén, Oyvind et les fantômes)… Encore une fois, Saint Antoine a fait un miracle !
Je suis davantage saint-nectaire que saint-antoine 😉
Merci Victor pour le message !
À lire ce passionnant article, on arriverait presque à pouvoir changer son propre style photographique du genre conventionnel en quelque chose qui ressemblerait à du Sébastien Van Malleghem, signifiant simplement que l’on ne peut rester insensible au travail très personnel de cet excellent photographe.
Je suis bien d’accord, Gilbert, merci !
Superbe article, comme d’habitude. J’aime beaucoup découvrir les photographes au travers de tes analyses et présentations. C’est enrichissant même lorsque le style du photographe ne correspond pas nécessairement à mes goûts « habituels ».
Encore bravo et bonne continuation.
Merci David !
Travail très intéressant… Dire quelque chose sur l’instant serait creux. En tout cas de ma part !
Merci Marie-Christine
Terminer par le début, tout en beauté, quelle bonne surprise 😉
Ainsi, je comprends mieux l’aventure photographique « noire » de Sébastien… ces images qui restent dans la tête !
Ainsi, je comprends mieux ton défi, Antoine, de mettre en musique deux heures trente d’interview… chapeau ! Tu nous as tenu en haleine ?
Ps: J’ai associé ce 4ème opus à cette pépite qu’est The Grandmother de David Lynch. Elle date de 1970 et déjà, l’oeuvre à venir est là. Associé Sébastien au maître, cela me semble être un beau compliment. Si vous ne connaissez pas ce court-métrage, j’espère que vous pourrez le voir (partager). Images fortes mais vidéo de mauvaise qualité.
Voici un lien pour voir The Grandmother de David Lynch (34min)
J’avais entendu parler de ce court-métrage sans l’avoir vu. C’est chose faite, merci Joelle !
Je comprends que tu aies eu l’idée de l’associer au travail de Sébastien. Cependant, il y a dans The Grandmother un côté surréaliste qu’on ne retrouve pas chez Sébastien. À mon avis.
Merci, merci, merci… !
Comme si la photographie, par ce seul travail, pouvait s’affirmer définitivement comme une écriture majeure. Il ne s’agit plus de représenter, de circonscrire par l’image mais de pénétrer, d’entrer dans le sens. Derrière la figure, trouver le visage.
Bravo !
Merci Paul.
Nordic Noir fait partie de ma bibliothèque depuis sa sortie. Un noir magnétique qui m’accroche sans réellement savoir pourquoi. Comme le livre de Matt Black aussi présent dans ma bibliothèque.
Et là vous venez tous les deux de m’offrir un moment entre masterclass (comme déjà cité) et introspection.
Cet article est très inspirant ne serait-ce que pour entendre que sortir de sa zone de confort ou d’habitude est salvateur.
Merci à vous deux pour ce cadeau de Noël avant l’heure.
Merci Philippe.
Merci Antoine pour ce bel article qui aborde un sujet rare. Le processus créatif est très personnel mais il peut être inspirant pour d’autres. Et merci de m’avoir permis de découvrir un photographe tel que Sébastien Van Malleghem !
Je suis moi-même en perpétuelle recherche créative et je pense que c’est à travers différentes interactions et rencontres que nous continuerons à faire évoluer notre regard et le sens qui en découle.
Content que l’article éclaire ton propre processus créatif. Merci Fabrice.
Ton article, tout autant que le travail de Sébastien, est une véritable masterclass!
Tu sais mettre en valeur les travaux des photographes et ça ne fait que transcender encore plus leur propos et leurs images. Ta plume est incroyable, juste précise, tu laisses de la place à ton interviewé, tout en ajoutant ce petit plus aux travaux présentés. 30 minutes à te lire passent comme 2 minutes…
Seul gros problème à chaque fois que je lis tes articles: mon portefeuille en prend un coup car je finis par acheter des tas de bouquins 😉
Encore merci Antoine !
Pfiou, que de compliments, je suis refait. Je ne sais pas quoi te dire à part merci. (et désolé pour le portefeuille, mais je pense que tu ne le regretteras pas).
À la prochaine Guillaume 🙂
Un vrai régal d’avoir suivi le parcours incroyable de Sébastien. Voir qu’il est possible « d’attaquer » ces projets aussi différents les uns des autres en gardant la poésie qui nous anime est vraiment rassurant.
Au-delà de ça, le talent d’écriture joue un rôle important dans l’attachement à ces travaux ! Bref, voilà un duo qui a vraiment fait mouche chez moi.
Bravo !
Merci Flo pour tes mots, ça me touche beaucoup ! 🙂
Passionnant. Merci.
Merci Dominique
Chaque article de cette série me tient en haleine.
J’ai l’impression de rester en apnée tout le long du texte.
Bravo ! Et merci pour ce portrait complexe et subtil.
Bravo Antoine pour nous avoir présenté Sebastien Van Malleghem. L’article est d’un dépouillement et d’une richesse déconcertants, à l’image des photographies de cet artiste.
Merci Maryline
Voir évoluer le regard de ce photographe est vraiment passionnant. Une esthétique qui s’affirme et qui devient magistrale. Peut-être prend-elle trop d’importance, je ne sais pas.
Merci Albert. Tu penses que l’esthétique prend trop d’importance ?
Et bien, tout est dans le titre déjà, et cette volte-face étrange est un peu trop radicale à mon goût, je cite : « … Il me fait, tout le reportage, vire-le. Garde seulement ce qui est poétique et métaphysique. Ça fait tilt dans ma tête. Il a raison. »
Quand le métaphysique et le poétique deviennent explicitement des sujets ou plutôt des systèmes photographiques et que, finalement on ne peut rien en dire ni les montrer, qu’est-ce qui reste à voir sinon une esthétique.
Je peux comprendre que le titre puisse induire en erreur. Comme si Sébastien avait abandonné le photoreportage pour la photographie d’auteur. Alors que la suite de l’article montre que les deux cohabitent et s’entremêlent. La citation suivante dans la conclusion de l’article me semble claire : « Le Nord m’a permis de trouver de la sérénité et un certain équilibre. Si j’étais tout le temps à fond dans le photoreportage, je deviendrais fou. »
Au sujet de la volte-face, je ne veux pas parler au nom de Sébastien, mais selon moi, tout ça était déjà en lui. Et son ami n’a fait que le révéler. Sinon, je pense qu’il n’aurait pas suivi ce conseil.
Et sur le dernier point, je ne pense pas que le métaphysique et le poétique soient les sujets de Sébastien. Je vois ça plus comme une façon de voir le monde. D’ailleurs, si on positionnait les travaux de Sébastien sur un axe qui irait du document scientifique à la poésie, Nordic Noir et Allfather se situeraient plus près de la poésie que ses autres travaux, on est d’accord. Néanmoins, ce sont loin d’être de pures abstractions poétiques. En cela, je ne pense pas que l’on puisse réduire Nordic Noir et Allfather à une esthétique.
Mais c’est une réflexion intéressante, merci Albert.
Très beau travail encore une fois!
Quel plaisir de lire tes articles et oui je confirme tu donnes et envie de dévorer les livres de ces photographes et de shooter!
Merci.
Merci Hermine
Encore un super article.
Un immense bravo pour ce travail. Très passionnant et motivant.
Merci infiniment.
Merci Thibault