Dans la tête de Marie Sordat
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Photographie de rue

Dans la tête de Marie Sordat

Entrez dans la tête de la photographe Marie Sordat, au plus près de son travail, de ses goûts, de ses influences et de son processus créatif.

Temps de lecture : 19 min

Pour en savoir plus sur le concept de l’entrevue : C’est quoi l’entrevueDans la tête” ?

Les réponses sont rédigées par Marie Sordat.

Sommaire

Qui est Marie Sordat ?

Marie Sordat est une photographe franco-belge, commissaire et enseignante en photographie, née à Tours en 1976. Elle a fait des études de cinéma à l’Université de Montpellier puis à l’INSAS à Bruxelles, où elle vit actuellement.

Ses principaux projets photo

Gypsy Family (2011)

En 2001, j’ai 25 ans, aucune connaissance concrète en photographie, mon fils a à peine un an et après mes études en école de cinéma, je rêve de devenir photographe documentaire. Cela m’obsède.

Je pars m’installer dans une famille de gitans sédentarisés dans le sud de la France et je m’immerge dans leur quotidien à la fois chaotique, difficile et plein de vie.

Marie Sordat - Gypsy Family
Marie Sordat – Gypsy Family

À cette époque je photographie avec tout ce qui me tombe sous la main : ici ce sera de la diapositive couleur. Les images, incontrôlées, me dépassent, aussi bien dans leur forme que dans leur fond. Je ne sais pas quoi en faire.

Il me faudra attendre dix ans pour qu’elles soient exposées et publiées aux éditions Lannoo, dans le catalogue La photographie documentaire belge (2011).

Marie Sordat - Gypsy Family
Marie Sordat – Gypsy Family

Acheter le livre La photographie documentaire belge publié aux éditions Lannoo

MotherLand (2012)

En 2012, je pars en Bosnie-Herzégovine et en Géorgie à la recherche de mes propres fantômes. Bien que rien de concret ne me rattache à ces deux pays, je sens que j’ai besoin de m’immerger dans des pays qui ont connu la guerre, lointainement comme dans mes souvenirs d’enfance à la télévision, ou récemment pour la Géorgie.

Marie Sordat - MotherLand
Marie Sordat – MotherLand

Je me sens moi-même comme un champ de bataille, et dans cet exercice de photographie de rue à la frontière de l’autobiographie, je cherche du sens et je commence à identifier des personnages archétypiques qui deviendront récurrents dans mon travail.

Cette série, agencée comme une séquence de film en 15 images précisément, sera un point de basculement dans mon travail et sera en grande partie publiée dans ma première monographie Empire (2015), aux éditions Yellow Now.

Acheter le livre Empire publié aux éditions Yellow Now

1010 (2018-2020)

En 2018, je sors d’un très gros commissariat qui ne m’a pas laissée beaucoup de temps pour photographier.

Je reçois un appel de Simon Vansteenwinckel qui me propose de rejoindre le projet 1010 : soit 10 photographes qui proposent chacun 10 photographies sur un même espace, pour mélanger le tout à la fin.

Pour aller plus loin : Vous pouvez lire mon article Dans la tête de Simon Vansteenwinckel

Quelques mots d’ordre cependant : de l’argentique, du noir & blanc, de la rue et du collectif !

Ce sera le début d’une magnifique aventure et de trois livres qui couvrent le territoire belge, publiés aux éditions Le Mulet entre 2018 et 2020.

NADA (2021)

En 2021, je publie ma deuxième monographie, NADA, également aux Éditions Le Mulet. Il nous faudra un editing de 6 mois pour donner corps à ce projet, tant ma matière est disparate.

Marie Sordat - NADA
Marie Sordat – NADA

Bien que ciblée sur les 5 dernières années de travail, je vais parfois rechercher des images vieilles de 15 ans afin de créer les quatre chapitres du livre.

Les mots de David Martens décrivent mieux l’esprit du projet que je ne pourrais le faire moi-même :

« Sous ses ciels confus de lendemains de fin du monde, voici l’univers viscéralement vicié, divisé et le plus souvent sombre que Marie Sordat nous donne à voir au fil des pages. Un monde qui rayonne du désir d’un pays de merveilles que l’on n’aurait jamais connu, et dont le souvenir désabusé serait scellé de l’autre côté d’on ne sait trop quel miroir de mélancolie. »

Marie Sordat – NADA

Acheter le livre NADA publié aux éditions Le Mulet

Partie I : Zoom sur un projet photo de Marie Sordat

Parle-moi d’un de tes projets

Je voudrais ici évoquer le projet MotherLand, qui a été pour moi un point de basculement. Jusque-là je sens, malgré les expositions et le début de la reconnaissance, que ma pratique de la photographie est chaotique, pleine de pulsions et très désorganisée.

Entre 2009 et 2011, je traverse malheureusement une longue série de drames personnels dont je peine à me remettre et photographier apparaît alors comme ma seule boussole. Tellement de non-dits sont apparus au grand jour, tellement de violence et de disparitions à leur suite, que la photographie s’impose à moi par son rapport intrinsèque à l’effacement, à l’absence, mais aussi à la révélation. Je crois, peut-être naïvement, pouvoir mieux comprendre une certaine facette de la nature humaine en la traquant avec mon appareil photo.

Je travaille toujours en argentique, équipée de mon fidèle Contax G2, et j’utilise à cette époque uniquement de la 3200 ASA pour photographier en plein jour, avec pour résultat des images extrêmement contrastées, sans nuance de gris, où la dualité qui m’habite semble évidente : il me faudra désormais choisir entre la lumière ou l’ombre, un combat ancestral (et un peu cliché disons-le) qui habite bon nombre d’entre nous.

Marie Sordat - MotherLand
Marie Sordat – MotherLand

Mais à ce moment-là, c’est une bataille très réelle et difficile pour moi et MotherLand va m’aider à faire les bons choix, alors que je pars encore une fois vers l’Est de l’Europe, des régions que j’ai déjà pas mal explorées. Je fais de la photographie de rue uniquement, mais je cherche autre chose que la bonne image plastique.

Les personnages principaux commencent à se dessiner : des petites filles dont je m’approche de plus en plus, qui me fixent comme pour m’interroger, des bouches ouvertes, des silhouettes fantomatiques, des femmes âgées qui m’inquiètent, des hommes massifs, sans visage.

Marie Sordat - MotherLand
Marie Sordat – MotherLand

J’ai peur, je suis face à mes démons, à ces failles qui apparaissent de plus en plus concrètement dans les images, mais il me faut continuer à marcher des heures et à me rendre dans la rue encore derrière, et encore derrière. Je rentre finalement d’un dernier voyage en Géorgie, où je sens que je commence à me mettre en danger. Il est temps d’affronter ce que je suis allée chercher, et commence alors un long temps d’editing.

Je ne garderai finalement que 15 images, chacune contenant un sens précis pour moi, un petit film silencieux qui dit en photographie tout ce qu’il ne m’est pas possible de dire avec les mots. Une image en particulier retiendra l’attention, celle de la fente dans la glace et de cette main d’enfant qui cherche à y revenir, comme si je voulais moi-même entrer à nouveau à l’intérieur d’un refuge qui n’a pourtant jamais existé.

Marie Sordat - MotherLand
Marie Sordat – MotherLand

MotherLand, cette terre-mère enneigée et froide, symbole du vide et de l’abandon, me redonnera pourtant vie : exposée à de nombreuses reprises, elle sera prix du jury du Prix Virginia en 2012 et entrera ensuite à la BnF.

Serait-ce exagéré de dire qu’à ce moment-là la photographie m’a sauvée ? Peut-être, mais elle m’a en tout cas permis de choisir, en toute conscience, d’aller vers une forme de clarté.

Raconte-moi une photo de ce projet

Marie Sordat - MotherLand
Marie Sordat – MotherLand

J’ai pris cette photographie en Géorgie, à la frontière tchétchène.

Un matin j’ai pris un bus criblé de balles au départ de Tbilissi pour aller confronter mes limites. Je vais les trouver. La petite ville du terminus est une poudrière prête à exploser : des militaires surarmés vont et viennent partout, je ne comprends pas la langue, plus rien n’est en anglais. Je suis seule, jeune, avec mon appareil photo, et aucune raison d’être là. Mais j’y suis.

Je commence à déambuler dans les rues en prenant un air détaché, mais en vérité j’ai la trouille. Au détour d’une ruelle, cette scène se présente à moi. C’est le mur abimé qui a attiré mon attention. Puis un enfant passe rapidement, quitte trop vite le cadre, tandis qu’une femme toute vêtue de noir y entre de l’autre côté.

Tout est bancal dans cette image, l’instant est perdu, les personnages bord cadre, mais pourtant elle m’obsède et je n’aurais pas de répit tant que je n’aurais pas fait développer le négatif. Le sujet en est le trou dans le mur, et tout se répond étrangement : les briques, les rayures sur l’enfant, son visage absent, l’hors-champ dans les yeux de la dame en noir.

C’est une photo déséquilibrée, dont l’harmonie plastique est bancale, et qui pourtant me parle énormément. Après quelques heures je repars déjà précipitamment, je trouve le seul mot écrit dans ma langue sur un vieux guichet de bus : Tbilissi.

Le voyage de retour me semble interminable, je réalise soudain que personne ne sait où je suis et que je n’ai jamais pris de tels risques pour une photographie. La femme en noir, étrangement métaphorique, m’a pourtant laissée rentrer saine et sauve.

Partie II : Les goûts et les inspirations de Marie Sordat

Un album que tu as beaucoup écouté

Il y en a tellement ! Mais étrangement si je dois en retenir un, je dirais Unknown Pleasures (1979) de Joy Division. Ou Closer (1980).

Ce sont des albums qui ont hantés mon adolescence, la bande-son d’une époque où tout se construit. Il est rare que j’écoute ce groupe aujourd’hui mais il suffit d’un accord pour réveiller en moi les sensations puissantes qu’il provoquait à l’époque. On ne peut pas plus noir. Elliott Smith a pris le relais bien plus tard, dans un autre genre.

Écouter Unknown Pleasures sur Spotify ou Deezer.

Un roman qui a éveillé quelque chose en toi

Là aussi difficile de choisir… Un roman que j’adorais et que j’ai lu des dizaines de fois est Marcovaldo ou Les saisons en ville (1963) d’Italo Calvino.

Plus précisément, ce sont des nouvelles qui narrent l’histoire d’un manœuvre et de sa famille forcés à s’exiler en ville pour travailler. Venant de la campagne, il traque le moindre signe de nature pour y chercher du réconfort (ou de la nourriture).

C’est à la fois social, loufoque et tellement actuel.

Lire Marcovaldo ou Les saisons en ville d’Italo Calvino.

Sinon, plus récemment, j’ai été marquée par Les Bienveillantes (2006) de Jonathan Littell, Le Prince des Marées (1986) de Pat Conroy et My Absolute Darling (2017) de Gabriel Tallent.

Un film dont tu te sens proche

Mandy (2018) de Panos Cosmatos.

Il y a à peu près tout ce que j’aime dans ce film : de l’inventivité, de l’horreur, une cabane dans les forêts ardennaises et Nicolas Cage en roue libre.

On est entre la série Z et le chef d’œuvre, j’adore ce genre d’équilibre mystérieux entre premier degré et univers stratosphérique. Sinon je pourrais citer des dizaines de films de tout genre, le cinéma est probablement mon medium préféré et je regarde chaque semaine aussi bien des classiques que les propositions les plus étranges.

Voir Mandy de Panos Cosmatos sur Allociné.

J’ai quand même envie de mentionner aussi L’Humanité (1999) de Bruno Dumont, que j’ai vu plusieurs fois. J’y pense encore souvent.

Où trouves-tu l’inspiration ?

Dans la lumière, ou dans son absence. Dans l’équilibre des formes plastiques, dans la diversité du réel. Dans l’inventivité artistique de la fin du XIXème, début du XXème siècle.

Les photographes qui t’inspirent

Je lève les yeux sur ma bibliothèque et je sais qu’il m’est impossible de répondre…

De Nan Goldin à Michel Vanden Eeckhoudt, de Dolorès Marat à Arthur Tress, de Mario Giacomelli à Darcy Padilla, toutes ces photographies et (là aussi) les dizaines d’autres qui me viennent en tête hantent à leur façon la photographe que je voudrais être.

Nan Goldin

Michel Vanden Eeckhoudt

Dolorès Marat

Arthur Tress

Mario Giacomelli

Darcy Padilla

En 1993, Darcy Padilla rencontre Julie Baird au cours d’un reportage à l’Ambassador, un de ces hôtels du quartier de Tenderloin, à San Francisco, qui tient lieu d’annexe aux hôpitaux surchargés.

Elle la suit pendant 18 ans jusqu’à sa mort, témoignant à travers elle de la pauvreté, des familles brisées, de la toxicomanie, du sida, des relations violentes.

Un livre photo sur lequel tu reviens souvent

Récit (1983) de François Hers.

C’est un livre que j’ai acheté d’occasion il y a plus de 25 ans et qui m’accompagne depuis. Je m’y plonge très souvent car il contient beaucoup de textes à la première personne où le photographe mêle à la fois états d’âme, considérations techniques et philosophiques.

C’est à ma connaissance le premier livre photo à contenir autant de textes personnels et à faire travailler en parallèle les mots et les images de façon si frontale et narrative.

On traverse la carrière déjà prolixe de François Hers à travers ses propres émotions, la mise en page est très riche pour cette époque (on voit des planches-contacts, on passe du noir et blanc à la couleur, il y a un jeu de répétitions d’images de tailles différentes).

Bref, un livre dont je ne me suis jamais lassée et dont j’aime l’honnêteté radicale.

Acheter Récit de François Hers

Partie III : Le processus créatif de Marie Sordat

Qu’est-ce qui vient en premier chez toi : l’idée d’un projet ou bien des photos individuelles qui suggèrent un concept ?

Cela dépend du projet : par exemple pour les livres 1010, c’est l’idée qui prime car on va travailler sur un lieu ou une thématique en particulier.

Sinon, en règle générale, pour mes travaux personnels, ce sont les photographies individuelles, par le jeu de l’editing, qui donnent forme à un projet définitif. J’ai rarement une thématique en tête, sauf si c’est imposé dès le début.

Quels éléments clés doivent être présents lorsque tu crées un projet photo ?

Essayer de faire de bonnes photographies, qui peuvent émouvoir d’autres personnes que moi, est pour moi l’élément-clé. Cela paraît basique mais c’est ma seule réelle quête. Je ne réfléchis à rien d’autre lorsque je travaille.

Comment considères-tu la création d’un projet qui fait sens par rapport à la réalisation d’une grande photo individuelle ?

Je pense que dans un projet photo global il est important de placer quelques photographies individuelles qui sortent du lot, par leurs qualités de composition ou émotionnelles.

Comme dans une partition musicale, il faut osciller entre les temps forts et les temps faibles : trop de l’un ou de l’autre, soit on n’entend plus rien, soit on s’ennuie. C’est donc tout un art, celui de l’editing à nouveau, de savoir comment et pourquoi placer telle ou telle image dans un ordre particulier.

Lorsqu’on est en situation de prise de vues, il est impossible, surtout en argentique, de savoir s’il l’on tient « une grande photo », mais si par chance l’une ou l’autre s’avère contenir ces qualités, on sait d’instinct que c’est celle qui pourra résumer l’intention générale.

On cherche tous et toutes cette photographie, mais elle est très rare et elle ne peut pas s’auto-suffire. La bonne photo individuelle est le porte-drapeau d’un propos plus large, mais elle a souvent besoin du projet global pour prendre tout son sens.

Quelle relation entretiens-tu avec le concept de beauté en photographie ?

Je ne peux que recopier le texte qui accompagnait mon premier livre Empire :

« Cela n’a rien à voir avec la beauté,
la beauté n’a aucune importance.
Cela a à voir avec la magie. »

As-tu ce que l’on appelle un « style photographique » ?

Je suppose. En tout cas je fais partie d’une famille, c’est certain.

J’ai travaillé pendant 5 ans sur un commissariat dont le but était de comprendre cette famille et cette écriture, c’était Eyes Wild Open au Musée du Botanique à Bruxelles, et le catalogue aux Éditions André Frère.

Voir le livre Eyes Wild Open, sur une photographie qui tremble (2018)

N’ayant pas reçu de formation de photographe, je me suis nourrie d’expositions et de livres, et j’ai d’instinct été attirée par une certaine façon de voir le monde, que j’ai reproduite inconsciemment à mes débuts.

Ensuite, avec le temps, l’écriture s’affine, se précise, mais chaque fois que j’essaie de changer d’outil (un nouvel appareil, de la couleur…) je sens que cela ne marche pas. Alors je reviens à mes essentiels, c’est peut-être ça « un style » ?

Comment définirais-tu ton approche sur un continuum qui irait de complètement intuitif à intellectuellement formulé ?

C’est une question difficile car évidemment la photographie telle que je la pratique est complètement intuitive. Il n’y a pas de mise en scène, d’éclairage, encore moins de concept. Mais en tant qu’enseignante et commissaire, au contraire, tout est intellectuellement formulé.

Dans ces deux pratiques, je réfléchis énormément à ce que je propose, pourquoi, comment ? Tout doit faire sens. Il faut aussi travailler l’écrit, la transmission de savoir, manipuler l’Histoire de la photographie, sa philosophie, sa littérature.

Donc une démarche influence forcément l’autre. J’essaie cependant de garder la prise de vue en tant que telle tout à fait éloignée de la réflexion intellectuelle.

C’est au moment de faire des choix (quelle image garder, quel sens a-t-elle ?) que cela va parfois intervenir. Mais c’est surtout quand il faut finaliser un projet que la réflexion s’intensifie, ou du moins que j’essaie de faire intervenir certaines connaissances pour affiner mon propos.

Comment définirais-tu ta photographie sur un continuum qui irait de document scientifique à poésie abstraite ?

Quelque part en plein milieu ?

Si l’on considère la photographie comme une science appliquée, alors de toute façon, chaque image serait un document scientifique à sa manière. Et en terme d’abstraction, je ne m’y retrouve pas non plus complètement. J’ai besoin du réel, même s’il est trituré par le grain ou la subjectivité.

Il y a tant de nouvelles pratiques passionnantes actuellement qui jouent entre ces deux pôles, une nouvelle génération de photographes hyper calés en chimie qui expérimentent des images mixtes, qui passent d’un procédé à l’autre sans contrainte, et qui font pour certains éclore un monde aux limites de l’abstraction (ou complètement dedans d’ailleurs).

Pour ma part, ma pratique reste assez classique mais j’observe avec grand intérêt ce mélange d’écritures et de nouvelles propositions que je trouve très enthousiasmantes.

En supposant que tu photographies aujourd’hui avec ce que tu considères comme ta voix naturelle, as-tu déjà souhaité que ta voix soit différente ?

Oui, car je ne suis pas devenu la photographe documentaire dont je rêvais. Dans une autre vie peut-être.

Que fais-tu lorsque tu doutes ou tu te sens bloquée sur le plan créatif ?

Je doute énormément, la photographie est un monde professionnel difficile et très confrontant. On se remet en question sans arrêt. Et puis on passe finalement assez peu de temps à photographier, je ne serais pas la première à le dire : on passe surtout du temps à retoucher les images, à les travailler ensemble, à démarcher, à faire des dossiers.

Pas facile d’être créative dans ces moments-là. Mais il n’y a pas que la photographie dans la vie, il y a énormément d’endroits où il est possible de créer, très différemment : avec mon compagnon on retape seuls notre maison dans les bois et cela remet beaucoup de choses à la fois en perspective et en équilibre.

Sinon j’écris beaucoup, je cours et j’essaie de faire pousser des tomates.

Comment sais-tu qu’un projet photo est terminé ?

Quand j’ai les financements pour faire un livre.

Pour aller plus loin

Voici quelques ressources supplémentaires pour découvrir Marie Sordat et son travail :

  • Marie Sordat a remporté le prix Germaine Van Parys en 2024.

Marie dit : Cette année 2024 j’ai remporté mon premier grand prix photographique, le Prix Germaine Van Parys, en mémoire de cette incroyable pionnière belge du photojournalisme C’est un honneur, qui couronne 20 ans de travail et qui donne envie de travailler toujours plus.

Si ce projet en tant que tel est terminé, il m’a cependant donnée l’envie de continuer à explorer mon pays d’adoption, la Belgique.

  • Marie Sordat est passée dans le podcast Vice Versa de Michael Roemers et Sébastien Van Malleghem.

Écouter l’interview de Marie Sordat dans Vice Versa (39 min)

Si vous êtes un fidèle du blog, le nom de Sébastien Van Malleghem vous est sans doute familier puisque le photographe est passé sur le blog.

Pour aller plus loin : Vous pouvez lire mon article Les histoires belges de Sébastien Van Malleghem

  • Marie Sordat est passée dans le podcast Élan d’artistes dans lequel elle parle de sa pratique de la photo de rue, en abordant notamment les questions de l’éthique, du consentement et du droit à l’image.

Écouter l’interview de Marie Sordat dans Élan d’artistes (38 min)

  • Suivre son Instagram en cliquant sur sa tête

Conclusion

Merci d’être toujours plus nombreux à me lire. Partagez l’article pour que d’autres nous rejoignent. Ou laissez-moi un petit mot en commentaire, c’est toujours chouette de vous lire.

Poursuivez la lecture avec une autre entrevue : Dans la tête de Julien Coquentin

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16 réponses sur « Dans la tête de Marie Sordat »

Félicitation pour cet article de qualité.

Emballé c’est peu de le dire… je me suis inscrit à l’atelier de M.Sordat qui aura lieu en mai en Arles.

Merci Philippe.

Je suis certain que tu ne seras pas déçu (j’ai eu des échos positifs des ateliers avec Marie)

Encore un super article (un peu pénible) ! Et cette fois une découverte 🙂

Je viens de voir qu’au printemps 2025, on peut faire un stage avec elle aux Rencontres d’Arles…

Merci Lionel (aha)

Regarde les autres commentaires, t’es pas le seul intéressé à un stage avec Marie en mai 2025.

Super article ! Très bien écrit, très bien structuré, très bien illustré et aussi fort complet à la fois dans l’approche du photographe et dans les multiples liens qui permettent d’aller plus loin. Bravo !

Je vous remercie, chaque fois c’est dense, foisonnant, intelligent.
Lorsque j’ai fini ma lecture je me sens plus riche de sens.

Il y a déjà un bouton recherche sur le blog. Vous voulez dire une page qui récapitule l’ensemble des articles?

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