Qu’est-ce que le dye-transfer ?
Le dye-transfer, ou transfert de colorant, était un procédé d’impression pour la photographie couleur, largement utilisé jusqu’à la fin des années 1970.
Cette technique d’impression permettait des tirages exceptionnels pour deux raisons.
1/ Les tirages étaient d’une très grande qualité.
Voici les 3 principales caractéristiques :
- la netteté et la précision des détails
- la fidélité des teintes. (chaque couleur pouvait être modifiée ou intensifiée sans influencer la couleur complémentaire)
- l’éclat des couleurs
2/ Les tirages avaient une durabilité élevée.
Les couleurs conservaient leur richesse et ne se décoloraient pas avec le temps, contrairement aux techniques d’impression conventionnelles.
Toutes ces qualités font des impressions par dye-transfer des oeuvres de collection recherchées aujourd’hui.
Cette technique est aujourd’hui obsolète. À la fin de l’article, je vous présenterai son équivalent moderne. Mais avant cela, voyons quelques tirages réalisés par dye-transfer.
Quels photographes ont utilisé cette technique ?
De nombreux photographes ont produit des tirages par transfert de colorant.
Voici le plus célèbre d’entre eux.
William Eggleston
Vous connaissez sans doute la photo d’Eggleston officiellement sans nom mais communément appelée « le plafond rouge ».
Pour aller plus loin : Vous pouvez lire mon article Guide pour devenir le prochain William Eggleston
L’article a reçu de nombreux commentaires parmi lesquels celui de Raynald :
« Passionnant ! J’ai lu l’article d’une traite. Au travers de ce récit, on sent bien une œuvre en construction, qui chemine, emprunte parfois des chemins de traverse et finit par atteindre la maturité. »
Helen Levitt
Ernst Haas
Comment fonctionne une impression par dye-transfer ?
Le dye-transfer nécessitait un processus complexe qui exigeait des compétences techniques, un savoir-faire et un coût considérables.
Pour obtenir une image en couleur, il fallait superposer 3 couches de couleurs primaires :
- cyan
- magenta
- jaune
Chaque couleur était travaillée individuellement dans des bacs de colorants spécifiques.
La combinaison des trois couleurs permettait d’obtenir le résultat final.
Le dye-transfer a progressivement été abandonné à partir des années 1980.
Les coûts élevés, la complexité du processus et l’évolution des technologies ont conduit à son abandon progressif au profit de nouvelles techniques, plus économiques et plus rapides.
Par quoi le dye-transfer a-t-il été remplacé ?
La technique d’impression par sublimation est l’équivalent moderne du dye-transfer.
L’impression par sublimation
Si vous avez fait un bac scientifique comme moi, vous souvenez peut-être de vos cours de chimie et du terme de « sublimation ».
La sublimation est le passage de l’état solide à l’état gazeux sans passage par l’état liquide. Par exemple, la glace qui s’évapore sans passer par l’état d’eau liquide.
De ce fait, le principe de l’impression par sublimation est assez simple.
Une imprimante spécifique chauffe des cires de couleur à haute température, les faisant passer directement de l’état solide à l’état gazeux. Ensuite, ce gaz coloré est projeté sur un support, comme du papier photo, où il refroidit et redevient solide, formant ainsi l’image.
L’imprimante superpose trois couches de cire colorée (jaune, magenta et cyan) pour créer la teinte souhaitée.
Cela permet d’obtenir une grande variété de couleurs, jusqu’à 16,7 millions !
Comme pour le dye-transfer à l’époque, l’impression par sublimation offre des tirages durables et de très grande qualité.
Elle est uniquement utilisée par les professionnels du monde de la photo. Ce n’est donc pas une méthode accessible à nous, simples mortels. En voici une plus accessible.
L’impression jet d’encre pigmentaire
Une impression à jet d’encre, on voit tous à peu près ce que c’est. Une imprimante projette des gouttes d’encre liquide sur une feuille de papier.
Pour être plus précis, des sortes d’aiguilles de tatoueur, appelées les buses, fixées sur une tête d’impression mobile, vont pomper l’encre contenue dans des cartouches et les projeter.
Le nombre de cartouches varie selon les modèles d’imprimante. Sur la Canon pro-300 que j’utilise, 10 cartouches permettent de restituer les couleurs de manière assez bluffante.
Chaque cartouche contient une encre pigmentaire. Cette encre, composée de pigments organiques présente deux qualités.
D’une, elle résiste très bien au temps et aux agressions extérieures, que ce soit la lumière ou l’humidité. De deux, elle permet des tirages aux couleurs profondes et denses.
Le jet d’encre pigmentaire est aujourd’hui le meilleur procédé accessible pour l’impression de tirages de haute qualité.
Conclusion
Aujourd’hui, le dye-transfer occupe une place importante dans l’Histoire de la photographie, notamment celle de la photo couleur.
Le photographe William Eggleston (lire mon article) est considéré comme l’un de ses pionniers grâce à son utilisation.
Jusqu’à l’évènement de la photographie numérique, qui permet ce type de manipulation sans difficulté majeure, le dye-transfer était le seul procédé qui permettait aux photographes de contrôler les éléments individuels de chaque couleur (teinte, saturation, luminosité).
Bien que révolutionnaire en son temps, le transfert par colorant est aujourd’hui obsolète.
L’impression par sublimation est son équivalent moderne le plus proche, surtout utilisé par les professionnels. Les amateurs utilisent l’impression jet d’encre, plus accessible.