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Photographie narrative

Alec Soth raconte les rêveurs, les solitaires et autres décalés

En 2004, le photographe Alec Soth publie à 34 ans son premier livre intitulé Sleeping by the Mississippi. Comment un jeune homme rêveur et solitaire, qui peine à réaliser ses ambitions créatrices, entreprend une série de voyages le long du fleuve légendaire et devient l’un des plus grands photographes américains ?

Temps de lecture : 22 min

Introduction : Pourquoi photographie-t-on ce que l’on photographie ?

C’est une question infiniment complexe à laquelle je ne prétends pas répondre en quelques lignes. De toute façon, si la réponse était simple ou unique, le médium que constitue la photographie perdrait en intérêt.

Je suis parti de mes photos du voyage au Laos fin 2019. En réfléchissant à ma pratique et à mon ressenti, je suis arrivé à trois raisons qui me poussent à déclencher, de la plus commune à la plus personnelle.

L’incident

L’incident, c’est l’événement inattendu ou soudain qui arrive devant nos yeux et nous pousse à déclencher. C’est l’homme qui tombe sans gravité. C’est la femme habillée de manière extravagante. C’est l’enfant qui saute dans une flaque d’eau.

Au Laos, après une longue journée de marche, j’arrive dans un petit village isolé. Des habitants nous accueillent. Et subitement, un serpent surgit. En moins de deux, un gars lui tranche la tête. Juste le temps de m’agenouiller et de trouver un cadrage intéressant.

© Antoine Zabajewski – Laos – Novembre 2019

Le cliché

Le cliché c’est la scène qui communique une idée trop souvent répétée et maintenant devenue banale, voire usée. Nous le reconnaissons consciemment ou non. Il est relatif à une culture donnée et un groupe social spécifique.

C’est le feu sur la plage à la nuit tombante, le hamac devant un paysage digne d’être admiré, le van volkswagen aménagé. Ces scènes portent en elles un vague sentiment de liberté que les réseaux sociaux ont éculé jusqu’à la moelle.

Les clichés dépendent du niveau de connaissance culturelle. Chez les fins gourmets de la culture photo – je vous vois derrière l’écran – une bouteille de coca-cola sous une lumière chaude fait inévitablement penser à William Eggleston (allez lire mon article).

Du Laos, j’ai retenu cette image :

© Antoine Zabajewski – Laos – Novembre 2019

Je me demande. Ressemble-t-elle à une photo célèbre ? A-t-elle eu du succès sur les réseaux sociaux car elle s’apparente à une photo déjà vue ? Est-ce que je l’aime parce qu’elle imite le travail d’Alex Webb (allez lire mon article) ou de Nikos Economopoulos ?

© Nikos Economopoulos – Trinidad, Cuba – 2015

L’intimité

Une photo nous touche personnellement. Un peu comme lorsque l’on croise une personne intrigante dans un lieu bondé. Pourquoi cette personne attire notre attention ? Projetons-nous inconsciemment sur elle une partie de nous-même ? De ce qui nous manque ? De ce que nous fuyons ?

Sur un marché au Laos, j’ai été intrigué par une fillette allongée sur l’étal que tenait sa mère. Toute la scène suggère l’ambiguïté et contraste avec l’innocence de l’enfant. C’est l’une de mes photos préférées du voyage.

© Antoine Zabajewski – Laos – Novembre 2019

Comme Alec Soth, j’aime les portraits.

Il s’agit d’être honnête avec soi-même. Je devrais être davantage à l’écoute de cette attraction et de ma voix intérieure.

Je vais faire plus de portraits.

Alec Soth devient photographe

L’effet Charles

Minneapolis, État du Minnesota, juillet 2004.

Assis dans un bar de quartier, Alec Soth répond aux questions de la radio locale. Look d’ado, barbe de bûcheron et casquette élimée sur la tête, il ressemble à un bon gars du Midwest.

© Walker Art Center – Alec Soth en 2005

À l’intérieur, ça bouillonne. Depuis le printemps, il enchaîne voyages, interviews et séances photo. Vis ma vie de rock star en tournée depuis que son travail a été inclus dans l’événement artistique le plus en vue des États-Unis, la Whitney Biennial de New York.

Mieux que ça, le New York Times l’a nommé comme la grande découverte de l’exposition, parmi une centaine d’artistes d’art contemporain. Sa photo de Charles a même été utilisée par la presse pour illustrer l’événement, du magazine Time au Wall Street Journal, en passant par les revues d’art les plus prestigieuses.

© Alec Soth – Charles – Vasa, Minnesota

Jusqu’alors, sa célébrité ne dépassait pas sa ville de toujours, Minneapolis. Il avait presque fait une croix sur une carrière d’artiste, ou tout du moins, il ne prévoyait plus de gagner sa vie avec.

Des années de doutes à se consacrer à son art, des années de galères à vivre pour sa passion, des années de souffrance à contrôler sa vulnérabilité.

Et aujourd’hui, il sort son premier livre intitulé Sleeping by the Mississippi, chez la très réputée maison d’édition, Steidl. En haut de la vague, il profite. Le monde de l’art adore brûler ce qu’il a glorifié.

Il n’est plus seulement un photographe de Minneapolis, c’est évident. Mais là tout de suite, il est heureux de répondre aux questions de la radio locale :

Comment est né le projet Sleeping by the Mississippi ?

Oui, c’est vrai, comment est né ce projet, comment en est-il arrivé là ?

C’est une longue histoire, je vais vous la raconter.

L’article s’accompagne d’une playlist qui s’intitule « 10 songs that saved your life ». Elle est constituée de titres plutôt folk sélectionnés par Alec Soth lui-même.

À l’origine

Le petit Alec naît à la toute fin des années 1960 dans la banlieue de Minneapolis. Il passe la plupart de son enfance seul, à lire, ou à construire des cabanes dans les bois en compagnie d’amis imaginaires. Le monde est idéal lorsqu’il est inventé.

Ado, c’est le genre de type solitaire qui ne dit jamais un mot, mais prêt à dévoiler une vie intérieure riche à ceux qui prennent la peine de gratter la surface. Peu à peu, son désir de s’exprimer s’intensifie jusqu’à devenir difficile à contrôler.

Le déclic se produit en classe de seconde. Un prof d’arts plastiques repère un truc chez cet ado étrange et silencieux. Il s’agit d’un certain Bill Hardy qui l’initie à l’art. Hardy est peintre, Soth commence naturellement par la peinture.

Il s’ouvre également à la sculpture. Son truc c’est le land art, une forme d’art contemporain qui consiste à réaliser des œuvres avec des matériaux trouvés dans la nature : du bois, du sable, des pierres, des coquillages, des feuilles, etc.

La nature tient une place centrale. Non seulement ces œuvres éphémères la représentent mais les artistes travaillent également en pleine nature.

Soth est sensible à cet état d’esprit. Il crée ses premières réalisations et commence à les photographier avant qu’elles ne disparaissent. Voici une de ses créations :

© Alec Soth – vers 1991

Se balader dans la nature devient presque une fin en soi. Il en vient à préférer photographier les alentours que d’amasser des pierres. C’est dans cet esprit qu’il arrive à la photographie. 

Premières influences

Après le lycée, Soth quitte son Minneapolis natal pour entamer une licence en arts visuels au Sarah Lawrence College, à 30 km au nord de New York.

Ici, les notes ne comptent pas tant que ça. La pensée critique, l’intuition, la curiosité sont encouragées. Soth dessine, peint, sculpte, lit et photographie. Il est libre d’aller et venir, de mener sa vie personnelle comme il l’entend, d’essayer, d’échouer et de réessayer. Ça lui va bien.

Robert Adams

En 1989, Soth a vingt ans. Il commence à s’intéresser au travail des grands photographes. Cela passe par les livres, qu’il achète au Half Priced Books, une librairie qui, comme son nom l’indique, vend des livres à bon prix.

Un jour, il y découvre le travail du photographe Robert Adams, qu’il imagine être le fils d’Ansel. Les premiers livres qu’il parcourt ne le touchent pas, trop hermétiques et trop froids pour lui. Les choses changent lorsqu’il tombe sur Summer nights (1985), son oeuvre la plus accessible.

Cliquer sur une photo pour la voir en grand.

Ces nuits d’été sont une balade nocturne dans les rues de Longmont, une ville de banlieue du Colorado où Robert Adams vit.

D’apparence banale voire austère, les images ne révèlent leurs secrets que si l’on s’y attarde. Elles sont décevantes si l’on attend qu’elles disent clairement ce qu’elles signifient. Elles sont de toute façon insignifiantes sur un écran.

Contrairement à nous, Soth a le bouquin devant les yeux. Il prend le temps de comprendre le travail sur la lumière et d’apprécier ces images personnelles, complexes et interdépendantes.

Il se reconnait dans cette balade, à la fois romantique, calme et inquiétante comme la nuit. Il est attiré par cette démarche simple, de photographier seul près de chez soi avec un appareil accessible.

Adams a allumé la mèche, et tout s’est illuminé dans la tête de Soth. Il veut faire comme lui, avec son appareil se promener la nuit.

Aussitôt, il se met en tête de « refaire » les photos de Summer nights. De retour à Minneapolis pour l’été, il prend un cours de photo pour se rassurer, et c’est parti.

Aperture lui proposera en 2012 de créer une nouvelle œuvre en réponse à un livre qui l’a influencé. Il choisira Summer Nights, qu’il « remixera » cette fois-ci sous la forme d’une vidéo contemplative :

Joel Sternfeld

De retour au Sarah Lawrence College, son enthousiasme pour la photo pousse Soth à intégrer le cours de Joel Sternfeld. Le photographe commence par raconter son dernier projet American Prospects (1987), fruit d’un road trip de trois ans à travers les États-Unis.

Cliquer sur une photo pour la voir en plein écran.

Une diapo montre le van Volkswagen que Sternfeld a utilisé pour le voyage. Soth est subjugué : « C’est mon rêve, c’est ce que je veux faire ! »

Contre tout attente, il ne suit pas son intuition. Faut dire que Sternfeld n’encourage pas vraiment ses étudiants à travailler comme lui. Au début des années 1990, la mode est à la photographie de mise en scène.

La photographie de mise en scène

Gregory Crewdson n’a pas encore le budget de James Cameron mais sa première série Early Work (1986-1988) traite déjà de l’envers du rêve américain dans un style cinématographique.

Cindy Sherman ne vend pas encore ses oeuvres des millions mais elle fait déjà fureur, notamment avec cette série intitulée centerfold horizontals (1981).

Sans être tout à fait à l’aise, Soth se met à la mise en scène de studio. Il expérimente toutes sortes de choses, allant même jusqu’à faire porter un casque à sa propre mère (c’est un échec).

Le studio l’étouffe mais il travaille dur. Sternfeld dira de lui :

« J’ai rarement rencontré un étudiant qui a appris avec une telle intensité et une telle intégrité. Tous les samedis pendant quatre ans, Alec s’est rendu à New York visiter toutes les expositions dignes d’intérêt. C’était comme une opération militaire. »

Joel Sternfeld in praise of Alec Soth – ArtReview Magazine – 01/10/2004

À l’été 1992, Soth termine ses études, une licence d’arts en poche. Il retourne à Minneapolis, la tête pleine de rêves mais le sentiment de ne pas être à la hauteur de ses propres attentes.

Tout au long de ses études, il a essayé d’inventer un nouveau langage photographique, de révolutionner le médium. En vain. Il ne le saura que plus tard, la photographie ne fonctionne pas de cette façon.

Pour l’heure, il ne s’imagine pas un seul instant vivre en tant qu’artiste. Artiste, ce n’est pas un métier de toute façon. Soth est un gars du Midwest, ancré dans la réalité. Il convient d’abord de trouver un vrai travail. Les rêves ne paient pas les factures.

Alec Soth trouve sa propre voix

Perfect Strangers

Soth souhaite capitaliser sur les quelques skills acquises en photographie. Il avait déjà tenté l’expérience lorsqu’il était étudiant. Le temps d’un été, il avait assisté un photographe commercial spécialisé dans la photo de produit. Un type qui « prenait du plaisir à photographier des chaussettes en écoutant la radio chrétienne ». En un mot, l’enfer.

En 1993, Soth dégote un job dans un immense laboratoire Kodak, spécialisé dans le développement des pellicules grand public. « Ça ne peut pas être pire », se dit-il. Et bah si ! Il commence ses journées à 4 heures du mat’. Il n’est pas heureux mais l’objectif est ailleurs. Au moins, un job alimentaire laisse du temps pour les projets perso.

Pour les introvertis comme Soth, les êtres humains sont souvent source de fascination et de peur. C’est ce qu’il ressent lorsqu’il découvre le travail de Diane Arbus :

Attiré par ses portraits, il éprouve le besoin de photographier les gens. Au début, ce n’est pas facile. Quand on est phobique, c’est presque de la torture.

Déterminé, Soth se force. Armé d’une chambre 4×5 et d’un trépied, il se rend dans le parc près de chez lui. Des parents et des enfants qui jouent, difficile de trouver moins menaçant.

© Alec Soth

Ses mains tremblent de moins en moins lorsqu’il se saisit des films. Il progresse. Petit à petit, il approche toutes sortes de personnes.

© Alec Soth

Soth remarque qu’il est attiré par un certain type d’individu. C’est difficile à décrire, mais objectivement ce sont des gens qui ont l’air malheureux. Autant que lui à vrai dire.

© Alec Soth

Il intitulera cette série Perfect Strangers, davantage un exercice pratique qu’un projet solide.

At the bar

En 1996, Soth a 27 ans. Déjà trois ans chez Kodak à développer des photos de familles apparemment heureuses. Lui, il l’est de moins en moins.

Après le boulot, le bar devient une sorte d’échappatoire. Il se sent bien dans cette ambiance doucement alcoolisée, en compagnie d’inconnus. Il fait aussi d’une pierre deux coups, il boit et photographie en même temps.

© Alec Soth

Soth devient un pilier de bar. Un type solitaire et malheureux qui photographie d’autres types solitaires et malheureux.

© Alec Soth

Au boulot, Soth est en roue libre, il développe ses propres photos. La technique pour emporter les tirages chez lui, c’est de les scotcher le long des jambes, sous le jean, de quitter les lieux en évitant autant que possible d’avoir une démarche de robot.

Les tirages s’accumulent. Il convainc une petite galerie de la ville de les exposer. En réalité, c’est un magasin qui vend des cadres, et au sous-sol, la pièce fait office de galerie. Soth la transforme en bar. Pour l’immersion. Il intitule la série At the bar.

© Alec Soth

Ce sont des scènes que l’on imagine communes dans les bars de Minneapolis, comme ici un couple partageant le même verre.

© Alec Soth

Bien que les photos aient clairement une approche documentaire, un certain mystère s’en dégage, pas loin d’amener les images vers une sorte de fiction. Soth commence à raconter des histoires, son univers se met doucement en place. C’est fascinant, comme une nuit interminable au bar.

From here to there

Au bout de 3 ans de souffrance, Soth quitte Kodak. Il est un temps chauffeur de bus, puis photographe dans un journal local, le Lillie Suburban Newspapers.

Derniers petits boulots

Pour sa première mission, il est envoyé à la première du film Feeling Minnesota avec Keenu Reeves. C’est une véritable star fin 1996, deux ans après la sortie de Speed.

Première de Feeling Minnesota à Los Angeles le 10 septembre 1996

Soth est terrifié. Il commence par se positionner très loin de l’acteur, se cachant derrière des arbres, ce qui est complètement inutile compte tenu de l’événement, très formel. Reeves repère l’animal apeuré et lui demande de s’approcher. Malgré les tremblements, le portrait est réussi et permet à Soth de gagner une légitimité au sein du journal.

En dehors de cette vague de stress, le boulot n’est pas désagréable. Il photographie un peu tout, les matchs de l’équipe de basket de la ville, les conseils municipaux, les cérémonies d’inauguration, etc.

Un jour, il entend que le plus grand musée de la ville, le Minneapolis Institute of Arts, cherche un spécialiste du tirage en chambre noire. Il y bossera sept ans. Bien que répétitif, le job a des horaires de bureau, 9h-17h. Parfait pour entamer un projet perso plus conséquent.

Chambre grand format

Après sa série dans les bars, Soth craint d’avoir une approche trop documentaire. Non pas que ce soit un mal en soi, mais il sent que cela ne résonne pas en lui.

Il continue d’expérimenter.

D’abord, il remarque que la plupart des photographes qu’il aime utilisent un appareil grand format 8×10 : Sally Mann, Nicholas Nixon, Stephen Shore, Joel Sternfeld et Joel Meyerowitz (allez lire mon article).

Il économise et s’achète une chambre Phillips and Sons des années 1980. Elle garantit non seulement une qualité élevée, mais permet aussi une approche méditative de la photographie.

Courant de conscience

Par ailleurs, depuis des années Soth s’intéresse à la littérature, à la poésie en particulier. Il aime John Ashbery, un poète américain au style original, comme le montre cet extrait de Poème en trois parties, 1.Amour, qui débute de la façon la plus naturelle du monde :

« Un jour j’ai laissé un mec me sucer.

Mais j’ai un peu fait machine arrière.

Bien des années plus tard, j’y pense maintenant

Sans émotion. Pas eu envie de recommencer,

Pas de blocages non plus. Peut-être qu’en des circonstances favorables

Ça pourrait se reproduire, mais bon, je ne sais pas,

C’est juste que j’ai d’autres choses en tête,

Des choses plus importantes. Peu importe

Qui couche avec quoi. Ce qui importe, c’est les sentiments.

Je pense surtout aux sentiments, ils gonflent ma vie

Comme le vent, comme les nuages en cascade

Dans un ciel plein de nuages, nuage sur nuage. »

Poème issu du recueil Autoportrait dans un miroir convexe – John Ashbery – 1975

Ashbery dit de sa poésie qu’elle est chaotique, à l’image de la vie. Il passe d’une image à l’autre, sans lien apparent, comme si l’on suivait le fil de sa pensée.

On est proche du courant de conscience (stream of consciousness en VO), cette technique narrative qui tente « de dépeindre les innombrables pensées et sentiments qui traversent l’esprit. »

La poésie d’Ashbery renvoie à notre monde moderne, multitâche, rempli d’interruptions et de divertissements. Lorsque Soth découvre Ashbery, c’est le début d’Internet. Il a l’idée de surfer sur le web dans le monde réel grâce à la photographie.

C’est comme ça que le projet From here to there démarre, combiner le flux de conscience avec la photographie grand format, toujours en noir et blanc.

Mise en pratique

Voici un exemple d’associations logiques que Soth expérimente :

  1. Soth photographie par hasard un enfant, une poule dans les bras.
  2. Il associe mentalement la poule à l’oeuf et se met à la recherche d’un oeuf. Puis il tombe sur un jeune homme, un oeuf dans les mains et un tatouage de superman sur le bras.
  3. Il cherche un lien et photographie un costume de superman.

Les photos ne sont pas convaincantes. Le lien entre les images est trop évident, le résultat un peu trop superficiel, et le tout manque d’énergie.

De ce fait, Soth prend deux décisions :

  • Passer à la couleur pour insuffler plus d’énergie.
  • Voyager davantage pour rendre plus significatif les liens entre ses images.

Ces résolutions impliquent plus d’argent. En 1999, Soth remporte une bourse de la Fondation McKnight basée à Minneapolis. Il obtient également des congés auprès de son employeur et recommence From here to there, cette fois-ci en couleur.

Sleeping by the Mississippi : l’art du storytelling

Alec Soth a 30 ans. Il habite cette petite maison située dans un quartier résidentiel au nord-est de Minneapolis.

Maison d’Alec Soth au début des années 2000, au 3058 NE Stinson Blvd à Minneapolis

Relax chez lui, il est en train de lire Lindbergh, la biographie de Charles Lindbergh écrite par Andrew Scott Berg en 1998. Lindbergh est entré dans la légende en 1927 en devenant le premier pilote à relier New York à Paris, sans escale et en solitaire.

Soth a acheté le bouquin depuis que des recherches sur Internet l’ont conduit à Little Falls, la ville où Lindbergh a grandi. Soth a visité sa maison d’enfance et a photographié son modeste lit.

© Alec Soth – Charles Lindbergh’s boyhood bed – Little Falls, Minnesota

Enfant, Lindbergh et son père avaient envisagé de voyager en bateau le long du Mississippi. Soth pense aux quelques photos qu’il a prises du fleuve : « Et si c’était ça mon fil conducteur ? Et si je prenais des photos le long du Mississippi ? »

Au lieu de passer d’une photo à une autre, la connexion entre les images serait le fleuve lui-même. Voilà !

Le lieu : le Mississippi

Le Mississippi comme toile de fond est une idée géniale. Il véhicule tout un imaginaire américain.

1/ Le Mississippi, immensité et puissance

C’est l’un des plus grands fleuves du monde avec ses 3 800 kilomètres.

© Alec Soth – Baton Rouge, Louisiane

La plupart des Américains sont liés à ce fleuve qui communique avec 31 des 48 États centraux des Etats Unis. Ce territoire, en pointillés ci-dessous, est grand comme six fois la France.

© Urban/Wikipédia

2/ Le Mississippi, mythologie fanée du rêve américain

Le Mississippi porte en lui :

C’est la grandeur de l’Amérique passée. C’est une Amérique qui n’a jamais vraiment existé.

© Alec Soth – Baton Rouge, Louisiane

3/ Le Mississippi, symbole de l’aventure un peu naïve

Le Mississippi est très populaire dans la littérature américaine. Mark Twain, l’un de ses plus grands écrivains, a écrit Les aventures de Tom Sawyer en 1876. Vous vous souvenez :

« Tom Sawyer, c’est l’Amérique, le symbole de la liberté
Il est né sur les bords du fleuve Mississippi ? »

Générique du dessin animé Tom Sawyer – 1980

Soth est inspiré par Les Aventures de Huckleberry Finn, la fausse suite sortie huit ans plus tard. Le roman reprend certains des personnages et le ton léger des aventures de Tom Sawyer.

C’est l’histoire de Huck, un jeune garçon qui fuit la civilisation en compagnie d’un esclave échappé, Jim.

© Alec Soth – Jim – Wax Museum, Hannibal, Missouri

Le récit raconte leur errance sur un radeau descendant le Mississippi.

© Alec Soth – Helena, Arkansas

Mais le reste n’est pas pour les enfants. C’est une terrifiante plongée au plus sombre de la nature humaine, une violente remise en cause des normes sociales et de la religion.

De From here to there le projet devient Sleeping by the Mississippi. Soth conserve le processus, des associations fluides et libres, avec le fleuve comme fil conducteur.

L’histoire : Alec Soth rêve de liberté

Alec Soth, le protagoniste

À l’intérieur de cet univers d’images populaires américaines que porte le Mississippi, Soth construit son propre monde.

Il sera le personnage principal de son histoire. Ce sera ça Sleeping by the Mississippi, Alec Soth, solitaire et rêveur, évoquant sa quête de liberté, d’une vie plus libre, ou simplement différente.

« Alec Soth c’est l’Amérique, le symbole de la liberté
Il photographie sur les bords du fleuve Mississippi… »

texte : Antoine Zabajewski

Guidé par son instinct, il quitte Minneapolis par l’Ouest et s’engage vers le Sud, il se sent libre, le monde s’ouvre à lui, le champ des possibles semble infini.

Il roule d’un endroit à l’autre, passant d’une chose à une autre, avec une liste de mots-clés collée sur le volant. Il s’arrêtera dès que quelque chose attirera son attention.

© Alec Soth – Carte de visite – Vers 2002

La quête de liberté

Les rêves, comme le fleuve, nous transportent, promettant la liberté et l’inconnu.

Les rêveurs

Soth se projette dans certaines personnes qu’il croise, des rêveurs un peu comme lui, des artistes à la marge qui semblent vivre une vie rêvée.

Peter vit dans cette maison flottante depuis 25 ans. Il a une vie très créative. D’ailleurs, les vêtements suspendus ne sont pas vraiment du linge. C’est une sorte d’œuvre d’art pour lui.

© Alec Soth – Peter’s houseboat – Winona, Minnesota

Charles ne cesse de construire des choses, surtout des modèles réduits d’avions qu’il conserve dans une pièce appelée « son cockpit ».

© Alec Soth – Charles – Vasa, Minnesota
Les intérieurs des gens révèlent leurs rêves

Dans un roman ou un film de fiction, l’arc narratif permet de construire le récit. L’équivalent photographique correspondrait à des points dont on laisse au spectateur le soin de relier.

Exposer les intérieurs des gens permet à Soth de rapprocher ces points, comme ici avec la chambre du révérend et de Margaret, garnie de photos.

© Alec Soth – The Reverend and Margaret’s bedroom – Vicksburg, Mississippi

Un sorte d’autel à l’effigie d’une célébrité :

© Alec Soth – Celebrity Room – Brainered, Minnesota

Une carte postale d’une rivière dans l’Ouest américain :

© Alec Soth – Cape Girardeau, Missouri

Un dessin sur une vitre :

© Alec Soth – Memphis, Tennessee

Une peinture accrochée à un mur :

© Alec Soth – Nouvelle-Orléans, Louisiane
Les draps révèlent leurs rêves

Un travesti de la Nouvelle-Orléans pose habillé pour l’église. Dans une chambre d’un blanc immaculé, il s’imagine peut-être toutes les princesses qu’il ne sera jamais.

© Alec Soth – Crystal – Pâques – Nouvelle-Orléans, Louisiane
Les corps révèlent les rêves

Soth rencontre Lenny par curiosité, en tombant sur une annonce d’un magazine érotique. Souvent, il demande aux gens de noter leurs rêves sur un carnet (visible sur la photo). Lenny espère conserver ce même corps jusqu’à ses 100 ans.

© Alec Soth – Lenny – Minneapolis
L’art maison révèle les rêves

A-t-on dessiné sur un mur son désir d’un corps idéal ? (bon, sans tête et sans pieds). Mystère.

© Alec Soth – Dallas, Illinois
Les vêtements révèlent les rêves

Dans une église d’une réserve amérindienne, une jeune femme montre des signatures sur son sweat-shirt. S’agit-il de rêves religieux ? Ses bras en croix rappellent le cadre derrière elle.

© Alec Soth – Sheila – Leech Lake Indian Reservation – Minnesota
Les rêves brisés

Des images de Martin Luther King assassiné le 4 avril 1968 à Memphis sont photographiées à côté d’un rideau rouge sang.

© Alec Soth – Jimmie’s apartment – Memphis, Tennessee

L’absence de liberté : la prison

L’univers carcéral fascine Soth, comme tout le monde début 2000 avec la série OZ.

Le dimanche de Pâques, quelques animations sont prévues dans la plus grande prison haute sécurité des États-Unis. Soth repère Joshua parmi les prisonniers assis dans les gradins. Il se fait appeler preacher man (le prédicateur). Il a tué, comme l’indique la larme tatouée sous son oeil gauche.

© Alec Soth – Joshua – Prison d’Etat Angola, Louisiane

La scène suivante est parfaitement lisible malgré la petitesse des personnages. Des gardiens de prison blancs et armés accompagnent une vingtaine de prisonniers noirs.

© Alec Soth – The Farm, Angola State Prison – Louisiane

Plus Soth descend le Mississippi, plus ses photos s’éloignent de sa personnalité. Soth suit sa curiosité, ses passions et ses fantasmes.

La prostitution l’intrigue

À Davenport dans l’Iowa, Soth repère un immeuble qui ressemble clairement à un bordel. Il prend son courage à deux mains et entre. Une vieille dame est postée à la réception. Il lui dit qu’il est photographe et qu’il paiera pour prendre des photos. Elle lui rétorque : « Pas besoin de payer. C’est de la bonne publicité. »

Il y passe des heures et photographie différentes pièces dont celle-ci, composée d’un mur vert, d’un fauteuil jaune et d’une revue porno rouge.

© Alec Soth – Sugar’s – Davenport, Iowa

Soth y photographie plusieurs femmes, dont cette mère et sa fille, à la fois sévères et vulnérables. La mère n’écrit pas son rêve. « Je suis trop vieille pour rêver », dit-elle. Mais la fille indique qu’elle voudrait être infirmière.

© Alec Soth – Mère et fille – Davenport, Iowa

Sunshine a quitté la maison à l’âge de 14 ans peu de temps après la naissance de son fils, le laissant avec ses parents et déménageant à Memphis où elle a pris un nouveau nom.

© Alec Soth – Sunshine – Memphis, Tennessee

La passion de la musique

Soth aime la musique, ce qui le conduit à se rendre dans la maison d’enfance de Johnny Cash à Dyess, dans l’Arkansas :

© Alec Soth – Johnny Cash’s boyhood home – Dyess, Arkansas

Il croise aussi Frankie qui a dédié un musée à son frère Jerry Lee Lewis et son cousin Jimmy Swaggart.

© Alec Soth – Frankie – Ferriday, Louisiane

La scène suivante pourrait être légèrement décevante si l’on ne savait pas que le chanteur Jeff Buckley est mort à cet endroit, emporté par le courant en nageant dans la rivière :

© Alec Soth – Harbor Marina – Memphis, Tennessee

La religion démodée

Soth n’est pas très porté sur la religion, toujours un peu discréditée, voire moquée tout au long du récit.

Ici, un paysage très simple. Si l’on regarde attentivement, on voit une statue de Jésus sur une croix accrochée à un poteau électrique. Plus attentivement encore, on remarque que la jambe est cassée et s’est retournée.

© Alec Soth – Buena Vista, Iowa

Un portrait du Pape, une couverture religieuse dorée dans un lieu à l’abandon :

© Alec Soth – Immaculate Conception Church – Kaskaskia, Illinois

Une pièce aux airs d’autel un peu cheap :

© Alec Soth – Jessie’s Prayer Room – Memphis, Tennessee

Soth photographie Bonnie sur son canapé, visage sévère sous une coiffure en forme de ruche. Dans ses mains, elle tient une photo précieusement encadrée, d’un nuage en forme d’ange.

© Alec Soth – Bonnie – Port Gibson, Mississippi

Un révérend qui prêche sur un parking de supermarché :

© Alec Soth – Reverend Cecil and Felicia – Saint Louis, Missouri

À la sortie d’une fête de plusieurs jours, Adelyn apparait près d’une église le mercredi des Cendres, un jour de pénitence qui marque le début du Carême dans le christianisme :

© Alec Soth – Adelyn – Mercredi des Cendres – Nouvelle-Orléans, Louisiane

Un livre d’étude de la Bible est posé négligemment dans une cuisine, sous un couteau et une biscotte :

© Alec Soth – Bible study book – Vicksburg, Mississippi

Le dimanche des Rameaux, Patrick rentre à pied après l’église, arborant un costume trop grand et un sourire benêt :

© Alec Soth – Patrick – Dimanche des Rameaux – Baton Rouge, Louisiane

La maladie côtoyée

Depuis le milieu des années 1990, Soth héberge sa belle-mère Linda, atteinte d’un cancer. La personne la plus chaleureuse et la plus tolérante qu’il aie jamais rencontrée.

Soth est sensible au thème de la maladie comme sur la photo suivante :

© Alec Soth – Green Island, Iowa

Deux pêcheurs, dont un unijambiste, près d’une eau très sale, rappellent le travail de Joel Sternfeld.

© Alec Soth – Pêcheurs – Wickliffe, Kentucky
© Joel Sternfeld – American Prospects (1987)

La mort d’un proche

Au moment où Soth part pour son plus grand voyage le long du Mississippi, sa belle-mère arrive en phase terminale. Elle souhaite mourir dans un endroit chaud. Sa femme et lui l’amènent en Floride, et passent le dernier mois à ses côtés.

La mort est un thème très présent dans Sleeping by the Mississippi, comme le montrent les images suivantes :

© Alec Soth – Mémorial, Holt Cemetery – Nouvelle-Orléans, Louisiane
© Alec Soth – Shotgun Lounge – Greenville, Mississippi

Une station-service au premier plan révèle un cimetière au second. Des tombes rudimentaires qui doivent appartenir à des personnes modestes :

© Alec Soth – Cemetery, Fountain City, Wisconsin

Des enfants jouent au milieu de tombes :

© Alec Soth – Holt Cemetery – Nouvelle-Orléans, Louisiane

La structure narrative : la descente du Mississippi

Sleeping by the Mississippi est un voyage le long du Mississippi. Le récit, comme le fleuve, débute au Minnesota.

Le Nord

Soth vit à Minneapolis dans le Minnesota. Les États du Nord, le Minnesota, le Wisconsin et l’Iowa, représentent sa maison, d’où il vient.

L’ouvrage débute ainsi par des images qui dépeignent sa personnalité : solitaire, pessimiste, réservé, rêveur.

Les couleurs sont plutôt froides, le bleu y est dominant, comme ici :

© Alec Soth – Charles Lindbergh’s boyhood bed – Little Falls, Minnesota

L’histoire débute en hiver sous la neige :

© Alec Soth – Peter’s houseboat – Winona, Minnesota

Le Sud

Plus Soth descend le Mississippi, plus il rencontre l’inconnu. Le Sud représente l’aventure, l’exotisme et l’ouverture d’esprit.

Au fur et à mesure de la descente, les images semblent se détacher de sa personnalité pour illustrer ses désirs et ses fantasmes. Les couleurs deviennent plus chaudes :

© Alec Soth – Herman’s Bed, Kenner, Louisiane

Le printemps arrive, la végétation fait son apparition :

© Alec Soth – Venice, Louisiane

Le lit comme véhicule des rêves

Sleeping by The Mississippi se situe dans la tradition de deux livres qui ont façonné l’histoire de la photographie : American Photographs de Walker Evans et The Americans de Robert Frank.

Les trois livres sont structurés autour de certains objets physiques, des motifs récurrents qui assurent un fil conducteur à la séquence.

Soth utilise les lits de la même manière qu’Evans a utilisé des voitures et des artefacts de la culture populaire américaine et Frank les automobiles et les drapeaux américains.

Conclusion

Retour à Minneapolis, État du Minnesota, juillet 2004.

Toujours assis dans un bar de quartier, perdu dans ses pensées, Alec Soth pense aux images de Sleeping by the Mississippi, leur séquence et la structure du livre.

Cette infographie en est une bonne synthèse. (Cliquer pour la voir en plein écran).

Structure de Sleeping by the Mississippi

Il continue de répondre aux questions de la radio locale.

« Comment se sent-on lorsque l’on réalise le rêve de sa vie bien plus tôt que prévu ? »

Il n’avait pas prévu de gagner sa vie en tant que photographe, c’est vrai. Un léger sentiment de lassitude le gagne. Comme une star de rock en fin de tournée, il a l’impression de jouer toujours le même disque depuis plusieurs mois.

C’est difficile de jouer son album lorsque l’on a de nouvelles chansons. Il se nourrit de l’excitation des personnes qui découvrent ses photographies. Lui, il est ailleurs, sur son prochain projet. Le titre provisoire est Love in Niagara (qui deviendra Niagara).

Mais c’est une autre histoire…

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. Si l’article vous a plu, laissez-moi un petit mot, cela fait toujours plaisir. 

© Alec Soth

Livre conseillé

Sleeping by the Mississippi – Editions Mack – 28 x 29,5 cm – 120 pages – 46 photos (+2 inédites) :

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65 réponses sur « Alec Soth raconte les rêveurs, les solitaires et autres décalés »

Merci pour cette analyse fort bien documentée sur un photographe dont je ne connaissais que vaguement le nom.

La lecture m’a aussi permis de voir la video sur Gregory Crewdson dont j’ai eu beaucoup de plaisir à voir le travail en grand format aux rencontres d’Arles l’été dernier.

Si le sujet de fond est toujours la désillusion face au rêve américain, l’approche de Crewdson nécessite une débauche de moyens tandis que celle d’Alec Soth – plus naturaliste – montre qu’il est possible de donner de l’émotion par des chemins radicalement différents.

Bravo, continuez à nous régaler.

Un grand merci pour tes encouragements ! Ravi que l’article t’ait permis de découvrir davantage Alec Soth et son processus créatif.

Ah, la fin du rêve désillusion américain, une grande tradition dans la photographie américain.

Au plaisir Jean-Claude.

Merci Antoine pour cette nouvelle découverte.

Décidément, tu fais plus pour ma culture photographique que toutes mes autres activités sur le sujet. J’aime beaucoup ton style épuré, qui va à l’essentiel, au sens de l’essence des choses.

On ressent vraiment le photographe, son histoire, et ce qui motive profondément sa démarche artistique. Le choix des photos qui illustrent l’article est également très judicieux.

Bref, merci, vraiment merci pour ce beau partage.

Merci Pascal pour tes mots chaleureux. C’est un plaisir de partager ma passion, ça l’est davantage lorsque je peux contribuer à faire connaître les photographes qui me sont chers.

À bientôt pour de nouvelles découvertes.

Merci pour cet article qui rend compte du long processus de recherche personnelle du photographe, alors qu’il ne s’agit que d’appuyer sur un bouton.

L’amateur (passionné) que je suis s’y est retrouvé.

Ta manière de partager ton regard sur les artistes dont tu parles est toujours aussi fluide et pertinente. Merci pour ton blog.

J’avais vu vaguement son nom et sa photo dans un livre sur l’histoire de la photographie. Ton article a stimulé ma curiosité ! Je ne suis pas près d’oublier son nom. Son travail est si riche d’humanité. Merci beaucoup pour cette fine présentation et le partage de ta passion.

Tout d’abord, merci pour vos articles (lu celui sur Soth et Halpern).

Ils comprennent de nombreuses anecdotes contextuelles sur la préparation, qui sont très révélatrices d’une approche documentaire. Malheureusement, ces éléments sont souvent négligés par les critiques. J’ai d’autant plus apprécié cette lecture enrichissante.

J’ai une question technique concernant les portraits en intérieur de Soth. Par exemple, Mère et fille – Davenport, Iowa.

Pensez-vous qu’il utilise parfois des éclairages additionnels?

Par avance merci.

J’ai cherché dans mes notes, et à aucun moment Alec Soth ne mentionne l’utilisation d’éclairages additionnels.

Ni sur son blog ou dans sa masterclass.

J’aurais tendance à dire non, sans en être totalement certain.

Merci Benjamin.

Merci Stan. Je valide les deux sources que tu as ajoutées: le blog et la masterclass d’Alec Soth que j’ai largement fouillés pour écrire cet article.

À quand la suite ? Hum, il y a beaucoup d’aspects que j’aimerais aborder. Parler de son livre suivant, Niagara, presque aussi incroyable que Sleeping By The Mississippi.

Mais je crois que si j’écrivais à nouveau sur Alec Soth, je parlerais de ce qu’il a mis en place pour lutter contre une certaine forme d’embourgeoisement qu’induit la célébrité. Se renouveler tout en suivant inlassablement ses obsessions:

– S’isoler plusieurs mois et suivre des gens qui aspirent à s’échapper de leur vie et de la civilisation elle-même (son livre Broken Manual).

– Traverser les États-Unis à la recherche de gens qui socialisent lors d’événements de type bals ou festivals (son livre Songbook).

Petite coïncidence : Alec Soth a sorti sa première vidéo Youtube pendant que j’écrivais l’article qui lui était consacré.

Sa chaîne est devenue une ressource précieuse. Alec Soth comme professeur, que rêvait de mieux ? 🙂

Merci Joelle !

Merci pour ce chouette article, Antoine.

J’essaie d’acheter le livre d’Alec Soth en cliquant sur l’image, mais ça ne fonctionne pas…

Pouvez-vous me donner un autre lien pour éviter Amazon ?

Merci Olivier.

Je viens de vérifier, le livre est disponible à la fnac si vous le souhaitez.

Je viens de passer un très agréable moment à la lecture de ton article.

Merci beaucoup. J’ai hâte de lire les autres.

Super article ! Je connaissais déjà Alec Soth (un de mes photographes préférés) mais du coup là j’ai encore plus envie de m’acheter ce livre.

Merci.

Il y a aussi le formidable documentaire Somewhere to Disappear réalisé par Laure Flammarion et Arnaud Uyttenhove.

Inquiétant et courageux, Alec Soth circule avec la grande chambre parmi des gens qui ont décidé de se retirer de la société.

Tentant.

Merci pour toutes ces informations très précieuses qui donnent de l’épaisseur à mes connaissances autour de cette passion qu’est la photographie.

Votre blog est une mine d’or !

Cela m’a quelque peu rappelé mes cours en histoire de la photo, à l’université.

Intéressant comme contenu.

Toujours passionnant de lire ces histoires documentaires.

On rentre vraiment dans le processus créatif de l’artiste (que je ne connaissais pas).

Merci.

Merci Antoine de nous aider à comprendre le travail d’Alec Soth.

Il nous entraîne dans l’Amérique sensible, dans la fragilité, dans l’errance, dans le doute, à l’opposé de l’Amérique des certitudes, des winners de Wall Street et de la Silicon Valley.

Salut !

Merci pour cette article si riche sur un photographe que je ne connaissais pas encore. Son chemin artistique est à la fois touchant et inspirant.

Encore un plaisir de te lire !

Salut Elise,

Je suis super content de te l’avoir fait découvrir alors !

Et merci de ton commentaire, c’est cool 🙂

Merci pour cette présentation d’Alec Soth.

C’est comme si l’on nous présentait un ami. Ses essais, ses erreurs, son évolution, nous montrent que tout est possible si on y travaille.

L’importance d’écouter sa voix intérieure et de la suivre.

Hâte de lire les prochains articles !

Un plaisir à chaque fois.

Une fois de plus, ton article m’a passionné.

Après ce ne fut pas une grande surprise pour moi puisque qu’aucun de ceux que j’ai lu n’a échappé à cette règle.

Un grand merci de nous régaler régulièrement et au passage un grand merci aussi à Thomas Hammoudi que je suis depuis de longues années – début et époque de son blog écrit uniquement – de m’avoir fait découvrir ce que tu fais.

Ravi que cet article t’ait à nouveau plu !

J’aime aussi beaucoup le travail de Thomas.

Et c’est aussi le premier à avoir parlé de mon blog. Alors double big up !

Voyage triste et tendre à la fois, merci de nous amener avec toi.

Par contre, j’ai le générique de Tom Sawyer en tête pour la soirée.

Tom Sawyer dans la tête, c’est un des dommages collatéraux (j’ai eu le même aha).

Superbe découverte d’un photographe « humaniste » contemporain.

Article passionnant sur l’importance de suivre l’émergence d’un sujet photographique dans notre vie quotidienne et explique comment aller jusqu’au bout.

Merci aussi d’y avoir inclus la musique qui a pu accompagner Alex Soth durant son voyage.

Personnellement, j’entends aussi Will Oldham et quelques autres, à travers ses images du Mississippi.

Merci beaucoup.

Que cet article est cool!

Tu arrives bien à faire passer le cheminement qui a pu mener Soth à trouver son fil conducteur. C’est un plaisir à lire.

Cela démontre que ce genre de série, qui semble tout d’abord très traditionnel et structuré, peut parvenir à quelque chose de nouveau et moderne en proposant une vision claire et personnelle de nos objectifs ou en se laissant porter par le vent.

Tout à fait. Et c’est vrai que je suis fasciné par les débuts des photographes, la façon dont ils se construisent, comment tout se met en place petit à petit…

Merci Joffrey !

Que dire que je n’ai déjà dit pour tes autres articles? C’est toujours aussi passionnant, fouillé et documenté. Ça se dévore plus que ça ne se lit.

Tu dis qu’en t’abonnant au Spotify d’Alex Soth, tu as l’impression d’être devenu son ami. Moi, c’est en lisant cet article. J’ai eu le sentiment très fort d’être dans sa tête en l’accompagnant dans son voyage au long cours.

Je suis ultra fan. Un grand merci.

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